Résultats financiers : RIM en perte de vitesse

Anthony Nelzin-Santos |

RIM, le fabricant des BlackBerry, a annoncé ses résultats financiers pour son troisième trimestre : ils dépassent les estimations des analystes, mais montrent des faiblesses structurelles dans l'activité de la société canadienne.

« BlackBerry continue de décoller dans le monde entier », se gargarise le co-PDG de RIM Jim Balsillie : il s'est en effet vendu 14,2 millions de BlackBerry entre fin août et fin novembre, juste assez pour dépasser les 14,1 millions d'iPhone 4 vendus au quatrième trimestre fiscal d'Apple (avec donc un gros mois de décalage en faveur de RIM, fêtes obligent).

Cette croissance de 40 % d'une année sur l'autre est certes encourageante, mais la structure de la clientèle l'est moins : avec seulement 5,1 millions nouveaux comptes BIS activés, RIM vend avant tout en prépayé. Une partie de sa croissance se fait sur des modèles bas de gamme (Curve 8500 et Curve 3G), voire sur des smartphones gratuits (programme « Achetez-en un, repartez avec deux » chez Verizon). Le bénéfice net de RIM n'est donc en progression « que » de 14,4 %, juste en dessous du milliard de dollars. Coïncidence ou pas, RIM a indiqué qu'il ne communiquerait plus sur le nombre de nouveaux utilisateurs.

Malgré une campagne publicitaire intensive, le lancement du Torch n'a semble-t-il eu qu'un effet modéré aux États-Unis : alors que le chiffre d'affaires de RIM a augmenté de 89 % d'une année sur l'autre, il ne prenait dans le même temps que 13 % aux États-Unis. Cela se voit notamment chez l'opérateur Verizon : de principal supporter de RIM en 2009, il est devenu un infatigable promoteur d'Android, le grand gagnant de l'année aux États-Unis. 92 % de la croissance financière de RIM provient donc du reste du monde, où les BlackBerry sont donc souvent vendus avec des réductions, et souvent en prépayé ou avec des forfaits ne comprenant pas d'intégration avec les services BIS (push mail, push notifications, etc.).

RIM a donc du mal à sortir de sa clientèle habituelle, et même s'ils sont globalement bons, ces chiffres peinent à masquer les problèmes qui pèsent sur la société canadienne. L'annonce de la tablette PlayBook a permis à l'action RIMM de prendre 38 % depuis le mois d'août, mais celle-ci est en baisse de 12 % depuis le début de l'année. Alors que BlackBerry OS vieillit mal malgré une nouvelle version, 2011 devrait être crucial : la seule échappatoire de la société canadienne semble être QNX, son nouveau système d'exploitation, qui n'arrivera pas sur les BlackBerry avant la disponibilité de puces double-cœur préservant l'autonomie de la batterie.

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