iVote : une app sans version Android pour des votes au Parlement européen

Florian Innocente |

Le Parlement européen a conçu une app permettant le vote à distance alors que la crise de la Covid-19 se poursuit. Problème, iVote, ne fonctionne que sur des appareils iOS et oblige à utiliser iCloud.

En pleine période de confinement, les membres du Parlement européen ont été amenés à voter pour des textes en utilisant un système de formulaires PDF à remplir, à signer, à numériser et à retourner par mail au secrétariat du Parlement.

Cette procédure, utilisée lors des votes en séances plénières, a été transposée sous la forme d'une application baptisée iVote. Elle a commencé à être employée pour des votes réalisés au sein des commissions : « cette solution temporaire permet le traitement de votes complexes impliquant de nombreux amendements et amendements de compromis… et des votes secrets » a indiqué un porte-parole du Parlement européen.

Problème, iVote ne fonctionne que sur les plateformes iOS et iPadOS. Les développeurs de la Direction générale des politiques internes de l'Union justifient cette exclusivité par les « circonstances actuelles » et le fait qu'ils n'ont « simplement pas eu le temps de la porter sur d'autres plateformes ».

Après avoir lancé l'app, on récupère un fichier XML contenant les résolutions, puis on vote et il faut enfin générer un PDF récapitulatif, le signer et le renvoyer par mail

Pour des raisons techniques qui ne sont guère détaillées, le système de vote par e-mail de sessions plénières ne peut être transposé à l'identique pour les votes en comité. Cette app permet donc d'en calquer le principe : on vote sur son iPhone ou iPad et on génère un PDF récapitulatif qui devra être signé et retourné par mail.

Outre que l'app soit strictement réservée à iOS, iVote est critiquée sur le fait qu'elle impose de valider un compte iCloud pour la transmission de ses votes. Une dépendance totale vis-à-vis d'Apple qui hérisse des membres du Parlement, alors que Bruxelles a lancé de nouvelles enquêtes sur Apple (l'App Store, Apple Pay…) et que la crise sanitaire à réouvert le débat sur la souveraineté numérique.

Marcel Kolaja, membre du Parti Pirate tchèque, voit dans cette solution tout-Apple une « mauvaise plaisanterie » et relève qu'en cas de refus de l'acceptation des conditions générales d'iCloud, on ne peut utiliser l'app et on ne peut donc voter. Certains de ses collègues de partis de gauche et écologiques rappellent le contentieux entre Apple et Bruxelles sur les questions fiscales et veulent une solution multiplateforme.

Vers la rentrée d'automne, cette app pourrait être toutefois remplacée par une adaptation plus conviviale du système de vote par courrier électronique, déjà en vigueur.

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