Google utilise iOS pour se défendre contre la Commission européenne

Mickaël Bazoge |

La Commission européenne a une dent contre Google — et même trois ! Il y a l’affaire de l’affichage des liens vers les services de shopping du moteur de recherche, que ce dernier privilégierait au détriment de la concurrence. Il y a également cette accusation de position dominante dans la publicité en ligne qui empêcherait les éditeurs web de placer sur leurs sites des réclames concurrençant les propres services publicitaires de Google.

Et puis la Commission enquête aussi sur les pratiques de l’entreprise qui imposeraient aux constructeurs tiers l’installation des services de Google dans leurs produits, au grand dam de services concurrents (lire : Antitrust : la Commission européenne enquête sur Android). Autant dire que le service Legal de Google a du pain sur la planche, et c’est dans le cadre de ce dernier dossier que Kent Walker, vice-président en charge du juridique, a publié un billet sur le blog officiel de Google.

Il reprend les principaux arguments du groupe : Android, un système d’exploitation « libre et open-source » stimule la concurrence. Aujourd’hui, poursuit-il, il y a « plus de 24 000 appareils provenant de 1 300 marques » qui fonctionnent sous Android. La plateforme est une « autoroute à plusieurs voies », « pas une rue à sens unique ».

Concernant la communication des griefs de la Commission, Google avance deux arguments en sa faveur. D’une part, et cela nous intéresse tout particulièrement, Bruxelles n’aurait pas pris en compte la concurrence représentée par iOS. « Ignorer la concurrence avec Apple, c’est ne pas voir la caractéristique déterminante du paysage concurrentiel du smartphone ».

D’autre part, Google veut assurer un minimum de cohérence sur la plateforme Android afin d’éviter une trop grande fragmentation ; et pour ce faire, le moteur de recherche travaille avec tous les constructeurs pour établir une compatibilité minimale entre tous les appareils Android.

Google ne veut pas déséquilibrer la balance Android

Enfin, la présence des applications Google dans les smartphones Android des partenaires permet à l’utilisateur de retrouver les services auxquels il est habitué. C’est la même chose sur iOS, assure Google : la totalité des 39 apps préinstallées sur l’iPhone proviennent d’Apple. Ou sur Windows 10 Mobile : là aussi, 39 des 47 apps préinstallées sont signées Microsoft. Alors que sur un Galaxy S7, 11 des 38 applications présentes de base sont des apps Google.

Google ne le précise pas, mais Apple ne distribue pas son système d’exploitation… et Windows 10 Mobile n’intéresse personne. L’accusation de FairSearch (qui regroupe Microsoft, Nokia, Oracle et d’autres) et reprise à son compte par la Commission européenne est que Google utilise Android comme « cheval de Troie pour tromper ses partenaires, monopoliser le marché du mobile et contrôler les données des utilisateurs ».

Aux yeux de Kent Walker, l’approche de l’exécutif européen est de nature à déséquilibrer la balance entre tous les acteurs de la plateforme, donc les utilisateurs et les développeurs. Elle favoriserait également des plateformes fermées : « Cela signifie moins d’innovation, moins de choix, moins de concurrence, des prix plus élevés ». Tout cela convaincra-t-il la Commission européenne ?

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