Samsung a promis du verre, mais le Galaxy Z Flip est recouvert de plastique

Nicolas Furno |

Samsung a surpris tout le monde en annonçant que son nouveau smartphone pliant, le Galaxy Z Flip sorti la semaine dernière, était recouvert de verre. Son prédécesseur le Galaxy Fold, comme son concurrent le Razr de Motorola, exploite un écran en plastique qui était moins agréable sous le doigt et surtout beaucoup moins résistant aux rayures. Mais le plastique se plie facilement, contrairement au verre, ce qui expliquait ce choix.

Capture d’écran du site de Samsung.

Maintenant que le smartphone est sorti, les premiers tests indépendants sont menés et ils ne sont pas bons. Le youtubeur JerryRigEverything a appliqué la même série de tortures qu’il utilise pour tous les nouveaux smartphones pour déterminer leur résistance et il a aisément prouvé que le Galaxy Z Flip n’est pas protégé par du verre, du moins pas en surface. Il a utilisé une série de pics plus ou moins durs pour tester la résistance de l’écran et des marques sont apparues dès le niveau 2, le plus faible. Dès le niveau trois, ce ne sont plus des marques, mais de vraies rayures profondes qui font leur apparition.

Des rayures profondes apparaissent au niveau trois du test, ce qui correspond à la résistance du plastique. Sur la marque correspondant au niveau cinq, le youtubeur a réussi à marquer la surface avec ses ongles.

S’il s’agissait de verre, les rayures ne devraient pas apparaître avant le niveau cinq ou six au minimum. La vidéo le confirme d’ailleurs par la suite en appliquant le même test à l’écran externe de 1 pouce qui affiche les notifications. Les rayures ne sont pas visibles avant le niveau six, c’est donc bien du verre.

L’écran extérieur du Galaxy Z Flip est bien recouvert d’un verre, résistant aux rayures.

D’autres indices permettent d’affirmer que c’est du plastique. En chauffant l’écran avec un briquet, on voit que la surface se rétracte sous l’effet de la chaleur et reprend sa forme normale en refroidissant, ce qui n’est pas le comportement du verre. En appliquant une pression sur un point seulement, le youtubeur a réussi à percer la dalle à un endroit seulement, ce que le verre n’aurait pas permis. Et en essayant de casser le smartphone en deux, c’est le verre au dos du Galaxy Z Flip qui a cassé en premier, pas l’écran.

En chauffant l’écran, le plastique sur la dalle se rétracte sous l’effet de la chaleur, comme en témoigne la lumière qui se reflète sur le smartphone.
En appliquant une pointe sur l’écran, on peut le percer. Les pixels correspondant à cette ligne sont alors immédiatement détruits et ceux autour du trou le sont rapidement par la suite, puisque la dalle OLED est alors à l’air libre.

Bref, malgré ce que Samsung a annoncé pendant sa conférence de présentation et malgré les affirmations encore présentes sur son site internet, l’écran du Galaxy Z Flip n’est pas recouvert de verre. Alors quoi, le constructeur coréen a-t-il vraiment menti ? Peut-être pas, et l’explication se trouve dans une réponse donnée au site The Verge : il y a bien du verre « ultra-fin » et donc capable de plier, mais il est recouvert d’une couche protectrice identique à celle du Galaxy Fold.

En clair, Samsung a bien utilisé du verre, mais la couche supérieure, celle que l’utilisateur manipule et celle que le youtubeur a rayée et percée, est en plastique. Pourquoi ? Peut-être parce que le verre est si fin qu’il a absolument besoin d’être protégé, ce qui pourrait expliquer comment le Galaxy Z Flip a pu être percé aussi simplement avec une pointe. Autre hypothèse moins flatteuse pour la firme, l’utilisation de particules de verre pour renforcer le plastique. Mais dans tous les cas, le téléphone ne propose pas du tout les avantages du verre, ni même son confort d’ailleurs, et le message marketing est pour le moins trompeur.

De multiples consignes de sécurité s’affichent toujours quand on allume le Galaxy Z Flip pour la première fois, preuve que le smartphone pliant est toujours un objet fragile. Un programme de remplacement permettra d’ailleurs de changer l’écran une fois pour 119 $ aux États-Unis au moins. Le constructeur propose aussi d’installer gratuitement un film de protection, pour renforcer la solidité de l’ensemble.

Pourtant, le Galaxy Z Flip a considérablement amélioré sa résistance par rapport au Galaxy Fold sur quelques points. Dans le même test publié par la chaîne JerryRigEverything, le smartphone résiste correctement face aux tentatives du youtubeur de le casser en deux, bien mieux en tout cas que les deux autres appareils pliants commercialisés. Et il semble que Samsung a réussi à renforcer sa charnière pour éviter l’entrée de corps étrangers : une poignée de graviers et poussière ne vient pas entamer son bon fonctionnement.

Même si Samsung a profité de son expérience préalable pour améliorer son deuxième smartphone pliant, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour obtenir des écrans qui peuvent se plier sans perdre en fiabilité. Certains ont eu la mauvaise surprise de recevoir un Galaxy Z Flip avec un écran cassé en deux en sortie de boite, et il y aura certainement de la casse dans les prochains mois.

Le témoignage d’Input, qui a vu son Motorola Razr largement abimé sans raison1 après une semaine d’utilisation, prouve bien qu’il y a encore du travail à faire…


  1. Le journaliste émet l’hypothèse que le froid pourrait être responsable, puisque l’incident a eu lieu après une série de photos en extérieur, dans le froid hivernal de New York.  ↩

Accédez aux commentaires de l'article