Secret non grata au Brésil

Mickaël Bazoge |

L'app Secret [8 – US – Gratuit – iOS 7 - Secret, Inc.] représenterait un danger pour la liberté d'expression. Le juge brésilien Paulo Cesar de Carvalho de la cinquième cour civile de Victoria, a ordonné la suppression du logiciel à distance : si Apple, Google et Microsoft (pour Windows Phone, cela concerne le clone Cryptic) ne s'exécutent pas dans les dix jours, les entreprises risquent une amende d'environ 6 600 euros par jour. On ignore encore si l'injonction concerne uniquement les terminaux vendus sur le territoire brésilien ou tous les smartphones, y compris ceux qui ne font que transiter par le pays (l'iPhone d'un touriste, par exemple).

Cette décision pour le moins étonnante est le résultat d'une procédure menée par le procureur général Marcelo Zenkner, qui estime que Secret enfreint la constitution du pays, selon laquelle il ne saurait y avoir de liberté d'expression anonyme. L'article 5 de la loi fondamentale du pays est sujet à interprétation, mais le juge s'est donc rangé du côté du procureur, dont l'action a découlé du cas d'un consultant marketing ayant trouvé sur Secret des photos de lui avec une légende selon laquelle il avait contracté le VIH.

Apple n'aurait aucune difficulté pour supprimer à distance une application. Le constructeur a mis en place un mécanisme de liste noire qui permet de retirer à une app son certificat; le terminal iOS s'enquiert de temps à autre des certificats présents sur cette liste. Jusqu'à présent, il semble qu'Apple n'ait jamais eu recours à cette possibilité. Si l'appel interjeté par les avocats des entreprises concernés ne devait pas aboutir, Apple pourrait avoir à s'en servir.

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