Le drapeau confédéré ne flottera plus dans l’App Store

Anthony Nelzin-Santos |

Apple a supprimé plusieurs applications « utilisant le drapeau confédéré d’une manière choquante ou sectaire », en référence à la règle 19.1 de validation de l’App Store. Réagissant à l’actualité américaine, la firme de Cupertino a ainsi retiré Civil War: Gettysburg ou Ultimate General: Gettysburg, mais assure vouloir préserver les usages éducatifs et historiques.

Civil War: 1863, l’un des jeux retirés de l’App Store. Au fond à gauche, le Dixie flag, utilisé par l’armée du général Lee pendant la Guerre de Sécession.

La « tuerie de Charleston » — le meurtre raciste de neuf personnes afro-américaines dans une église symbolique du mouvement des Droits civiques — a ravivé le débat sur l’utilisation du drapeau confédéré dans le Sud américain. Si le Dixie flag n’a jamais été le drapeau des États confédérés, il fut adopté par le général Lee pendant la Guerre de Sécession, et reste donc associé — contrairement à ce que l’on a pu parfois lire en s’étouffant — à la défense de l’esclavage contre l’émancipation des Afro-américains.

Il est remis au goût du jour à la fin des années 1940 comme symbole raciste et ultra-conservateur par le Ku Klux Klan, les suprémacistes blancs et les populistes conservateurs. Utilisé plus largement comme un élément fédérateur d’une certaine idée du Sud, il fait partie du drapeau de certains États comme le Mississippi, et flottait il y a encore quelques jours sur le parlement de la Caroline du Sud. Jusqu’à ce que Dylann Roof s’en drape pour justifier ses théories et tuer neuf personnes.

Le débat national sur ce drapeau, qui a complètement occulté les débats sur l’interprétation du deuxième amendement et sur la recrudescence alarmante des crimes raciaux aux États-Unis, a poussé de nombreuses sociétés à s’en distancier. Amazon et eBay ont retiré de leurs rayonnages virtuels tout objet portant les couleurs du Dixie flag, avant donc qu’Apple ne prenne la décision d’alléger sa présence dans l’App Store.

Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions, et la ligne jaune facile à franchir : Apple s’érige de facto en censeur, une position d’autant plus difficile à tenir que le sujet est extrêmement délicat. Que ferait-elle d’une application ludo-éducative éditée par une émanation ultra-conservatrice ? En quoi un jeu à la Civilization fait-il un usage « sectaire » du drapeau confédéré ? La publication d’un manifeste comme celui de Dylann Roof remettrait-il en cause la validation beaucoup plus laxe de l’iBooks Store ?

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