Interopérabilité des apps de traçage : bonnet d'âne pour la France et StopCovid

Mickaël Bazoge |

La souveraineté numérique a été un des arguments avancés par Cédric O et le gouvernement pour justifier de l'approche franco-française de StopCovid. Cette vision flatte peut-être l'égo national, mais c'est un vrai problème pour le reste de l'Europe qui a décidé de faire sans l'Hexagone. La France est en effet un des quelques pays européens à avoir choisi un modèle centralisé, contrairement à l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, la Pologne et d'autres qui ont préféré l'API d'Apple et de Google1 et une approche décentralisée. Celle-ci autorise un certain niveau d'interopérabilité des applications entre elles, et c'est ce que la Commission européenne entend faciliter.

Bruxelles et les États membres se sont en effet mis d'accord sur un ensemble de spécifications techniques pour garantir la sécurité des échanges d'informations entre les apps de traçage nationales qui utilisent une architecture décentralisée. Concrètement, la Commission va mettre en place dans les trois semaines un « service passerelle » qui recevra et transmettra les données partagées par les apps et les serveurs nationaux de suivi des contacts.

Un test pilote débutera entre l'Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne et l'Irlande. En Europe, la France fait quasiment cavalier seul2, ce qui l'exclut automatiquement de cette initiative visant à faciliter la vie des Européens en goguette sur le continent. Magnanime, la Commission précise que les travaux se poursuivent pour étendre l'interopérabilité aux apps de traçage centralisées. Thierry Breton, le commissaire en charge du marché intérieur, explique :

Alors que nous approchons de la saison touristique, il importe de faire en sorte que les Européens puissent utiliser l'application de leur propre pays où qu'ils se rendent dans l'UE. Les applications de traçage des contacts peuvent être utiles pour limiter la propagation du coronavirus, en particulier dans le cadre des stratégies nationales de levée des mesures de confinement.

L'absence de la France est d'autant plus dommageable que c'est la première destination touristique au monde. Cédric O, le secrétaire d'État au Numérique, avait proposé une solution assez peu satisfaisante à ce problème : télécharger les applications de traçage des autres pays…


  1. La Commission européenne dénombre 17 pays qui vont s'appuyer sur l'API Exposure Notification.  ↩

  2. Le Royaume-Uni a choisi un modèle centralisé, mais il pourrait tourner casaque et choisir finalement l'API commune. Rappelons aussi que le pays ne fait plus partie de l'Union européenne.  ↩

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