Aperçu de Threads, le nouveau réseau social de Meta qui veut boxer Twitter

Stéphane Moussie |

Coup d'envoi donné pour Threads, le nouveau réseau social de Meta qui veut écraser les plates-bandes de Twitter. Le service, lancé dans la nuit de mercredi à jeudi, a attiré 5 millions d'utilisateurs en quatre heures. La bonne nouvelle a été partagée par Mark Zuckerberg… sur Threads évidemment. Depuis, le nombre d'utilisateurs a déjà doublé.

Les applications iOS et Android sont disponibles dans une centaine de pays, mais pas en Europe. « Les complexités pour se conformer à certaines lois qui entreront en vigueur l'année prochaine sont importantes. Nous ne voulons pas lancer quelque chose qui ne soit pas en accord avec ce qui va venir », a justifié Adam Mosseri auprès de The Verge. Le patron d'Instagram fait très certainement référence au DMA, la législation européenne qui va imposer de nouvelles obligations aux grandes plateformes à partir de 2024.

Malgré tout, si vous possédez un compte App Store américain ou d'un autre pays dans lequel Threads a été lancé, vous pouvez d'ores et déjà utiliser le service en France. Ça tombe bien, nous avons un compte US, alors voici un petit aperçu de Threads, qui est déjà traduit en français.

Un air de dejà-vu

Le plus compliqué quand on démarre un réseau social, c'est d'attirer suffisamment d'utilisateurs pour que la plateforme soit vivante. Meta, qui s'y connait un peu dans le domaine, l'a bien compris et exploite à fond la popularité d'Instagram pour faire décoller Threads. Ainsi, quand on ouvre Threads pour la première fois, on est invité à se connecter avec son compte Instagram — il n'y a pas d'autre option, c'est ça ou rien. On décide ensuite si on veut importer sa bio et son lien depuis Insta ou si on veut les saisir manuellement.

Après cela, on définit la visibilité de son profil (public ou privé), on choisit si on veut suivre ou non les mêmes personnes que sur Insta, puis un message donne quelques infos importantes (les données Threads et Insta sont utilisées pour personnaliser la pub, notamment) avant de plonger dans le grand bain.

L'interface et les fonctionnalités de Threads sont extrêmement similaires à celles de Twitter. L'onglet principal affiche tous les tweets, pardon, les « threads », des personnes auxquelles vous êtes abonnés… mais pas seulement. Le flux comprend également des publications de personnes que vous ne suivez pas mais qui pourraient vous intéresser. Impossible de se débarrasser de ces suggestions malheureusement ; contrairement à Twitter ou même Instagram, il n'y a pas de flux comprenant juste les personnes suivies. Cela pourrait venir un jour, mais en attendant il faut accepter des publications d'individus qu'on ne connait ni d'Ève ni d'Adam.

Image de gauche : je n'ai aucune idée de qui sont ces gens qui apparaissent dans mon flux.

Les publications sur Threads peuvent faire jusqu'à 500 caractères (presque le double des comptes gratuits sur Twitter) et inclure des photos et des vidéos durant jusqu'à 5 minutes. Comme sur le réseau de l'oiseau bleu, on peut « aimer » les publications, y répondre, les citer et les republier. Meta tire parti des liens entre les deux plateformes pour permettre de partager facilement un post Threads vers Instagram. Plusieurs options de confidentialité sont également proposées : on peut définir qui peut répondre à ses threads, qui peut nous mentionner, masquer des mots et des personnes…

Les particularités de Threads

Pour rendre son nouveau réseau attractif, Meta a fait en sorte que des célébrités y soient d'ores et déjà actives, comme la mannequin Karlie Kloss, le cuisinier Gordon Ramsay ou l'acteur Jack Black. Par ailleurs, des entreprises y ont déjà fait leurs premiers pas, comme Netflix, Spotify ou encore Manchester City. Mais ce qui intéresse vraiment les technophiles que vous êtes, c'est la compatibilité de Threads avec ActivityPub, le protocole à la base de réseaux sociaux décentralisés. Ce mécanisme n'est pas encore en place, mais quand il le sera (on ne sait pas quand), il sera possible de tisser des liens entre Threads et Mastodon, en particulier.

Pour l'heure, Threads ne comprend aucune publicité. Néanmoins, il ne faut pas se faire d'illusion, des pubs finiront par débouler quand le réseau aura atteint une certaine popularité et ses données sont dès à présent exploitées pour personnaliser d'autant mieux les annonces présentes dans Instagram.

Il n'y a pas non plus d'abonnement payant débloquant des fonctionnalités supplémentaires (mais les coches bleues d'Instagram sont conservées). Meta prend soin de ne pas répéter les évolutions de Twitter qui font le plus polémique. « La volatilité et l'imprévisibilité [chez Twitter] semblaient représenter une bonne occasion [pour lancer un concurrent] », reconnait sans détour Adam Mosseri.

Threads apparait comme l'une des alternatives les plus crédibles à Twitter : le réseau est plus simple à utiliser que Mastodon et peut s'appuyer sur la popularité existante d'Instagram, ce qui manque à Bluesky, la nouvelle plateforme de Jack Dorsey. Mais quitter Twitter pour se jeter dans la gueule de Meta, est-ce vraiment un bon calcul ?

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