Dans les coulisses de TomTom

Arnaud de la Grandière |

Nous avons pu rencontrer une équipe de TomTom à l'occasion de la présentation de la prochaine version de son logiciel pour iPhone. Concernant l'arrivée de Google sur le marché des logiciels de navigation, Benoît Simeray, Senior Vice-Président de la division On-board Mobile, s'affiche volontiers serein : "Nous ne pouvons pas encore nous prononcer quant à la qualité de ce que Google propose, nous nous penchons actuellement dessus, mais chacun est libre de se lancer dans ce créneau. Nous sommes bien placés pour savoir qu'il est très difficile de proposer un service de qualité et nous pensons qu'il y aura toujours des gens qui préfèrent payer pour s'assurer cette qualité de service."

Cependant les investisseurs n'ont pas eu l'air convaincu : l'action de TomTom s'est effondrée de 30% suite à l'annonce de Google. Les cadres de TomTom estiment que la réaction de la Bourse est tout à fait disproportionnée : les smartphones ne représentent qu'une part modeste du chiffre d'affaire de la société hollandaise, les quelques 80.000 ventes sur iPhone ne sont rien en regard des 14 millions d'appareils personnels de navigation qu'elle a vendus. De quoi voir l'avenir sereinement en effet.

Nous avons également pu visiter la salle impressionnante du HDT Center, où sont regroupées toutes les informations sur le trafic dans les pays couverts par TomTom. Dans chaque pays, au moins 3 sources différentes sont utilisées pour estimer la fluidité du trafic : les téléphones mobiles qui sont suivis de manière anonyme par les antennes relais GSM, les GPS TomTom qui disposent d'une puce 3G, et les données du gouvernement.

Chaque route est découpée en tronçons, qui affichent la vitesse autorisée, la vitesse moyenne constatée d'ordinaire sur le tronçon, et la vitesse actuelle des véhicules. Ainsi le système repère les embouteillages qui sont ensuite transmis à tous les appareils exploitant la technologie HD Trafic de TomTom.

Cependant l'établissement d'un tel système ne s'est pas fait sans mal : ainsi les ingénieurs de TomTom se sont-ils aperçus que des embouteillages attendus s'interrompaient de manière abrupte par intermittence, avant de se rendre compte qu'une voie ferrée passait entre les deux voies d'une route, et que les téléphones portables des passagers du train faussaient la mesure. De même pour les tunnels, dont les relais GSM peuvent signaler la présence des véhicule instantanément à une extrémité ou à l'autre du tunnel. Il aura fallu intégrer une surveillance automatique des données erratiques pour que le système se corrige de lui-même, à grande échelle.

On mesure en effet à l'aune de ces anecdotes la difficulté de mettre en place un système de qualité concernant la surveillance du trafic. Cependant Google n'est pas exactement un béotien en matière de traitement de données…

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