« Dis Siri, ferme le volet de la chambre ». Et Siri de s’exécuter en... allumant l’ampli et la lumière. Voilà qui a de quoi agacer. Si on rajoute les limitations de HomeKit à apprendre de nouvelles catégories de machines et fonctions à commander, certains parmi nous en ont même eu ras-le-bol et sont passés à Home Assistant (ô traîtrise...).
Il faut dire qu’Apple ne donne pas tellement envie de rester... le Mac a droit à ses grandes nouveautés avec les puces Apple Silicon, l’iPhone et l’iPad évoluent tranquillement au fil des ans, cependant tout ce qui touche à la maison connectée semble faire du sur-place depuis maintenant pas mal de temps.
Mais, alléluia, Mark Gurman semble sonner la fin de l’attente. Selon sa dernière newsletter, après avoir balancé le projet Car aux orties, après un Vision Pro qui marchouille sans plus, Apple aurait jeté sa gourme sur sa branche tellement délaissée qu’on se demandait si un bourgeon reviendrait un jour : la maison connectée.
Nothing else Matter
Il faut dire que la firme à la pomme a de quoi faire ! Et que les bases sont délaissées, mais présentes ; après tout, n’est-elle pas avec les autres grands à l’origine de certains protocoles permettant d’unifier tous les systèmes, comme Matter ? C’est une base solide pour faire quelque chose d’efficace et Cupertino semble ne pas l’ignorer.
Ensuite, il faut un moyen simple de communiquer avec cette couche logicielle. Si Siri fait à peu près le job, on va dire qu’il est plus l’équivalent du cancre au fond de la classe près du radiateur qu'un bon élève. S’il était extraordinaire à sa sortie en... 2011 (oui, ça fait déjà 13 ans), ses petits camarades Google Assistant et Alexa l’ont bien rattrapé et dépassé.
Mais ça tombe bien, parce qu’Apple a de quoi réveiller son assistant, de manière radicale : Apple Intelligence. Parce qu’au final, quoi de mieux que le contrôle de la maison pour montrer la pleine puissance de ce nouvel « AI », qui pourrait enfin permettre de communiquer naturellement pour contrôler ses appareils, plutôt que de faire des phrases préconçues et prémâchées pour que papy comprenne qu’on veut ouvrir la porte et non allumer le garage ?
Matter without hardware is not Matter anymore
Bon, c’est bien gentil, mais pour ça, il faut de la puissance... chose dont manque tout de même pas mal le HomePod mini, seul appareil de maison connectée qui a connu son petit succès. Et pourtant, ce n’est pas faute pour Apple d’avoir essayé de percer dans le domaine des enceintes connectées.
On pourrait retracer ces tentatives jusqu’à l’iPod Hi-Fi, sorti en février 2006. Ce gros parallélépipède blanc, avec son support pour l’iPod sur le dessus, est le premier ersatz d’Apple dans ce domaine de l’enceinte de maison, même si elle était encore loin d’être connectée à l’époque. Premier essai, premier ratage : l’iPod Hi-Fi fut enterré aussi vite qu’il est apparu, en septembre 2007.
Un peu plus répandue, l’Apple TV est l’exemple de l’accessoire qui fonctionne pas trop mal auprès du grand public jusqu’ici : au fil des générations, cette petite boîte apparue pour la première fois en janvier 2007 a su trouver sa place dans les foyers, et elle ajoute année après année de nouvelles fonctions de contrôle de la maison. Mais elle reste un élément plutôt « passif », servant plus de nœud central que d’interface de commande...
Et puis il y a le HomePod. La première version fut un flop sévère : à 349 € en 2018, l’enceinte de table d’Apple est trop chère pour l’époque, la pomme ayant encore une fois eu raison trop tôt, comme on a pu le voir quelques années plus tard avec des concurrents proposant des enceintes au même tarif, avec bien plus de succès. Même Apple l’a en un sens reconnu, relançant le HomePod Classic en 2023, avec semble-t-il plus de réussite.
Le seul ayant vraiment tapé juste dès le début, et qui semble toujours se vendre avec autant de succès, c’est le HomePod mini. À une centaine d’euros, il est au juste équilibre entre les gadgets pas cher et les enceintes trop haut de gamme pour s’abaisser à servir d’assistant domotique.
Cost doesn’t Matter
Si la route n’a pas été un long fleuve tranquille jusqu’à présent, Apple semble sentir que son heure est venue : ses concurrents semblent ralentir, voire perdre du terrain. Google ne sait pas trop quoi faire de Nest et vivote avec des produits pour la plupart dans le bas de gamme. Amazon a certes eu sa hype, mais semble être dans le creux de la vague, Alexa n’attire plus de nouveaux utilisateurs en masse.
Apple, de son côté, a tout pour remonter la pente : un nouvel Apple Intelligence qui décuplerait les capacités de son assistant domotique, le rendant enfin au niveau voire supérieur à ses concurrents grâce à la magie de l’intelligence artificielle, et elle entend bien profiter de la publicité faite autour d’AI pour aligner un nouvel appareil qu’elle prépare depuis déjà quelques temps.
La pomme commencerait ainsi par un écran interactif, type iPad à tarif raisonnable, permettant l’accès à AppleTV+, de surfer sur Internet, d’écouter des Podcasts, passer des appels FaceTime... et Apple compte bien en faire un hit tel le HomePod mini, que chacun voudra mettre dans chaque pièce de sa maison.
Mais la pièce de résistance viendrait pour un peu plus tard : Gurman voit Cupertino lancer un appareil qui se poserait sur la table, destiné à être l’écran de contrôle principal de la maison, avec des fonctions de sécurité avancées, un système de visio-conférence à la pointe de la technologie et un ensemble audio intégré au diapason de ses capacités. L’écran serait, lui, sur un bras robotisé du plus bel effet (ce qui ne manquerait pas de rappeler l’iMac G4 Tournesol). Le tout à un tarif qui semble le placer dans le haut de gamme, comme souvent à Cupertino : Gurman l’estime à environ 1 000 $.
Après le pari raté de la voiture, le succès en demi-teinte du casque de réalité augmentée, Apple semble vouloir surfer sur la vague de l’intelligence artificielle pour s’imposer dans la maison comme jamais auparavant. Ses concurrents étant endormis, les autres solutions étant trop ésotériques pour le commun des mortels (Home Assistant... c’est bien, d’accord, mais au bout de combien de temps de programmation ? S’il fallait monter sa machine à café avant d’avoir un espresso le matin, les cafés auraient encore de beaux jours devant eux), le temps semble accorder la fenêtre dont Apple a besoin pour réussir à revenir sur le devant de la scène en domotique, et cette fois, qui sait, y rester pour de bon ? 2025 promet d’être intéressante dans les chaumières !
