Apple a testé APFS avec iOS 10.1 et 10.2 avant de le déployer

Nicolas Furno |

C’est avec une mise à jour mineure de son système mobile qu’Apple a déployé APFS, son nouveau système de fichiers. Jusqu’à iOS 10.3, tous les appareils mobiles utilisaient HFS, un système de fichiers propre à Apple, mais qui datait à l’origine des années 1980 même s’il a été largement modernisé depuis. APFS est un système de fichiers beaucoup plus moderne, 64 bits et surtout pensé en priorité pour les SSD plutôt que les disques durs (lire : APFS : le futur système de fichiers d’Apple qui va changer votre vie).

Cliquer pour agrandir

La mise à jour d’iOS 10.3 a modifié le système de fichiers sur des millions d’iPhone et iPad, sans aucune perte de données et uniquement dans le processus habituel de mise à jour. Une réussite impressionnante à apporter au crédit d’Apple qui avait pensé à tout. Ainsi, la transition de HFS+ à APFS avait été imaginée dès le départ pour se faire en toute sécurité et sans avoir à déplacer de données. Pour autant, mettre à jour de la sorte le téléphone le plus populaire au monde était courageux et le constructeur s’en est très bien sorti.

Il y a une bonne raison à cela : Apple avait testé avant la mise à jour des déploiements à grande échelle d’APFS. C’est ce que Craig Federighi a indiqué dans le dernier épisode du Talk Show, le podcast de John Gruber. Enregistré en public la semaine dernière, à l’occasion de la WWDC, cet épisode a permis d’en savoir un petit peu plus sur ce déploiement et notamment que le constructeur avait pris ses précautions à deux reprises.

iOS 10.1 et iOS 10.2 ont en effet servi d’essais à grande échelle avant la sortie d’iOS 10.3. Pendant le processus de mise à jour, les appareils passaient à APFS, vérifiaient ensuite que tout s’était bien déroulé et qu’il n’y avait aucune perte de données, envoyaient les informations à Apple et revenaient à HFS+. Ces tests sur une partie des appareils ont permis de vérifier la solidité du mécanisme de mise à jour avant la version finale.

Craig Federighi, en train d’expliquer à son hôte les détails du déploiement d’APFS sur iOS. Cliquer pour agrandir

Techniquement, la transition peut se faire sans perte de données parce que le passage à APFS ne touche à aucune donnée. Il s’agit plus d’une conversion du catalogue, une base de données qui, pour simplifier, référence l’emplacement de chaque fichier sur le SSD. Cette conversion est rapide et surtout sûre : le catalogue utilisé par HFS+ est conservé tant que le processus n’est pas terminé, ce qui permet de revenir en arrière à tout moment.

Les premiers tests avant iOS 10.3 pouvaient ainsi vérifier l’intégrité des données sans passer totalement à APFS. Au passage, une fois qu’un volume de stockage a été converti, le retour en arrière nécessite de formater la partition, et donc de transférer temporairement les données qui s’y trouvent. Dans le bon sens toutefois, Apple avait prévu une transition simplifiée, ce qui a permis d’obtenir le déploiement le plus rapide de l’histoire de l’informatique pour un nouveau système de fichiers.

Les appareils iOS et les Apple TV ont été les premiers à adopter APFS, mais les autres produits Apple y passeront à l’automne avec watchOS 4 et macOS 10.13. Ce sera certainement un processus automatique et obligatoire pour la montre. En revanche, le passage à APFS est optionnel dans la première bêta de High Sierra et peut-être que cela restera ainsi jusqu’à sa sortie finale. Si vous choisissez de le faire, vous ne perdrez pas plus de données et tout se fera automatiquement lors de l’installation de cette version.

La première bêta de macOS 10.13 encore réservée aux développeurs demande à l’utilisateur s’il veut passer à APFS. Est-ce que ce sera le cas encore à l’automne ? Cliquer pour agrandir

Au cours de la discussion, les deux SVP invités par John Gruber ont évoqué un avantage encore méconnu d’APFS. Le système de fichiers est mis à profit par iOS 11 lors d’un glisser/déposer. Quand on prend une image dans une app pour la déposer dans une autre app, le fichier n’est pas déplacé, il est en fait dupliqué instantanément, l’un des avantages d’APFS d’ailleurs. L’app en destination peut commencer à travailler directement sur la copie sans modifier la version originale. Et c’est toujours instantané, même si vous déplacez une énorme vidéo 4K.

À ce sujet également, Craig Federighi a insisté sur la sécurité des données. Pendant un glisser/déposer, les apps ne « voient » ce que vous glissez qu’au moment où vous les déposez. Tant que vous les glissez, les apps ne savent rien du tout, pas même le type de données que vous avez sous les doigts. iOS 11 représente parfois différemment les fichiers pour donner une idée de ce qui se passera en les déposant, mais c’est le système qui génère cet aperçu, pas les apps.

Comme toujours, Apple a pris son temps pour développer cette fonction, mais elle a pensé avant tout à la sécurité des données. On imagine qu’APFS était un composant important, peut-être suffisant pour attendre sa sortie avant de présenter la nouvelle fonction dans iOS.

L’interview complète dure une heure et demie et elle est disponible en vidéo ou en podcast.

Accédez aux commentaires de l'article