Gestes multitouch sur iPad : une fausse bonne idée ?

Nicolas Furno |

Avec iOS 4.3, Apple propose aux développeurs de nouveaux gestes multitouch pour passer rapidement d'une application à l'autre avec un glissement à quatre ou cinq doigts, ou pour quitter une application avec un pincement à quatre ou cinq doigts. Très rapidement, Apple avait annoncé que ces gestes ne seraient pas proposés au grand public dans cette version d'iOS (lire : iOS 4.3 : les nouveaux gestes iPad n'iront pas en finale) et ils sont effectivement absents d'iOS 4.3, à moins de les activer via Xcode (3,99 €) (lire : iOS 4.3 : activez les gestes multitouch pour iPad).

Ces gestes ont eu en général bonne presse. Pour les utiliser sur nos iPad depuis quelque temps, ils sont en effet très simples à utiliser et deviennent rapidement naturels et surtout plus efficaces que de double-cliquer sur le bouton d'accueil. Mais ils ne sont pas parfaits pour autant : les applications se réorganisent en fonction de la dernière ouverte, ce qui fait que l'on peut passer du temps à chercher celle que l'on veut. Sur les iPad de première génération, cette fonction était aussi parfois instable, surtout quand on passait d'une application gourmande à une autre.

Pis, ces gestes entrent en conflit avec les applications qui utilisent plus de trois doigts en simultanée. Ce n'est, certes, pas le cas de la majorité des applications, mais on trouve dans l'App Store des jeux multitouch (lire : Panopticon utilise vraiment le multitouch sur iPad). Autre exemple plus flagrant encore, GarageBand (3,99 €) est incompatible avec les gestes multitouch qui empêchent de jouer correctement avec les instruments virtuels.

Guy English, développeur qui a travaillé notamment sur la série des Tap Tap Revenge, critique également ces gestes multitouch sur son blog. Selon lui, ils nuisent à un aspect essentiel de l'iPad : la tablette se transforme en fonction de l'application. Lancez GarageBand avec un piano virtuel, l'iPad est devenu un piano. Lancez un jeu, l'iPad est devenu une console de jeu. L'appareil en lui-même s'efface totalement pour se transformer en ce que l'application fait de l'écran multitouch.

Avec iOS, l'iPhone puis l'iPod touch et enfin l'iPad, Apple a essayé de renouveler l'informatique, la rendre plus accessible en supprimant certains concepts très anciens comme la notion de fichiers ou même celle de fenêtre. Ces gestes complexifient l'expérience, en ajoutant un niveau d'abstraction supplémentaire, une difficulté en plus qui serait, selon ce développeur, un pas en arrière.

Sans compter qu'il faudrait régler le problème des applications incompatibles. Dans son article, Guy English liste plusieurs solutions, aussi mauvaises les unes que les autres. Les gestes pourraient ne fonctionner qu'en appuyant en même temps sur le bouton d'accueil. Ou alors Apple pourrait permettre aux développeurs de désactiver les gestes pour leurs applications, mais comment un utilisateur pourrait comprendre que les gestes fonctionnent partout, sauf quand le développeur en a décidé autrement ?

La meilleure solution viendra peut-être avec un nouveau matériel. Elle passerait par l'utilisation du cadre, comme ce qu'a fait RIM avec son PlayBook (lire : Tablette : un cadre tactile pour le BlackBerry PlayBook). Il est urgent d'attendre pour Apple selon ce développeur : la solution proposée convient aujourd'hui, mais elle lui semble bien trop contraignante pour l'avenir.

via Daring Fireball

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