L'iPad et les photographes

Anthony Nelzin-Santos |

Maintenant que l'iPad est sortie et avec elle une cohorte de tests et un App Store bien garni (lire : App Store : 3.300 applications pour l'iPad), on peut commencer (ou plutôt continuer) à envisager des usages possibles pour cette tablette. On a beaucoup parlé de cette tablette comme d'une liseuse, mais beaucoup moins du fait qu'elle pourrait devenir un véritable compagnon du photographe.

De nombreux photographes aiment vider leur carte mémoire dès la fin d'une séance, à la fois pour disposer d'une première sauvegarde, mais aussi pour supprimer les photos clairement inutilisables. Certains utilisent des videurs de cartes, mais ceux-ci restent chers, et les netbooks comme les ordinateurs portables classiques leur font une concurrence redoutable.

C'est là que l'iPad entre en jeu : petite et légère, elle se glisse plus facilement dans un sac photo qu'un ordinateur, et suffira largement pour la durée d'un week-end photo. Armée de son Camera Connection Kit optionnel, l'iPad se transforme en videur de luxe, supportant le format JPG comme les formats RAW (même si l'on suppose qu'il faudra se limiter aux formats supportés par Mac OS X).

Mais l'iPad est bien plus qu'un videur : si elle ne permet pas de faire de la retouche lourde, elle permettra d'envoyer rapidement quelques photos par courriel, sur FlickR et les réseaux sociaux. Lors de la prise de vue ou peu après, elle permettra de partager les clichés avec le(s) modèle(s), ce qui permet de le rassurer. De retour au studio ou à la maison, il suffira de synchroniser l'iPad à l'ordinateur pour retrouver ses photos.

Dans l'autre sens, l'iPad pourra embarquer les photos traitées sur l'ordinateur. Apple a considérablement amélioré le processus de synchronisation avec Aperture et iPhoto, permettant de récupérer projets, albums, visages et lieux sur iPad (lire : Aperture et iPhoto mieux intégrés à iTunes). Ceux qui utilisent des solutions non-Apple se rabattront soit vers un export en JPG depuis leur logiciel vers iPhoto sur Mac, soit vers l'utilisation de dossiers sous Windows.

L'iPad se transformera alors en book numérique, un usage déjà popularisé par l'iPhone, mais qui prend ici toute sa dimension. L'écran LED IPS et les multiples animations de diaporama développées par Apple devraient particulièrement mettre en valeur les photos. Quant aux amateurs, ils pourront utiliser l'iPad comme cadre numérique.

S'il y a pour le moment peu d'applications dédiées à la photographie, il ne fait aucun doute qu'elles fleuriront. Contrairement à l'iPhone, il ne s'agira pas d'applications permettant de faire des photos : l'iPad n'a pas de capteur numérique. Et vu les dimensions de l'engin, c'est un moindre mal, même si évidemment on y voyait plutôt des usages autour de la vidéoconférence.

Parmi les quelques applications qui retiennent l'attention, on peut mentionner ShutterSnitch, qui permet d'importer directement depuis une carte Eye-Fi ou un module Wi-Fi, rendant l'importation immédiate. LightTable permet de réaliser de petits albums photo. Les développeurs n'ont plus qu'à sortir un mini-Photoshop pour iPad, comme PhotoMagic (capture ci-dessus), qui a fait un aller-retour sur l'App Store.

L'iPad et la photo, c'est un peu comme l'iPad et les courriers électroniques : on ne tapera pas une réponse en forme de Guerre et Paix sur iPad, mais elle est une parfaite gare de triage et de réponse rapide des courriels. Elle est là encore un appareil intermédiaire, faisant moins qu'un ordinateur, mais plus qu'un beau videur à grand écran couleur, pour un prix pas si supérieur. Ce seront les applications qui décideront si elle le fait mieux, ou moins bien que l'un et l'autre.

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