Le saphir de synthèse, ce grand absent de l'iPhone 6

Florian Innocente |

Pas de saphir de synthèse pour l'écran des nouveaux iPhone 6, mais du verre renforcé Ion-X. Cette rumeur qui a fait des va et vient ces derniers mois a connu un épilogue sans surprise. Ce matériau est réservé à l'écran de certaines des Apple Watch et, comme précédemment, à la protection du tout petit objectif de l'appareil photo sur les téléphones.

Tim Bajarin, président du cabinet d'analyses Creative Strategies, a fait la synthèse des obstacles qui se dressent encore en travers du chemin du saphir, dès lors qu'on parle de grands écrans et de très gros volumes de production.

Le saphir est 30% plus dense que le verre alors que les fabricants de smartphones tendent vers plus de légèreté et de finesse tout en essayant d'augmenter les surfaces. Le verre se montre alors d'une utilisation plus flexible lorsqu'il s'agit de concilier finesse et renforcement de sa résistance par des procédés chimiques (lire « Verre renforcé Ion-X », kézako ?).

Le coût de production serait ensuite une variable indépassable à ce stade dans l'utilisation du saphir de synthèse. Tim Bajarin avance un coût au minimum dix fois supérieur comparé au verre et un surcoût possible de 100$ sur l'étiquette d'un iPhone 6 déjà bien onéreux. Pour sa montre, Apple utilise le saphir sur l'écran des modèles Watch et Watch Edition, que l'on peut penser comme étant les deux plus chères. La version Sport utilise du verre renforcé.

Les Watch et Watch Edition ont un écran protégé avec du saphir de synthèse, contre du verre renforcé Ion-X pour la version sport

L'emploi de saphir de synthèse pourrait avoir des conséquences sur la batterie, avance Bajarin. Le matériau est décrit comme moins transparent que le verre, il peut alors obliger à pousser un peu plus sur le réglage de luminosité. D'aucuns préfèrent au contraire le tenir assez bas pour économiser du jus sur la batterie.

Mais apparement cela n'a pas été jugé comme une contrainte trop importante dans le cas de la montre où la batterie va être encore pourtant bien sollicitée. Le saphir de synthèse peut également se montrer plus réfléchissant en plein soleil que le verre (sauf à utiliser un traitement de surface qui est décrit comme résistant moins bien à l'usure du temps). Là aussi, on pourra comparer entre les différentes finitions d'Apple Watch si les deux types d'écrans affichent les même propriétés.

Deux autres contraintes sont mises en avant. L'une tient à l'impact environnemental pour la production du saphir. La facture énergétique nécessaire serait 100 fois plus importante que le verre. Taille des smartphones augmentant, il s'agit de produire des surfaces bien plus importantes que celles des montres où ce matériau est mis à profit depuis longtemps.

L'autre problème réside dans sa résistance. Le saphir se défend mieux que le verre face aux rayures, mais il est plus prompt à se briser en cas de chute. Alors que le verre a plus de chances de mieux absorber ce type de choc. Des micro-fissures générées par l'activité quotidienne auront à long terme plus de chances de fragiliser le saphir que le verre dont la structure, renforcée chimiquement contribue à atténuer l'impact de ces altérations en les isolant du reste de la plaque.

Des blocs bruts de saphir de synthèse - Pocketnow

Les montres, elles, ne sont pas soumises au même régime que les smartphones que l'on manipule quotidiennement à tout bout de champ, et même en marchant ou sans y prêter attention. On multiplie les risques de chutes et de choc alors qu'une montre est autrement plus ménagée. Le saphir n'est pas avare en avantages mais son heure n'est pas encore venue pour être déployé à grande échelle sur les smartphones et a fortiori les tablettes.

Accédez aux commentaires de l'article