iPhone « Made in US » : Apple y songe

Mickaël Bazoge |

Est-il possible de relocaliser aux États-Unis les emplois industriels partis en Chine ? Oui, sans doute, mais il faudra en accepter le coût (lire : Le pari hasardeux de l'iPhone Made in US). La thématique a rebondi à l’occasion de la campagne présidentielle américaine et l’élection de Donald Trump, chaud partisan du retour au bercail des emplois américains partis en Asie, va mettre un nouveau coup de pression sur les constructeurs. C’est le cas pour Apple, qui avait été pris pour cible par le président élu.

La Pomme s’est défendue en évoquant les 2 millions d’emplois d’ingénieurs, dans la distribution et les centres d’appels, mais les États-Unis ont perdu 5 millions d’emplois dans l’industrie entre 2000 et 2014, largement au profit de la Chine.

Le Mac Pro est produit au Texas — Cliquer pour agrandir

Le message de Donald Trump a été semble-t-il bien reçu par le constructeur de Cupertino. D’après le Nikkei, Apple aurait demandé à Foxconn et à Pegatron d’étudier la possibilité de déplacer la production de l’iPhone aux États-Unis. Foxconn aurait accepté sans enthousiasme de s’intéresser au problème, mais Pegatron a décliné l’offre en raison des problèmes de coût.

« Construire les iPhone aux États-Unis signifie une multiplication des coûts par deux », s’inquiète la source de la publication japonaise. Ce n’est pas tout à fait vrai, les projections évoquant plutôt une augmentation liée aux frais d’assemblage de 14% environ.

À eux deux, ces sous-traitants produisent bon an mal an 200 millions de smartphones chaque année. Foxconn, dont 50% des ventes proviennent de l’iPhone, a mis en place avec Apple une chaîne d’assemblage particulièrement élaborée. Les composants d’un iPhone proviennent de partout dans le monde ; on imagine le cauchemar logistique s’il s’agissait de dévier les livraisons de ces pièces vers les États-Unis.

Foxconn emploie 690 000 personnes en Chine, dont une bonne partie se destine à la production d’iPhone. Un personnel formé et qualifié pour ce travail d’assemblage, que les États-Unis n’ont pas forcément sous la main, et qui est très flexible : en cas de coup de chaud dans les commandes, l’entreprise est capable d’embaucher très rapidement des milliers d’employés. Et de les renvoyer une fois le travail terminé.

Malgré ces difficultés qui semblent difficiles à contourner, il va être intéressant de savoir si Apple et ses partenaires sont capables de créer une ligne de production américaine aussi efficace qu’en Chine. Si l’expérience est concluante, d’autres zones du monde pourraient elles aussi être intéressées par un assemblage des iPhone sur leur sol. Et pourquoi pas en Europe…

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