Le casse-tête chinois d'Apple et de Samsung

Florian Innocente |

Apple a mal à la Chine pour ses ventes d'iPhone mais c'est le secteur tout entier du smartphone qui souffre dans ce pays, révèle une étude de CAICT (China Academy of Information and Communications Technology, une agence dépendant du ministère de l'Industrie et de l'Information).

D'après ses relevés, les livraisons de smartphones auprès des circuits de distribution chinois se sont effondrées de 15,5 % sur l'année 2018 — soit 390 millions de smartphones — et même de 17 % spécifiquement sur décembre.

Le cabinet d'étude Canalys avance pour sa part une baisse de l'ordre de 12 % sur l'année écoulée. Il s'attend à ce que le volume global glisse en dessous des 400 millions d'unités en 2019. Les livraisons chûteraient de 3% supplémentaires, et confirmeraient une tendance observée depuis 3 ans.

Canalys avance comme explications un marché chinois qui est aujourd'hui bien équipé et où les clients changent moins souvent leurs téléphones, une pratique qui pourrait même s'inscrire dans la durée. Le cabinet se montre sceptique également sur les chances du segment haut de gamme tout au long du prochain semestre.

Apple a fortement souffert de cette situation, poursuit Canalys en parlant d'une concurrence forte de la part des acteurs locaux, qui marient des tarifs attractifs avec des terminaux performants et bien équipés.

Des analystes de Bank of America Merrill Lynch (BAML) cités par Bloomberg s'inquiètent d'un possible « boycott informel » de la part de la clientèle chinoise à l'égard d'Apple, dans un cadre plus général de mise au ban des produits américains.

Un sondage réalisé par BAML auprès de clients en Chine et en Inde mettrait en relief un intérêt plus marqué pour Xiaomi et Samsung plutôt qu'Apple, dans la perspective d'un renouvellement de matériel. Un risque qui s'ajouterait aux problèmes économiques et au renchérissement du prix des produits américains.

Une opinion qui n'est pas du tout partagée par le principal intéressé. Dans une interview à CNBC la semaine dernière, Tim Cook avait exprimé ses doutes face à l'idée que les clients chinois ont l'intention de bouder Apple. Ici ou là, peut-être, concédait-il, mais sur un plan général il considère la Chine comme les États-Unis. C'est à dire des pays tout sauf « monolithiques » et où chacun a son opinion sur différents sujets.

Signe que la mauvaise passe d'Apple n'est pas une exception, Samsung Electronics a confirmé que ses résultats du dernier trimestre 2018 seraient en deçà des attentes. Hier, le bénéfice qui était envisagé par les analystes pour cette période atteignait les 13 300 milliards de wons, soit 10,37 milliards d'euros. Samsung est finalement parti pour annoncer 10 800 millards de wons (8,4 milliards d'euros environ).

La santé de son activité smartphones n'est pas détaillée (la part de marché de Samsung en Chine ne dépasse pas les 1 %, contre 9 % pour Apple). S'il est moins soumis aux aléas sur les ventes de ses téléphones, il n'empêche qu'en tant que fournisseur de composants comme les mémoires, l'activité du sud-coréen est indexée sur celle des autres acteurs et de ses concurrents.

Samsung doit lancer une nouvelle gamme ambitieuse de Galaxy ces prochains mois, mais si les sombres perspectives de Canalys à propos du segment premium des smartphones se confirment, les choses vont rester compliquées pour le sud-coréen et le californien.


Pour aller plus loin :
Accédez aux commentaires de l'article