Gorilla Glass 2 : le prochain matériau caché d'Apple ?

Florian Innocente |

L'américain Corning va présenter au CES la nouvelle génération de son fameux verre réputé pour ses qualités de résistance, le Gorilla Glass 2. Cette évolution doit s'appliquer à de nouveaux supports et produits, que ce soit dans l'automobile, le foyer avec des téléviseurs (un écran multitouch de 82" sera montré) ou les prochains smartphones et tablettes. En février dernier Corning avait réalisé une vidéo d'anticipation sur les usages possibles de son verre, sur petits et grands support, en intérieur comme en extérieur.

Aujourd'hui le fabricant dit avoir équipé 575 produits de 30 grandes marques, distribués à hauteur de 500 millions d'unités. Il y a toutefois un grand absent dans la liste publique des clients de Corning : Apple. Alors que d'autres comme Acer, Asus, Dell, Nokia, Sony, Samsung ne se privent pas parfois de se vanter de leur utilisation du Gorilla Glass.

La politique d'Apple sur le matériel est tout autre, pour l'iPad et l'iPhone elle ne met en avant que ses propres technologies sans citer celles de ses partenaires, quand bien même ils seraient réputés. C'est encore le cas avec l'iPhone 4S où il faut déployer de savants moyens pour découvrir le fournisseur de son capteur optique (Sony) dont par ailleurs elle fait grand cas des prouesses. Corning précise justement que sa liste de clients n'est pas exhaustive, du fait d'accords de confidentialité.

Pourtant, Apple et Corning sont bien en affaires… ou du moins l'ont été, pour le premier iPhone, c'est moins certains pour la génération actuelle, justement du fait de cette discrétion dans les collaborations. On l'apprend par quelques anecdotes dans la biographie de Steve Jobs [iBookstore - 18,99€]. Jobs avait souhaité un écran en verre plutôt qu'en plastique pour le premier iPhone, question de standing. Un ami figurant au conseil d'administration de Corning lui avait conseillé de rencontrer Wendell Weeks, le patron de cette entreprise.

Rencontrant Jobs venu tout exprès à New York, Weeks raconta les origines du Gorilla Glass, né dans les années 60 après la découverte d'un nouveau procédé chimique. Mais en l'absence de débouchés commerciaux il fut mis de côté.

Doutant de la réelle résistance de ce verre, Jobs se piqua de vouloir expliquer à son hôte la méthode de fabrication du verre (le patron d'Apple était probablement enhardi par le large usage qui était fait de ce matériau dans les Apple Store, avec quelques brevets à la clef notamment pour les escaliers).

Walter Isaacson, le biographe, raconte que cette vanité de Jobs amusa beaucoup Wendell Weeks qui stoppa le patron d'Apple dans son exposé « Quand tu voudras bien te taire je pourrai t'apprendre quelques trucs… » et d'enchaîner sur un cours de chimie.

Convaincu, Jobs réclama du Gorilla Glass en quantité sous six mois. Un délai trop court pour Corning qui n'avait pas les moyens de production adéquats. « Ce n'est pas un problème » lui répondit Jobs qui l'invita à tout mettre en oeuvre pour y parvenir. Une usine de production d'écrans LCD dans le Kentucky fut reconvertie en une nuit pour produire ce verre en quantité industrielle et une équipe d'ingénieure et scientifique fut détachée pour travailler sur ce projet avec Apple. D'autres collaborations furent engagées rappelle Week dans l'ouvrage, Jobs espérait qu'il devienne possible un jour de créer un verre et une céramique suffisamment solides pour que l'iPhone n'ait plus besoin d'armature métallique.

Une obsession à épurer dans tout ce qui se voit qui fait écho à une transformation intervenue début novembre avec le complet remplacement du cube de verre de l'Apple Store de New York. Des 90 panneaux de verre il n'en reste plus aujourd'hui que 15 et la structure métallique est nettement moins visible (lire Apple Store : le nouveau cube de New York se dévoile).

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