La grogne de France Telecom monte

Arnaud de la Grandière |

C'est un refrain déjà entendu, France Telecom se plaint de ne pas bénéficier de l'apport de valeur qu'elle offre à certains acteurs, comme Google ou Apple. En tant que gestionnaire de tuyaux, que ce soit dans le domaine fixe ou mobile, et selon son point de vue, France Telecom participe ainsi aux revenus de ces autres acteurs, sans recevoir la moindre commission en retour, et fait des investissement qui bénéficient à tous.

C'est en somme la teneur du « coup de gueule » du patron de France Telecom, Stéphane Richard, lors de son intervention au Digiworld Summit, que rapporte La Tribune. Il se dit notamment prêt à assumer son statut d'opérateur historique pour équiper les zones à faible densité, mais dénonce le fait que d'autres profitent d'une telle responsabilité. « Google a un retour sur capitaux investis de 33 %, Apple de 18 %, tandis que pour les opérateurs télécoms, c'est autour de 10 % ». L'opérateur souhaite donc un « système de tarification au sein de l'Internet selon lequel les grands émetteurs de trafic doivent supporter les coûts variables des réseaux en fonction des volumes qu'ils envoient ».

D'autre part, Stéphane Richard dit s'inquiéter des chasses gardées entre magasins d'applications et entre réseaux sociaux, obligeant deux personnes à disposer d'un compte sur un même service pour pouvoir échanger, ce qui selon lui est « contraire aux principes d'interopérabilité qu'avaient érigés les pères fondateurs du GSM ». L'opérateur plaide pour sa paroisse, suite à l'initiative WAC avec Telefonica, Deutsche Telekom, Vodafone et Telecom Italia, une plateforme commune de distribution de web apps (lire Orange prête à déclarer la guerre à Apple et Google ?). D'autre part, Orange travaille à la mise en place d'un identifiant unique pour l'accès à différents services (Skype, MSN, Facebook, etc).

Le patron de France Telecom a également indiqué que les forfaits mobiles "illimités" allaient disparaître. « Aujourd’hui, 10% de nos clients consomment 70% de la bande passante, on ne peut plus s’en tenir aux structures tarifaires actuelles. Nous nous dirigeons vers des offres segmentées pour accéder aux services en fonction des besoins du client. Certains, comme les professionnels, paieront des forfaits Premium pour un débit garanti, d’autres auront accès des forfaits qui prendront en compte tel ou tel usage ».

Une multiplication des offres qui ne risque guère de les rendre plus lisibles pour les consommateurs, et qui permettra aux opérateurs de mieux valoriser leurs réseaux. Dans ce contexte tendu, les rumeurs qui prêtent à Apple la volonté d'intégrer une carte SIM programmable à ses smartphones semblent cohérente (lire Carte SIM spéciale : Apple travaille à l'élimination des opérateurs).

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