Samsung en quête d'un écosystème plus ouvert qu'Apple

Florian Innocente |

Apple à la maison, Samsung au bureau et un peu d'huile de coude pour faire fonctionner les deux ensemble. C'est le quotidien de Young Sohn, qui a le titre de Chief Strategy Officer chez Samsung. Il supervise notamment la récente présence d'équipe de R&D de Samsung en Californie et il fait de la création d'un écosystème un objectif prioritaire.

Dans une interview donnée le mois dernier à EETimes Asia il expliquait s'intéresser à la manière dont prospère l'innovation au sein de grandes entreprises. Il citait Apple, Sun avec Java ou une division spécialisée de Lockheed. Toutes avaient comme point commun de posséder de petites équipes qui avaient pu imaginer et lancer des produits novateurs malgré la pression des équipes plus opérationnelles.

Samsung veut s'inscrire dans cette logique en ouvrant des centres de R&D aux États-Unis et en Israël, loin du QG sud-coréen. Young Sohn soulignait aussi l'importance d'innover au-delà de la simple technologie, mais également autour des modèles économiques, des manières de collaborer et sur les écosystèmes.

Dans une interview publiée aujourd'hui par la MIT Technology Review, cet ancien d'Intel et de Quantum, met à nouveau l'accent sur l'importance de ces écosystèmes.

Samsung a toujours été connu comme un fabricant d'appareils, une société de semi-conducteurs, un fabricant d'écrans, et maintenant une société de téléphonie mobile. Nous faisons vraiment de très bons appareils, mais à l'avenir il faudra pouvoir répondre à la question de comment faisons-nous fonctionner tout cela ensemble, comment allons-nous gérer les données qui transitent par ces appareils et encourager la formation d'un écosystème autour de nos plateformes ?

Il cite alors sa propre expérience personnelle qui le voit jongler entre les produits d'Apple et ceux de son nouvel employeur (il n'a rejoint Samsung qu'en septembre 2012, il était avant cela membre du conseil d'administration d'ARM en plus d'autres activités).

Regardez Apple comparé à Samsung. J'utilise actuellement un Mac à la maison. J'ai toujours utilisé du Mac, un iPhone et un iPad. J'ai aussi un Galaxy. Je suis donc un bon exemple.

Si vous regardez les points forts d'Apple, dans un sens, ce n'est pas le produit en soi. Ce que les gens apprécient c'est l'écosystème, comme iCloud par exemple. J'aime bien l'idée que ma famille, qui est en Corée à 10 000 km de chez moi, puisse consulter mon emploi du temps, voir mes contacts et mes photos. C'est quelque chose auquel on s'attache, mais c'est une architecture propriétaire.

Regardez votre téléphone (pointant vers le Galaxy Nexus de la journaliste). De mon point de vue, c'est un meilleur téléphone. Il a un meilleur écran. Il est plus rapide. Mais au final, l'écosystème qui y est rattaché est d'une importance capitale.

Je pense que nous avons probablement la plus grande plate-forme au monde entre les appareils et les téléviseurs que nous vendons. Nous sommes de loin ceux qui proposent le plus d'appareils qui interagissent avec leurs clients. Mais si vous regardez les choses sous l'angle de l'expérience, elle est très axée sur les appareils. Elle se réduit à l'appareil. Elle n'a pas de dimension connectée.

Je crois donc que l'on pourrait faire beaucoup plus de choses qu'actuellement avec un écosystème ouvert et nos partenaires.

Pour le moment, Young Sohn partage son quotidien entre son environnement Apple à la maison et Samsung pour le travail « J'ai toutefois trouvé comment synchroniser tous mes contacts et mes rendez-vous entre les deux systèmes. On peut le faire. Ça demande un peu d’efforts mais c'est possible. »

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