Un an après la lettre ouverte de Steve Jobs sur Flash

Anthony Nelzin-Santos |

Il y a un an, Steve Jobs publiait une lettre ouverte, « Thoughts on Flash » (« A propos de Flash »). Un an plus tard et bien que la prise de position ait fait couler beaucoup d'encre, rien n'a changé : les appareils iOS ne supportent toujours pas Flash, ce qui ne les a pas empêché de (très) bien se vendre. Jason Perlow de ZDNet, qui avait été un de ceux qui prédisaient un destin funeste à l'iPad à cause de l'absence de compatibilité Flash, l'admet aujourd'hui : « nous avions tort ».

« Les prédictions de Steve Jobs sur la manière dont Flash affecterait l'utilisation du mobile se sont révélées correctes » écrit Perlow, qui cite l'exemple d'Android. Steve Jobs a rappelé que la décision de ne pas supporter Flash a été prise dès lors qu'Adobe n'a pas été capable de proposer une version techniquement satisfaisante pour iOS. Adobe ne s'est pas découragé et a proposé Flash pour plusieurs plateformes, dont Android (Flash 10.2 pour Android 2.2, 2.3 et 3.0).

Las, pour le moment, le résultat n'est pas au rendez-vous. « Le logiciel sur Android n'est pas sans problèmes. Beaucoup des téléphones Android sur le marché […] ne sont pas assez puissants pour faire tourner correctement des pages Web contenant des éléments Flash » ; pire, « sur les tablettes double cœur plus puissantes comme la Motorola Xoom, Flash contribue à l'instabilité générale du système et ralentit de manière notable la navigation ».

Adobe n'est pas la seule fautive : Google ne faciliterait pas le développement de Flash sur Android et ralentirait donc son optimisation. Perlow note qu'Adobe sait arranger les choses quand elle a l'occasion : en travaillant main dans la main avec RIM, Adobe a co-développé un système entièrement dépendant de Flash et de AIR, BlackBerry Tablet OS, qui fonctionne plutôt bien. « Le point de vue technique de Jobs est donc à moitié vrai. Flash rame sur mobile et sur le Mac parce qu'Apple refuse de consacrer du temps et des efforts partagés avec Adobe pour l'optimiser. Malheureusement, […] Google en est aussi coupable à 100 % ».

Mais la vraie question, posée aussi par Steve Jobs, est celle de la pertinence de Flash à la fois comme conteneur vidéo et comme outil d'animation : « sans aucun doute, […] en tant qu'utilisateur d'iPad 2, Flash ne m'a jamais manqué ». Beaucoup de sites de streaming, si ce n'est quasiment tous, proposent désormais des flux H.264 QuickTime. Perlow ne voit qu'un seul domaine dans lequel Flash pertinent, celui des applications riches : Microsoft l'a bien compris et a réorienté Silverlight, son concurrent de Flash, vers les RIA.

Perlow conclut donc : « je ne suis pas convaincu que la compatibilité Flash sur les smartphones et tablettes, ni même sur les ordinateurs, est quelque chose dont on doive se préoccuper dans le futur. La plupart d'entre nous à l'air de très bien s'en sortir sans. Et cela doit sacrément inquiéter Adobe. »

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