Qui achète encore des iPod ?

Mickaël Bazoge |

Il y a quelques années, l’iPod représentait une part significative des revenus d’Apple. Avec l’avènement de l'iPhone, plus connecté, plus polyvalent, plus puissant, plus complet (mais aussi plus cher), le constructeur a enterré ses baladeurs au fin fond de la ligne comptable « Autres produits », où leur part ne cesse de se réduire. Et le lancement des nouveaux iPod cette semaine ne fera sans doute pas grand chose pour relancer les ventes de baladeurs (lire : Aperçu des iPod 2015 : de la madeleine dans les oreilles), tout particulièrement pour les nano et shuffle qui n’ont que de nouveaux coloris à offrir.

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Un ex-directeur de magasin Target (un équivalent américain de Darty) a dressé pour Birchtree d’intéressants portraits robot des acheteurs d’iPod. Il ne s’agit pas d’une étude scientifique, mais son expérience de trois ans dépeint une représentation du marché des baladeurs parfois étonnante. L’iPod touch représente, de loin, le baladeur le plus vendu de la gamme. Il est populaire parmi les plus jeunes, leurs parents achetant ce modèle pour que leurs progénitures puissent jouer (« Minecraft, particulièrement »), aller sur YouTube et écouter de la musique en streaming.

Quant à l’argument parfois entendu que l’iPod touch est un produit idéal pour appréhender l’écosystème iOS quand on possède un téléphone Android ou Windows Phone, cet ex-manager ne l’a « jamais vu en pratique ». Plus intéressant : les ventes d’iPod touch ont beaucoup fléchi quand Apple a commercialisé l’iPad mini 1G à 249 $. « Les jeunes adorent l’iPad, plus que ce que l’on peut imaginer ». Il y a là un point intéressant à creuser pour Apple qui peine à renouveler l’intérêt pour ses iPad.

Enfin, les moins jeunes sont aussi des clients, certes plus rares, de l’iPod touch. Ils peuvent en avoir besoin pour FaceTime avec leurs enfants ou leurs petits-enfants, sans vouloir payer l’abonnement mensuel qui vient avec l’iPhone.

L’iPod nano vise aussi cette population. L’ex-directeur explique qu’il n’a jamais vendu aucun de ces modèles à quelqu’un qui n’ait pas atteint la cinquantaine. Il y a encore des personnes qui ne veulent pas tous les flonflons d’un iPod touch, et qui n’ont besoin que d’un iPod basique pour écouter la musique qu’ils possèdent. L’iPod nano étant le seul baladeur traditionnel de la gamme (depuis la fin de la commercialisation de l’iPod classic), cette clientèle se tourne logiquement vers ce modèle.

L’argument geek selon lequel, pour 50 $ de plus, on peut s’offrir un iPod touch bien plus performant et polyvalent n’a aucun effet sur eux. Et celui qui voudrait que le nano soit un bon baladeur pour les parents qui ne veulent pas que leurs enfants aillent sur internet ne fonctionne pas du tout. Un mouflet de 10 ans ne possède pas de bibliothèque musicale « en dur ».

Enfin, le cas de l’iPod shuffle est vite évacué : il s’agit du baladeur que l’on offre et qui finira au fond d’un tiroir après une ou deux utilisations. Pour 49 $, le shuffle est effectivement un petit cadeau facile à faire, mais ses fonctionnalités très limitées n’intéressent à peu près personne « en première main ».

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