Apple et U2 : des détails sur le nouveau duo

Mickaël Bazoge |

Songs of Innocence, le cadeau fait par Apple et U2 aux 500 millions de possesseurs de comptes iTunes, n'a pas fait que des heureux. En premier lieu, les utilisateurs eux-mêmes, dont plusieurs se sont demandés ce que fabriquait un album de U2 dans leurs iPhone ou iPad sans avoir rien demandé (il est toutefois possible de s'en débarrasser, lire : « Qui est U2 ? » (et comment retirer leur album)). D'après Re/code, l'album a dépassé les 2 millions de téléchargements, un chiffre difficile à mettre en perspective : les utilisateurs ayant activé le téléchargement automatique se sont retrouvés avec les 11 morceaux sans avoir eu leur mot à dire.

L'affaire a également fait grand bruit du côté du classement Billboard (l'album n'y est pas répertorié même s'il s'agit du « plus grand lancement de l'histoire de la musique », a rappelé Tim Cook) et de l'organisation des Emmy Awards : Songs of Innocence n'aura pas droit de cité cette année, mais pour une simple question de date. Et c'est sans compter les critiques mitigées sur la qualité musicale de cette galette.

Guy Oseary, le manager de U2, s'est expliqué dans les colonnes du site Billboard sur ces controverses et sur le lien entre Apple et le groupe. Ce lancement inédit est le fruit d'une réflexion concernant le meilleur moyen de faire la une de l'actualité. Cela avait été le cas avec l'album de Beyoncé (une exclusivité iTunes) ou celui de Jay-Z avec Samsung : il s'agit d'obtenir le maximum d'impact et quoi de mieux que d'offrir l'album à « 7% de la population mondiale en appuyant sur un bouton ». Oseary estime que cette initiative, et celles qui l'ont précédée, va pousser les artistes, leurs managers et les maisons de disques à imaginer d'autres manières de pousser les gens à s'intéresser à leur musique. « Les possibilités sont infinies pour faire aujourd'hui des choses avec la musique et la performance ».

Le manager du groupe esquive la question sur l'implication de Jimmy Iovine dans ce deal à grande échelle - et dont le coût pour Apple a été estimé à 100 millions de dollars. Iovine fait « partie de la famille U2 » et il ne serait pas étonnant d'apprendre à l'avenir que le nouvel employé d'Apple a eu un rôle à jouer dans cette affaire. Oseary confirme les propos de Bono : Apple et U2 vont bien continuer à travailler ensemble, sur des projets concernant « la manière dont la musique est écoutée et l'innovation ». Robert Kondrk, vice-président d'iTunes en charge du contenu est l'interlocuteur privilégié du groupe. « Il y a encore beaucoup de choses à venir qui sont vraiment intéressantes ». « Le groupe souhaite vraiment pousser les gens à s'intéresser aux albums, il veut que les auditeurs supportent la forme artistique qu'est la jaquette et les paroles et le contenu vidéo, en profitant de la musique d'une manière différente qu'un fichier MP3 ».

Un des bienfaits de cet album gratuit est qu'il pousse les utilisateurs d'iTunes à s'intéresser aux autres productions de la bande à Bono. De fait, la discographie du groupe irlandais se porte bien dans le classement des galettes (un Best Of pointe à la troisième place sur le Store français). Quant à la grogne des revendeurs traditionnels qui vont devoir attendre le 14 octobre pour que l'album physique soit en vente, le manager promet 11 morceaux bonus, dont des acoustiques ainsi que 4 chansons inédites.

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