Netflix : la qualité décroche chez Free

Nicolas Furno |

Si vous êtes chez Free en ADSL ou fibre et que vous utilisez Netflix, vous l’aurez probablement remarqué : depuis quelques semaines, il est très difficile, voire impossible, de bénéficier de la meilleure qualité les soirs et week-end. Je le constate chez moi où je bénéficie de la fibre gigabit (environ 800 Mbit/s en vitesse réelle) et où je dois me contenter le plus souvent du 720p, quand la qualité ne décroche pas pour afficher de gros pixels bien visibles.

Netflix gère assez bien les changements de débits et le service s’assure que la vidéo continue d’être lue quoi qu’il arrive. De fait, je n’ai jamais eu de coupure au milieu d’un épisode ou d’un film, mais ces décrochages de qualité sont visibles et très désagréables. Surtout quand on veut profiter de la qualité technique des séries Netflix, puisqu’elle est souvent dans le haut du panier, comme en témoigne encore The Crown, la dernière en date.

Ces baisses de qualité sont confirmées par les mesures de débits moyens de Netflix chez les différents opérateurs. Sur le mois d’octobre 2016, Free a décroché avec un débit moyen d’environ 2,5 Mbit/s pour le service de vidéo, ce qui est moitié moins que le débit minimum recommandé pour du 720p. Les autres FAI sont tous au-dessus des 3 Mbit/s en moyenne. SFR en câble et Bouygues Telecom sont en tête du classement avec environ 3,7 Mbit/s en moyenne.

Les débits moyens de Netflix chez les FAI français : Free en vert a toujours été en bas de l’échelle, mais il est longtemps resté dans la moyenne. Ce n’est clairement plus le cas. Cliquer pour agrandir

Ces mesures concrètes ne sont pas nécessairement représentatives de mon cas, en fibre optique. Néanmoins, en moyenne, elles montrent que Free est mal relié aux serveurs de Netflix et c’est pourquoi l’opérateur a du mal à assurer une bonne qualité à ses clients. C’est particulièrement le cas en soirée et le week-end, quand une bonne partie des abonnés utilise le service et c’est un problème bien connu, puisque Free s’est déjà fait remarquer pour ses difficultés avec YouTube.

Dans un cas, comme dans l’autre, le souci est financier. Netflix est un très gros consommateur de données et Free ne veut pas payer pour les plus grosses connexions qui seraient nécessaires pour assurer une qualité de service exemplaire. Dans le détail, l’entreprise de Xavier Niel n’a pas signé d’accord de peering pour connecter directement son réseau à celui de Netflix et toutes les connexions passent par Cogent et donc par les États-Unis.

Alors même que Netflix dispose de serveurs en France, le flux vidéo affiché sur une télévision française doit traverser l’Atlantique chez Free, pas chez ses concurrents. Voici ce qui explique la différence et on suppose que le FAI ne veut pas céder gratuitement. Dans le cas de YouTube, Google et Free ont fini par signer un accord, sans doute quand le géant américain a accepté de négocier et de prendre à sa charge une partie des frais nécessaires.

En sera-t-il de même pour Netflix ? On peut l’espérer, mais en attendant, les clients en pâtissent avec des bouillies de pixels régulièrement. Et quand on en juge à l’importance que prend le service de SVOD, c’est un pari risqué pour Free, surtout que ses concurrents payent déjà pour offrir la meilleure qualité possible. Free vient de signer un partenariat avec Canal pour une offre combinée, ce qui n’est peut-être pas un bon signe malheureusement…

Accédez aux commentaires de l'article