Warner Music gagne de l'argent avec la musique dématérialisée

Anthony Nelzin-Santos |

Les résultats trimestriels de Warner Music Group confirment la tendance globale du marché de la musique : les ventes ne diminuent plus, la croissance de la musique dématérialisée compensant désormais la chute du CD (lire : États-Unis : les ventes de musique en hausse pour la première fois en cinq ans). Ainsi, les ventes sont restées stables à 780 millions de dollars ; mais pour la première fois, Warner a vendu aux États-Unis plus de musique en ligne que de musique sur support physique.

Ce rapport de forces n'est valable qu'en volume : la majorité des ventes en ligne étant générées par le morceau à l'unité, produit le moins rentable de toute l'industrie, la musique dématérialisée ne représente que 28 % du chiffre d'affaires de Warner. Mais sa croissance est forte, de l'ordre 17 % de ce trimestre, et permet d'espérer que le dématérialisé prenne le relais du physique d'ici la fin de l'année, une hypothèse formulée aussi en France (lire : iTunes et Spotify sauvent le marché français de la musique).

Tous les segments du dématérialisé ne se valent cependant pas : Spotify et les services de streaming se distinguent à nouveau par leur forte croissance (36 %), mais aussi par des revenus très faibles (15 millions de dollars). En comparaison, le téléchargement croit certes à un train de sénateur (15 % tout de même), mais génère déjà plus du quart du chiffre d'affaires de la Warner (205 millions de dollars). L'écrasante majorité des revenus du téléchargement proviennent d'iTunes, ce qui n'est pas du goût de la Warner, qui cherche à réduire sa dépendance au magasin d'Apple : son PDG Steve Cooper parie sur le fort développement des services de streaming, qui rapportent 120 $ par utilisateur et par an, une somme supérieure à celle des achats annuels de chaque client d'iTunes.

120 $, c'est aussi largement plus que les 29 $ demandés par Apple pour iTunes Match. Mais dans ce cas présent, les majors touchent de l'argent sur de la musique piratée, et touchent doublement sur de la musique légalement acquise (lire : iTunes Match : Apple paie pour tous les morceaux). Et le système fonctionne déjà, alors que les services de streaming peinent encore à atteindre une masse critique leur permettant d'avoir un impact réel sur l'économie du marché de la musique. Streaming et téléchargement ne seraient cependant pas concurrents, mais complémentaires : Spotify, Deezer et les autres serviraient de premier pas sur le chemin de la conversion des pirates en clients.

[Via PaidContent]

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