Musique : le streaming domine en France et le vinyle tient la forme

Florian Innocente |

En l'espace de 7 ans, la vente de musique numérique en France a complètement inversé son profil grâce au streaming qui s'est imposé au point de devenir un mode d'écoute transgénérationel. Il n'a toutefois pas fait céder les amateurs de vinyle qui continuent d'acheter disques et platines.

Image : Spotify

Il y a dans l'Hexagone 20 millions de consommateurs de streaming audio dont 12 millions abonnés aux formules de streaming payantes (un bond de 27 % comparé à 2019). Ce mode d'accès facturé a représenté, pour la première fois, un peu plus de la moitié du chiffre d'affaires de la vente de musique l'année dernière.

Sur le CA 2013 des ventes de musique au format numérique (supports physiques comme dématérialisés), les CD/DVD représentaient 73 % des moyens d'écoute et le téléchargement 14 %. Le streaming payant et le gratuit financé par la pub totalisaient alors un maigre 11 %.

Dans le bilan 2020 présenté par le Snep (Syndicat national de l'édition phonographique), les derniers sont devenus les premiers. Le quart s'est transformé en trois-quart avec 69 % pour le streaming (53 % en payant, 16 % en gratuit). La vente de musique, comme au bon vieux temps de l'iTunes Music Store, a été laminée. Elle ne représente presque plus rien, avec 3 % contre encore 18 % en 2016.

En vert la part des CD, en rouge celle du téléchargement, en orange le streaming payant et en gris foncé le gratuit

Lorsqu'on considère tous les supports d'accès à la musique enregistrée — payant, gratuit, CD, streaming… — l'écoute à la demande a pesé à elle seule pour 69 % du chiffre d'affaires 2020, soit 453 millions d'euros sur un total de 658 millions. C'est 20 % de revenus en plus qu'en 2019.

Un chiffre qui est une autre illustration de cette révolution des usages : ce chiffre d'affaires global des ventes n'a cessé de baisser depuis 2002 — époque où les supports physiques régnaient de manière absolue — et totalisaient 1,43 milliard de CA. Avec ses 658 millions, l'année 2020 n'est pas mauvaise, du point de vue du Snep, mais le syndicat souligne que ce secteur revient à peine au niveau de 2008.

Des streamers de tous les âges

Quel est le profil de cette population qui a généré 85 milliards de streams audio et vidéo en 2020 ? Il n'y a pas de grand fossé générationnel comme on aurait pu s'y attendre. Il y a des tout jeunes comme des seniors qui prisent ce mode d'écoute, mais évidement les proportions varient. 27 % ont moins de 25 ans, la tranche des 25/54 ans représente 48 % et les 55 ans et plus sont tout de même 25 %.

Le challenge est d'amener davantage de ces utilisateurs les plus âgés vers les formules payantes, car ce sont eux qui renâclent le plus à s'abonner. Contrairement à la tranche des 16/34 ans qui est de loin la plus importante chez les clients payants (merci les formules familiales).

Cette écoute de musique via les plateformes de streaming est devenue prépondérante pour 40 % des français, la radio restant en tête à partir de 45 ans.

Enfin, pour ceux restés amoureux du vinyle, le rapport observe une progression continue de ses ventes dans la section des supports physiques. Il s'est écoulé 4,5 millions de galettes noires en 2020 (500 000 de plus qu'en 2019) — et ce dans tous les genres musicaux — pour un CA de 51,1 millions d'euros. 191 000 platines ont trouvé preneur l'année dernière.

Les fans du disque microsillon ne sont pas tous de vieux nostalgiques d'une époque supposément révolue, puisque 40 % de ce chiffre d'affaires a été réalisé par des moins de 35 ans, c'est davantage que les plus de 55 ans qui ont pesé pour 35 %. On ne s'en étonnera guère, lorsqu'on n'a pas connu les platines d'antan, ni le toucher physique de ce support, ni ce petit craquement qui précède l'arrivée de la musique, l'effet curiosité doit jouer à fond.

Accédez aux commentaires de l'article