WhatsApp se prépare à l'interopérabilité en Europe

Florian Innocente |

Un élément d'interface dans une bêta de WhatsApp sur Android montre que la filiale de Meta planche sur l'interopérabilité entre messageries réclamée par Bruxelles.

Le site spécialisé WabetaInfo a trouvé dans la dernière bêta en date de WhatsApp sur Android un élément d'interface pour diriger l'utilisateur vers les conversations de tierces parties (« Third-party chats »). En clair, les échanges que l'on aura avec des messageries concurrentes de WhatsApp. Il n'y a rien de plus et cette section n'est pas encore visible par les bêta-testeurs. Mais cela démontre que ce chantier a au moins déjà quelques briques. Et pour cause.

Au début du mois, la Commission européenne a désigné 6 grands groupes — des « contrôleurs d'accès/Gatekeeper » — soumis à sa nouvelle réglementation des marchés numériques. Dans la catégorie des messageries instantanées, Meta a fait un doublé puisqu'il est le seul cité avec les services de chat de Messenger (Facebook) et WhatsApp. Apple de son côté a obtenu un sursis de 5 mois, le temps que Bruxelles décide, à l'issue de son enquête, si oui ou non iMessages tombe sous le coup du texte.

Bruxelles surveillera 6 contrôleurs d'accès, iMessage d'Apple obtient un sursis

Il ne faut pas attendre une ouverture de WhatsApp dans un avenir immédiat, cela risque de prendre du temps. Meta a maintenant deux ans pour assurer une interopérabilité basique d'échange de messages textuels, chiffrés de bout en bout, entre deux personnes ainsi que le partage d'images, de messages vocaux, de vidéos ou de fichiers joints d'un groupe vers un utilisateur individuel. Dans un délai de quatre ans, devront être gérés les appels vocaux et vidéos.

Source : Commission européenne

Ensuite, l'interopérabilité se fera avec… qui veut bien en profiter. Lorsque Meta aura publié les éléments techniques permettant un échange (sécurisé) avec ses messageries, les plateformes concurrentes pourront les exploiter, ou pas. Signal, par exemple, pourrait faire une demande à Meta d'utilisation de ses API (qui aura le droit de la refuser s'il juge que cette connexion ne satisfait pas aux niveaux de sécurité attendus) et recevoir, dans un délai de deux mois, les éléments techniques.

À l'inverse, rien n'oblige un concurrent de WhatsApp ou Messenger à réclamer l'accès aux fonctions d'interopérabilité de ces deux services, si ce n'est pas dans son intérêt. Apple n'a jamais faire montre de sa volonté de rendre iMessages plus ouvert et si, en définitive, Bruxelles ne la contraint pas, rien ne changera.

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