L’ambiance dans la téléphonie mobile entre les différents acteurs est toujours aussi conviviale. Les Échos rapporte que Martin Bouygues a déclaré en privé « Ça prendra un, deux, voire trois ans, mais je tuerai Free ».
Difficile d’imaginer avec de telles rancœurs que les deux sociétés ont vraiment essayé de trouver un accord capitalistique. Mais le message que le numéro trois de la téléphonie mobile a souhaité faire passer hier avec l’annonce de son plan social, c’est que Bouygues Telecom met tout en œuvre pour continuer en solo (lire : Bouygues Telecom continue seul son chemin de croix).
Bouygues Telecom ne ferme cependant pas totalement la porte à une opération de grande ampleur. Mais sachant que les différentes négociations n’ont pas abouti, l’opérateur veut se donner la chance de réussir avec ses propres moyens.
Invité de BFM Business, Olivier Roussat a défendu son plan qui a pour ambition de remettre Bouygues Telecom sur de bons rails. Pour réussir, le PDG veut à la fois être agressif sur le plan commercial tout en proposant une offre de qualité.
Bouygues prépare son offensive sur la fibre
Olivier Roussat a confirmé que son groupe allait continuer à être très agressif sur le fixe. Se félicitant que son offre à 19,90 € avait permis de gagner 100 000 abonnés en mars, le PDG de Bouygues veut désormais s’attaquer à la fibre optique (lire : Bouygues Telecom plus agressif sur la fibre dès le 30 juin). Une annonce sera faite dans ce sens le 26 juin avec la présentation d’une nouvelle box qui sera à la fois plus puissante et plus ouverte. Sachant que Bouygues veut appliquer la même recette à la fibre qu’à l’ADSL, les prix devraient également être en baisse.
L’objectif de Bouygues Telecom est clair : faire du volume. Pour y parvenir, l’opérateur va agrandir le périmètre où ses offres sont disponibles. Concernant la FTTH, l’offre que lancera Bouygues fin juin profitera d’ailleurs des co-investissements réalisés dans le passé avec SFR et qui jusque-là n’avaient pas été commercialisés, soit 1,7 million de prises.
Rester leader sur la 4G devant Orange
Autre objectif annoncé d’Olivier Roussat : faire en sorte que Bouygues Telecom garde sa place de leader sur le marché de la 4G. Alors que l’écart se réduit avec Orange en matière de couverture (69 % pour Bouygues contre 60 % pour l’opérateur historique), Olivier Roussat s’est voulu rassurant. Là encore, le numéro trois de la téléphonie mobile fera des annonces la semaine prochaine.
Olivier Roussat a été assez flou sur le sujet, il a déclaré : « On a fait des choix audacieux en 2011, on a acheté beaucoup de fréquences, et bien on va les utiliser ». Après avoir bâti son réseau sur la bande des 1800 MHz, Bouygues va-t-il (enfin) utiliser massivement les autres bandes à sa disposition ? En février dernier, Bouygues Telecom avait promis qu’il lancerait la LTE Advanced en juin.
La LTE Advanced est souvent surnommée la "vraie 4G". Elle fonctionne par l'agrégation de deux bandes de fréquences (prises au sein du trio 800, 1800 ou 2600 MHz) et s'appuie sur le parc d'antennes existantes. Elle prévoit des débits maxi théoriques de 300 Mbps, le double théorique de la 4G telle qu'on la pratique aujourd'hui. Dans les faits, c'est évidemment moins. Dans son annonce, Bouygues avait dit avoir atteint les 182 Mbps et annonçait un déploiement dans un premier temps sur Lyon et Bordeaux. Encore faut-il avoir des terminaux compatibles…
Bouygues veut réussir sans sacrifier son ADN. La relation client a longtemps été le point fort de l’opérateur et la société souhaite rapatrier en France son centre d’appel. Et c’est également pour cela que Bouygues ne souhaite pas faire de coupes claires dans son réseau de boutiques.
Alors, est-ce que Martin Bouygues réussira son pari de tuer Free ? N’est-il déjà pas trop tard ? Quoi qu’il en soit, il ne serait guère étonnant que les discussions entre les opérateurs repartent de plus belle à l’avenir. À l’instant même où nous écrivons ces lignes, Arnaud Montebourg a encore déclaré vouloir défendre « une stratégie de consolidation et de retour à 3 opérateurs pour arrêter la spirale destructrice dans le secteur ».