4G en outre-mer : un appel à candidatures pas si favorable à la concurrence ?

Stéphane Moussie |

Fin janvier, le gouvernement a lancé un appel à candidatures pour la 4G en outre-mer. Des fréquences dans les bandes 800 MHz et 2,6 GHz (en plus de celles encore disponibles dans les 900 MHz, 1800 MHz et 2,1 GHz) seront attribuées aux opérateurs sélectionnés pour déployer le très haut débit mobile en Guadeloupe, en Guyane, à La Réunion, en Martinique, à Mayotte, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy.

Outre améliorer l'expérience mobile, l'arrivée de la 4G est aussi présentée par l'ARCEP comme une occasion d'instaurer une « concurrence effective et loyale sur le marché mobile au bénéfice de l’utilisateur [...] avec des offres attractives. » Les ultramarins en ont bien besoin ; les tarifs sont sans commune mesure avec ceux de la métropole. Pour prendre un exemple parmi d'autres, le forfait Orange 4 Go (en H+) avec appels et SMS illimités coûte 79 € par mois à La Réunion.

Pour faire baisser les tarifs, l'ARCEP met notamment en avant qu'un quatrième opérateur pourrait faire son entrée sur le marché. « Si les fréquences sont à un prix aussi bas, c'est pour donner une chance à la concurrence, la seule option pérenne pour obtenir des prix satisfaisants pour le consommateur. Le jeu doit être ouvert et un quatrième opérateur peut même faire son entrée sur le marché », a déclaré son président à un journal réunionnais.

Cependant, selon certains, toutes les conditions ne sont pas réunies pour qu'un quatrième opérateur mette son grain de sel. Un acteur du marché qui tient à garder l'anonymat pointe que les bandes de fréquences 800 MHz impératives pour avoir un réseau compétitif (elles portent plus loin) ne seront attribuées qu'à trois opérateurs, et pas quatre. Selon lui, cela n'encouragera pas un nouvel opérateur à se lancer, puisqu'il partirait avec un désavantage concurrentiel important.

L'ARCEP explique cette répartition de la manière suivante :

il n’apparait pas justifié de séparer la bande 800 MHz en quatre blocs, car cela créerait des blocs de 5 MHz qui donneraient accès à des débits relativement faibles en comparaison de ce qui est attendu du déploiement des réseaux 4G.

Pour cet acteur, il s'agit d'un « argument d'autorité sans réel fondement technique ». Une autre répartition à quatre opérateurs aurait été possible comme cela a été le cas en métropole, estime-t-il. Par exemple, 10 MHz pour deux lauréats (soit un débit allant jusqu'à 80 Mbit/s) et 5 MHz pour les deux autres (débit jusqu'à 40 Mbit/s).

De plus, l'appel à candidatures ne précise aucune contrainte pour partager les sites déployés. Un nouvel entrant sera donc a priori obligé de déployer son réseau en propre.

Ces deux éléments vont-ils véritablement contrarier l'arrivée d'un quatrième opérateur en outre-mer ? Réponse dans les prochains mois. Les acteurs intéressés ont jusqu'au 10 mai pour déposer leur dossier.

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