La 5G, Orange « y croit », mais souhaite un rythme de déploiement « allégé »

Stéphane Moussie |

« Nous serons parmi les premiers dans la 5G car nous y croyons, contrairement à d'autres, manifestement. » Dans une interview au journal Les Échos, le patron d'Orange ne se prive pas d'envoyer une pique à Bouygues Telecom et SFR qui ont tenté de freiner, en vain, les enchères pour la 5G — celles-ci auront lieu fin septembre.

Orange veut apparaître comme chef de file de la 5G… sans trop se presser non plus. « Commercialiser la 5G alors que les smartphones compatibles ne sont pas encore très présents n'a pas beaucoup d'intérêt. Nous irons à bon rythme, sans se précipiter », fait valoir Stéphane Richard. Le catalogue de smartphones compatibles, encore assez maigre il est vrai, devrait prendre une nouvelle ampleur cet automne avec l'arrivée des iPhone 12.

Stéphane Richard en 2013. Image LeWeb (CC BY).

Interrogé sur le prix des fréquences 5G, qui coûteront au minimum 2,17 milliards d'euros aux opérateurs, le patron d'Orange répond qu'il aurait préféré qu'il soit plus bas, mais selon lui « s'il faut changer quelque chose, c'est plutôt au niveau du rythme de déploiement de la 5G ; il faudrait l'alléger. » Un désir déjà pris en compte par l'Arcep : l'autorité a levé l'obligation de lancer des offres commerciales dans au moins deux villes par opérateur avant la fin 2020.

Un autre enjeu autour de la 5G pour les opérateurs est le prix des nouveaux équipements. Y a-t-il un risque que les prix augmentent si Huawei est interdit en France ? Stéphane Richard n'est pas inquiet à ce sujet : Orange a choisi de s'équiper chez Nokia et Ericsson et « les contrats sont signés et les tarifs ne bougeront pas quoiqu'il arrive. »

En revanche, Bouygues Telecom se fait du mouron. Près de la moitié de son réseau 4G est constitué d'équipements Huawei. Si l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information décidait d'exclure le fabricant chinois du marché français, faute d'interopérabilité avec les antennes de Nokia ou d'Ericsson, Bouygues devrait remplacer tout ou partie de ses installations Huawei pour passer à la 5G. « C'est un changement de la règle du jeu auquel nous nous plierons, mais pas sans réclamer une indemnisation car il nous porterait préjudice », déclare Didier Casas, directeur général adjoint de Bouygues Telecom, au Journal du Dimanche.

Pour en revenir à Orange, Stéphane Richard voit de nouvelles opportunités se dessiner pour son groupe « dans les télécoms à l'international, en particulier en Afrique ; dans nos autres métiers — la cybersécurité ou la transformation digitale des entreprises — ; ou même sur de nouveaux métiers, comme la santé. » Orange Business Services a déjà monté un pôle santé et le développement de la télémédecine donne des idées à l'opérateur. « Nous sommes prêts à étudier toutes les opportunités, que ce soient des rapprochements avec des acteurs de la santé ou des partenariats », indique Stéphane Richard.

Concernant la fibre optique, le dirigeant estime qu'il faudra du temps pour que le déploiement reprenne un rythme normal compte tenu des mesures sanitaires. D'après lui, les retards seront largement supérieurs à trois mois.

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