Les opérateurs ne diraient pas non à des forfaits plus chers

Florian Innocente |

La tentation d'augmenter les prix des forfaits téléphoniques est grande chez les opérateurs, dont la fédération qui en représente les principaux souligne le décrochage entre ce que payent les clients français et la qualité de services proposée.

« Il faut que les Français paient le juste prix pour un service exceptionnel qui leur est offert » a déclaré au Monde Arthur Dreyfuss, président de la Fédération Française des Télécoms (FFT) et Secrétaire Général de SFR, qui regroupe plusieurs acteurs français et étrangers du secteur, excepté Iliad. Un abonnement télécom mensuel revient au prix d'une pizza, illustre le responsable qui déplore les coûts auxquels sont confrontés les opérateurs.

Un constat qui s'appuie sur le rapport d'étude économique 2021 de la FFT. Il dresse un bilan général des usages et des investissements. La France est à la première place des principaux pays européens (avec le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie) pour le taux de dépense dans les réseaux des opérateurs, avec 11,5 milliards d'euros cette année (3,2 milliards dans le mobile, 8,3 milliards dans le fixe). Une progression quasi constante depuis 10 ans et plus marquée encore cette année (il y a eu pour 2,8 milliards d'achats de fréquences).

Source : FFT

En contrepartie l'Hexagone est aussi à la première place des forfaits les moins chers. En France, une offre triple play revient en moyenne à 22 € par mois contre 25 à 45 € chez les voisins et jusqu'à 108 € aux États-Unis.

Sur le mobile, la France est bien placée également, avec une moyenne de 13 € pour un forfait et un prix du giga-octet à 0,19 €. Seule l'Italie fait mieux avec 10 € et 0,20 €/Go.

Les raccordements aux lignes haut-débit ne cessent de progresser avec 31 millions de locaux à ce jour et un rythme de 400 000 supplémentaires par mois en 2020. Pour autant, le chiffre d'affaires des opérateurs n'a augmenté que de 5 % en dix ans et ce marché ne connaît pas de croissance forte malgré la pression exercée sur les infrastructures, entre l'explosion des usages mobiles et fixes ou ceux entrainés par le recours au télétravail depuis un an.

Si les prix des abonnements fixes, poussés par les accès haut débit, ont augmenté en moyenne de 6,2 % — chiffres de cet été comparé à 2020 — ils ont baissé de 1,7 % sur les forfaits mobiles.

Cela pourrait changer à terme et la facture mobile s'alourdir. Mais aucun des quatre opérateurs ne se lancera seul et brutalement. Si montée en gamme des prix il y a, ce sera progressivement chez tout le monde.

La FFT avance d'autres pistes pour corriger cette distorsion entre ses coûts et ses recettes. La fiscalité d'abord, qu'elle juge trop lourde pour ses adhérents et qu'elle oppose à celle qui frappe — trop modérément à son goût — d'autres grands acteurs du numérique comme les fabricants des terminaux, les plateformes de streaming ou les services web.

Certains de ces protagonistes — Netflix, Amazon, Google — peuvent remplir les tuyaux des opérateurs français jusqu'à 80 % certaines fin de journée. « Elles doivent prendre leur part, et nous ne manquons pas d’idées sur la manière de les faire participer » plaide Arthur Dreyfuss.

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