Test de l'Amazon Kindle Touch

Anthony Nelzin-Santos |

Certes, le Kindle Touch d'Amazon n'est pas disponible en France. Mais on peut se le procurer facilement sur des dizaines de sites Web, et c'est la première liseuse tactile d'Amazon — elle mérite bien un test. Jeff Bezos ne voulait pas entendre parler du tactile, mais a dû céder à la pression des concurrents : à tort ou à raison ? La réponse dans notre test.

Le Kindle a résolu sa crise d'acné
Le Kindle 2011, qui a abandonné son clavier, était déjà très sobre (lire : Aperçu complet du Kindle 2011). Le Kindle Touch, lui, est carrément dépouillé : ne serait-ce le logo Kindle surmontant l'écran, on serait bien en peine de comprendre de quoi il s'agit. La bordure, suffisamment large pour permettre une bonne préhension, comporte aussi un bouton d'accueil composé de quatre bandes de silicone au toucher agréable et franc.

Le bouton d'accueil n'est pas le seul bouton du Kindle Touch, qui en possède un deuxième, celui de mise en veille, sur la tranche inférieure. Il est accompagné par un port micro-USB et une prise jack. Le premier est utile pour la recharge (Amazon fournit le câble idoine, mais oublie désormais le chargeur) et la synchronisation manuelle. La deuxième permet d'écouter des livres audio ou la synthèse vocale des livres numériques, une fonction qui n'est plus présente sur le « simple » Kindle.

Vous pouvez aussi utiliser ces fonctions avec les deux hauts parleurs faiblards placés sur la face arrière du Kindle, composée de deux matériaux : un gris foncé mat qui entoure l'appareil, et un gris plus clair, métallique, que l'on retrouve sur la façade. Le contraste permet à l'appareil d'assez bien tenir en mains. Notez, en bas, les deux contacts qui permettent d'alimenter la lampe de la housse Amazon pour Kindle Touch.

L'ensemble est légèrement plus épais et plus lourd que le Kindle : 1,02 cm contre 0,86 cm et 213 g contre 170 g. L'épaisseur n'est pas un problème, bien au contraire : le Kindle 2011 semble parfois trop fin, et ce Kindle Touch tient généralement mieux en mains. Le poids, lui, peut parfois se fait sentir. Certes, le Kindle avec clavier était plus lourd, mais si vous avez pris l'habitude d'utiliser un Kindle 2011, vous sentirez immanquablement les 40 grammes de plus. On est loin, très loin des 600 g de l'iPad qui finissent par tomber des mains, mais dans cette catégorie, chaque gramme compte.

Il est difficile de justifier ce poids supplémentaire par la batterie légèrement plus volumineuse : l'autonomie de quelques semaines à un mois du Kindle 2011 n'a jamais été un problème. Le Kindle Touch devrait doubler ce temps — du moins en théorie.

Un écran tactile lisible en plein soleil
L'écran utilise toujours la technologie eInk Pearl, et mesure toujours 6" de diagonale — mais cette fois, et pour la première sur un Kindle, il est tactile. Jeff Bezos, le PDG d'Amazon, avait toujours refusé les écrans tactiles, car ils signifiaient l'ajout d'une couche légèrement brillante, parasitant donc la lecture. Comme la plupart des liseuses, le Kinde Touch utilise une autre technologie, l'écran tactile à infrarouges : une bande de LED infrarouge est disposée tout autour de l'écran.

Comme cette technologie particulière de reconnaissance tactile n'utilise pas l'écran lui-même, on peut utiliser non seulement son doigt pour tourner les pages, mais aussi un stylet… ou n'importe quel objet interceptant les rayons infrarouges. On a ainsi réussi à tourner des pages — involontairement — avec le bout d'une manche qui traînait au bout des doigts. Comme il faut qu'il soit entouré par cette bande de diodes, l'écran est enfoncé de quelques millimètres, ce qui provoquer quelques ombres selon la position de la source lumineuse, et peut être désagréable lorsque l'on tourne les pages.

Comme d'habitude avec les écrans eInk, qui plus est ceux utilisant la technologie Pearl, le confort de lecture est au rendez-vous : il n'y aucun rétroéclairage fatiguant, aucun reflet gênant, et l'on peut parfaitement lire en plein soleil — mais forcément pas dans la pénombre. Le vrai papier reste toujours un cran au-dessus, il faut le dire, mais on s'en rapproche.

Un des principaux problèmes des écrans eInk est leur fréquence de rafraîchissement, faible. Comme d'autres fabricants, Amazon contourne ce problème, dans le système Kindle 4.0, en ne rafraîchissant plus l'intégralité de l'écran (flash noir) que toutes les 3 à 4 pages. Tourner une page est alors plus rapide, mais l'écran n'étant plus remis à zéro à chaque page, un phénomène de rémanence peut apparaître : on voit des traînées de texte, comme l'on voit le texte de la page suivante en filigrane sur les livres de poche au papier trop fin. La dernière mise à jour du système permet de désactiver cette fonction : l'écran est rafraîchi à chaque page, ce qui ralentit la lecture, mais évite tout parasite.

Une interface qui se manie du bout des doigts
L'écran étant tactile, on tourne évidemment les pages avec. Traditionnellement, on appuie à droite pour avancer, à gauche pour reculer, et au milieu pour appeler le menu. Amazon fait les choses différemment : la zone pour avancer prend 90 % de l'écran, une petite bande à gauche permettant d'aller en arrière. Il faut taper en haut de l'écran pour convoquer le menu. L'ensemble est plutôt bien pensé, et est utilisable aussi bien de la main gauche que de la main droite.

Plutôt que de taper dans ces zones définies pour tourner une page, on peut aussi balayer, n'importe où à l'écran. Un balayage de gauche à droite permet d'avancer, un autre de droite à gauche permet de reculer. On peut aussi sauter de chapitre en chapitre avec des balayages verticaux, une mauvaise idée : on se retrouve à soudainement sauter 50 pages… pour avoir voulu enlever une poussière de l'écran !

Très franchement, ce n'est pas pour la lecture que le tactile s'avère utile — pire, il s'avère plutôt inutile, voire gênant (traces de doigts, déclenchements involontaires). Mais pour toutes les autres opérations, il s'avère indispensable. Il rend la navigation dans les menus bien plus simple, d'autant que le taux de rafraîchissement de l'écran est assez bon.

Le clavier tactile, que l'on peut utiliser aux deux pouces, est certes extrêmement basique, mais la détection des touches est sans faille et après un temps d'adaptation, la saisie devient très rapide.

Grâce à l'écran, on peut aussi sélectionner des mots ou des phrases, pour créer une note, surligner, ou obtenir une définition. Le système de définitions a d'ailleurs été amélioré avec la fonction X-Ray. Un certain nombre de livres (la biographie de Steve Jobs par exemple) embarquent des informations sur les lieux, les personnages et l'intrigue, accessibles hors-ligne. X-Ray permet d'en obtenir un aperçu complet : fréquence des mentions d'un personnage dans le livre, un chapitre ou la page ; informations détaillées sur ce personnage ou un lien, etc. C'est un gros index avec des fonctions avancées.

Une note sur les publicités
Sachez que si vous commandez le Kindle Touch auprès d'un revendeur, vous aurez certainement une version « with offers » moins chère, mais avec des publicités. Celles-ci n'apparaissent pas tant que vous n'avez pas activé votre compte Kindle. Elles s'affichent ensuite sur l'écran de veille, et sous la forme d'une bannière sur l'écran d'accueil — jamais dans le livre, et jamais lors de lecture, d'une manière ou d'une autre. Ces publicités sont d'un intérêt extrêmement limité, encore plus hors des États-Unis, mais ont au moins l'intérêt d'être faciles à oublier.

Pour conclure
Le Kindle Touch est donc… un Kindle tactile. On doit avouer que l'intérêt de l'interface tactile est assez limité : si votre principale activité est la lecture avec quelques passages surlignés sans notes, préférez le Kindle tout simple, moins cher, plus léger, et qui possède le même écran. Le tactile ne sera utile qu'à ceux qui prennent beaucoup de notes et passent leur temps à utiliser d'autres fonctions, comme le navigateur expérimental, les quelques jeux, ou le Kindle Store intégré.

Passé ces considérations, il faut néanmoins remarquer que le Kindle Touch est une bonne liseuse tactile, servie par un écosystème sans faille : le Kindle Store est une mine d'ouvrages gratuits et payants, en français et dans d'autres langues, et on peut toujours ajouter ses propres livres au format Mobi. Le tactile est réactif, et bien suivi par un écran assez rapide. Bref, ce Kindle Touch est une réussite, mais il vient augmenter la gamme sans éclipser le Kindle, qui garde toute sa pertinence.

Note

Les plus :

  • Très bonne liseuse
  • Tactile plutôt réactif
  • Bon écran eInk Pearl

Les moins :

  • Un peu lourd
  • OS en anglais et clavier QWERTY
  • Pas disponible (facilement) en dehors des Etats-Unis
8.5
10

Prix :
99 $ (prix en € variable)

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