Casque : test du Focal Spirit One S

Anthony Nelzin-Santos |

Fallait-il changer le Spirit One, pourtant l’un des meilleurs casques à moins de 200 € ? Focal semble le penser, ajoutant un S à son nom pour signifier sa nouvelle signature sonore « résolument urbaine » avec « un niveau de grave renforcé ». Le fabricant stéphanois fait-il « du Beats », au risque de rompre le bel équilibre de son casque d’entrée de gamme ? La réponse dans notre test.

Le jeu des S erreurs

Au premier coup d’œil, le Spirit One S ressemble comme deux gouttes d’eau au Spirit One. Et c’est tant mieux, tant l’esthétique Focal, ni « urbaine » ni « classique », ni sobre ni ennuyeuse, marquée sans être agressive, est une réussite. Mais c’est au premier coup d’œil seulement : le fabricant stéphanois a revu en profondeur la conception de son casque d’entrée de gamme.

Focal utilisait du plastique jusqu’aux rotules du Spirit One, un choix qui ne pouvait pas être justifié par le prix quand d’autres arrivent à utiliser du métal à moins de 100 €. Et de fait, le fabricant a réussi à remplacer le plastique par de l’aluminium anodisé sans faire grimper la facture — le Spirit One S est non seulement nettement plus solide que son prédécesseur, mais il coûte 20 € de moins.

Exit le plastique, place à l'aluminium anodisé : le Spirit One S est le digne petit frère des Spirit Classic et Spirit Professionnal. Il est fourni avec un câble amovible qui perd malheureusement ses boutons de réglage du volume, et une pochette de transport souple.

Tout dans le Spirit One S évoque le Spirit Classic, de la légère teinte bistre de ses oreillettes à la fermeté de ses articulations. Les craquements du Spirit One étaient indignes d’un casque à 200 €, la superbe finition du Spirit One S semble être un cadeau à 179 € : il « fait » plus cher qu’il ne l’est… mais ça ne veut pas dire qu’il est parfait. On peut par exemple regretter la disparition des boutons de réglage du volume du câble d’un casque qui se veut nomade — il s’agit, officiellement, d’être compatible avec les appareils Android et Windows Phone.

Le confort reste aussi un point ouvert à débat : il est en net progrès, c’est incontestable, mais le Spirit One S impose encore trop sa présence. Désormais presque aussi lourd que le Spirit One Classic (280 grammes), il ne bénéficie pas du même rembourrage, mais souffre de la même rigidité excessive. Même en détendant un peu l’arceau, même en prenant du temps à régler la hauteur et l’angle des oreillettes, on ne peut tout à fait supprimer les points de pression au sommet du crâne et (surtout pour les porteurs de lunettes) en haut des oreilles.

S comme son

Mais le Spirit One S n’est sans doute pas fait pour être porté aussi longuement que le Spirit One Classic, et on parvient sans peine à bien « fermer » ce casque circum-aural. De quoi analyser dans les meilleures conditions ce que Focal veut dire par « niveau de grave renforcé ». Le son très neutre du Spirit One ne souffrait que d’un seul défaut, ses médiums légèrement en retrait. Et c’est précisément à ce niveau que le fabricant stéphanois est intervenu.

Si Focal a véritablement retravaillé les basses, c’est sans doute de manière si subtile que la différence est inaudible. Au contraire, la différence entre le Spirit One et le Spirit One S dans le bas médium est claire et nette : le creux s’est transformé en légère bosse, sans que ce registre n’écrase les autres. Focal ne fait pas « du Beats », elle s’est contentée de régler ce qui pouvait passer pour un défaut du Spirit One : le Spirit One S n’est pas un casque « basseux », c’est un casque dont l’équilibre a encore été renforcé.

Le doublage rouge caractéristique du casque d'entrée de gamme de Focal. Les oreillettes ont été élargies de 7 mm : le confort a été amélioré au détriment de la portabilité, mais le Spirit Classic reste un cran au-dessus pour des sessions d'écoute prolongée.

De fait, le Spirit One S peut rivaliser avec le Spirit Classic, même s’il n’a pas tout à fait le même profil. Sa spatialisation n’est pas aussi bonne, il n’est pas aussi prompt à répondre aux variations les plus extrêmes, mais ses tranduscteurs de 40 mm lui confèrent le même punch, la même maîtrise de l’ensemble du spectre, la même résistance aux distorsions. Il s’accomode peut-être un peu mieux des fichiers AAC issus d’iTunes Match, même si c’est toujours devant des fichiers Lossless et derrière un DAC qu’il révélera toutes ses qualités.

D’une certaine manière, le Spirit One S gagne en présence et en densité, notamment lorsque l’on écoute des podcasts ou du rock, mais pas seulement (cf. la liste de lecture utilisée pendant ce test). Ce n’était déjà pas un mauvais casque à moins de 200 €, c’est désormais un excellent casque à 179 €. Fallait-il changer le Spirit One ? On ne le pensait pas, mais Focal a eu raison de le faire.

Note

Les plus :

  • Bonne finition
  • Qualité audio excellente
  • Rapport qualité/prix

Les moins :

  • Peut-être un peu inconfortable
9
10

Prix :

Accédez aux commentaires de l'article