Test du Chromecast TV

Mickaël Bazoge |

Google produit finalement assez peu de matériel sous sa marque. Il y a bien évidemment les smartphones et tablettes Nexus, mais il s’agit plus de coproductions avec des constructeurs tiers (LG et Huawei pour la dernière fournée de téléphones). Pour le reste, le lecteur multimédia Nexus Q a été tuée dans l’œuf, la box TV Nexus Player est largement passée sous le radar, tandis que la diffusion du routeur OnHub est encore assez confidentielle.

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Il reste le Chromecast. La petite clé HDMI a gagné haut la main ses lettres de noblesse auprès du grand public grâce à son prix plancher, avec un écosystème d’applications qui n’a cessé de s’étendre. Google continue de miser sur cette solution « budget » pour s’imposer dans les salons des foyers les plus technophiles avec une nouvelle version lancée fin septembre, en parallèle d’une déclinaison audio pour équiper les enceintes les plus récalcitrantes à la modernité (lire : Test du Google Chromecast Audio).

Ce qu’il fait à l’intérieur se voit à l’extérieur

Ce qui frappe en premier lieu avec le Chromecast TV, c’est son design. Exit la forme « clé USB », Google a fait le pari de la rondeur avec ce galet à la surface brillante et lisse, frappée du logo de Chrome. Le reste du boîtier est en plastique mat anti-dérapant. Le petit disque comprend un câble plat et souple au bout duquel se trouve la prise HDMI.

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Cette forme n’a rien d’innocente : elle s’adapte en effet beaucoup mieux aux téléviseurs installés près d’un mur. Là où la première génération du Chromecast obligeait parfois à faire plus de place entre la télévision et le mur, on n’aura pas ce souci avec le Chromecast TV : la conception même du produit est ainsi faite que le galet pend au bout du câble, ne gênant en rien la disposition de votre installation télé. Google fournissait avec la première génération du Chromecast une rallonge HDMI pour éviter ce souci ménager.

Avec son encombrement réduit et un design plus élégant, le Chromecast TV se montre plus séduisant que la précédente génération. Google a même pensé à y apporter une petite touche de couleur : en plus du noir, le disque est aussi proposé en rouge et en jaune. C’est sympathique, même s’il faut bien avouer qu’on n’en profitera pas vraiment : ce type d’objet est fait pour vivre caché derrière le téléviseur, à moins bien sûr que la prise HDMI dévolue au Chromecast soit placée sur la tranche de la télé.

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Il faudra aussi penser à aménager une place pour une prise électrique non loin de l’objet, qui a besoin d’être alimenté en permanence via un port micro USB. La prise est heureusement discrète et elle s’oublie elle aussi très vite (il est possible de l’enrouler grâce à un velcro). Il est aussi possible d’utiliser le port USB d’un ordinateur ou du téléviseur s’il en possède un, ce qui reste la meilleure solution si on ne dispose pas d’une prise à proximité.

La prise HDMI du Chromecast intègre un astucieux aimant qui la retient solidement au dos du galet, le câble étant replié pour permettre un transport plus simple — Cliquer pour agrandir

L’idée est bonne et la réalisation réussie, même si le Chromecast a vocation à rester tranquillement derrière son téléviseur hôte plutôt que de bouger sans cesse d’un poste à un autre (dans ce cas, il est sans doute plus simple d’en acheter un par téléviseur, au vu du prix minime de l’appareil).

À l’intérieur du petit boîtier, on trouve un système-sur-puce Marvell (l’Armada 1500 Mini Plus 88DE3006), une puce équipée d’un processeur double cœur Cortex-A7 cadencé à 1,2 GHz. La première génération du produit embarquait un SoC Armada 1500 Mini 88DE3005-A1 (un cœur Cortex-A9), mais il est difficile de mesurer le gain de puissance entre les deux modèles, étant donné la nature même du produit. Le nouveau Chromecast intègre 2 Go de stockage et 512 Mo de RAM.

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En plus du support du Wi-Fi 802.11ac (b/g/n seulement sur la première génération), la grande nouveauté de ce Chromecast TV est la prise en charge des bandes 2,4 GHz et 5 GHz. Voilà qui pallie un des plus gros défauts de la précédente version qui se contentait du 2,4 GHz.

La bande des 5 GHz est plus rapide et moins fréquentée que les 2,4 GHz, empruntée par bon nombre d’appareils sans fil. Les performances du Chromecast TV n’en seront que meilleures, si bien sûr vous avez la possibilité d’accéder à un réseau frayant dans la bande des 5 GHz, ce qui est généralement le cas des box opérateurs et des routeurs d’Apple.

Les formats supportés sont suffisants pour une utilisation courante : MP3, AAC (HE et LC), OGG Vorbis, WAV et FLAC pour la partie audio, avec le H.264 et le VP8 (le format « maison ») pour la vidéo. Pas de H.265, mais vu que la 4K n’est pas prise en charge, ce n’est pas bien grave.

Pour la petite histoire, le numéro de modèle du Chromecast TV est NC2-6A5 : de prime abord, cela n’évoque rien… mais si l’on convertit 6A5 de hexadécimal au décimal, cela devient 1701 ; si on lit NC2 en NCC, alors ce numéro NCC-1701 n’est autre que le numéro d’enregistrement de l’USS Enterprise ! Il y a de sérieux fans de Star Trek chez Google.

Chromecast et iOS

L’utilisation du Chromecast est très simple, du moins à la première configuration. L’application Chromecast (à télécharger et à installer impérativement) reconnait immédiatement le dongle branché au téléviseur ; il faut ensuite connecter sur le même réseau Wi-Fi l’iPhone et le Chromecast, et le tour est joué. Attention : en cas de connexions sur des réseaux Wi-Fi différents, il m’est arrivé de devoir rebooter le galet (un bouton est disponible à cet effet) pour pouvoir utiliser de nouveau le Chromecast au bureau, après une précédente connexion chez moi.

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Google propose dans cette app dédiée une vitrine du contenu compatible. En France, on est visiblement privé du moteur de recherche qui permet de fouiner parmi les vidéos des fournisseurs, mais on garde le catalogue d’apps, la gestion de plusieurs Chromecast et des appareils prenant le protocole Cast en charge, ainsi que la fonction Backdrop. Celle-ci permet de personnaliser le fond d’écran qui s’affiche sur le téléviseur lorsqu’on ne se sert pas de son iPhone : œuvres d’art, météo, photos provenant de Flickr ou de Google Photos… La palette est large.

Contrairement à la première version du Chromecast où les logiciels tiers étaient assez rares, les développeurs sont désormais nombreux à « embrasser » la plateforme Cast ; de fait, la plupart des applications « qui comptent » sont compatibles.

Les logiciels de gestion et de consultation de contenus de Google prennent évidemment en charge Chromecast (YouTube, Play Films, Play Musique, Google Photos). C’est le cas également pour Netflix, CanalPlay et MyCanal, France TV Pluzz, BeIn Sports, Spotify, Deezer, Rdio, SFR TV, Bouygues TV, Dailymotion, Vevo, Twitch… Le choix est plus varié et plus éclectique que l’an dernier évidemment, et il recouvre un large spectre de contenus susceptibles d’intéresser un grand nombre d’utilisateurs.

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C’est encore plus vrai avec la prise en charge des plus importants services de streaming de musique, tout particulièrement de Spotify. À tel point d’ailleurs que Google a lancé un Chromecast Audio dévolu à cet usage (lire : Test du Google Chromecast Audio). En revanche, Apple Music n’est toujours pas de la partie et quand on connait les relations tendues entre Apple et Google, on n’est sans doute pas prêt de caster des morceaux provenant du service musical de Cupertino.

Lors de la lecture d’un contenu, toutes ces applications affichent quelque part un logo Cast qui lance la diffusion de la vidéo ou du morceau sur le téléviseur. L’iPhone permet de contrôler la tête de lecture et le passage au morceau suivant ou précédent. Il peut arriver que certaines applications offrent une file d’attente des contenus à lire à la suite, à l’instar de YouTube, ou… rien du tout pour d’autres, c’est laissé au bon vouloir des développeurs qui exploitent le SDK fourni par Google.

Dans Spotify — Cliquer pour agrandir

Le lancement d’une vidéo est vraiment rapide (deux à trois secondes au pire), et c’est encore plus véloce sur un réseau 5 GHz. Rappelons que le Chromecast ne diffuse pas directement le contenu depuis l’iPhone : il pioche en fait la vidéo ou la musique depuis le service en ligne compatible. Le smartphone sert alors de télécommande. Il est même possible d’utiliser l’iPhone tout à fait normalement en même temps que la lecture du contenu. En bonus, le fonctionnement avec un Chromecast est beaucoup moins gourmand en énergie qu'avec AirPlay qui diffuse le contenu depuis l'iPhone. Revers de la médaille, pour reprendre la main sur la lecture, il faut revenir dans l’application cible (ce qui veut dire aussi la retrouver), ou plus simplement en passer par la télécommande de l’app Chromecast.

À l’amorce d’une vidéo, le Chromecast fait son maximum pour lancer le fichier le plus rapidement possible, quitte à réduire la qualité de l’image pendant quelques instants (l’audio est de meilleure qualité en revanche, ce qui ressemble à un bon compromis). Rapidement, la vidéo prendra son vrai visage, c’est-à-dire une qualité optimale suivant, évidemment, la bande passante disponible et le contenu original.

Toujours pas de 4K pour le Chromecast, qui se contente du 1080p (ce qui nous rappelle un concurrent bien plus onéreux). Là aussi comme son prédécesseur, le nouveau galet est compatible avec le HDMI CEC, une norme qui permet aux appareils connectés (le Chromecast et l’iPhone) de communiquer dans les deux sens — au démarrage d’une vidéo par exemple, le Chromecast est censé basculer automatiquement l’affichage du téléviseur vers l’entrée où le contenu est lu.

Dans la pratique, ça ne marche pas aussi bien que sur le papier, du moins sur mon téléviseur. De même, le volume de la télévision ne pourra pas être commandé depuis l’iPhone : l’usage de la bonne vieille télécommande reste obligatoire.

Chromecast et ordinateur

Si l’utilisation du Chromecast s’entend surtout avec un appareil mobile, le dongle peut également fonctionner avec un Mac ou PC, en passant par le navigateur Chrome et une extension Google Cast, à télécharger gratuitement. L’idée est de « caster » un onglet de Chrome, voire une vidéo ou du contenu provenant d’un site compatible — c’est le cas pour YouTube dont les vidéos s’afficheront plein écran, l’ordinateur se transformant alors en télécommande.

L’icône Cast permet de sélectionner le Chromecast en charge de diffuser l’onglet. À tout moment il est possible d’arrêter la diffusion — Cliquer pour agrandir

Indéniablement, les performances sont bien plus au rendez-vous qu’il y a un an. La latence est moins élevée : une action sur l’écran de l’ordinateur se répercute plus rapidement sur le téléviseur, mais ne vous attendez pas à pouvoir travailler sur votre téléviseur 4K 60 pouces flambant neuf.

Il est aussi possible de diffuser le contenu de l’écran en mode recopie, à la manière d’AirPlay, mais là aussi cela ne sera réellement utile que dans le cadre d’un usage basique (pour une présentation par exemple). Pour réduire la consommation de bande passante, des préférences de qualité vidéo sont aussi disponibles, du 480p au 1080p. Cela n’aura pas beaucoup d’incidence malheureusement sur la latence.

C’est en cliquant dans le petit carré que l’on accède au choix du mode bureau étendu… — Cliquer pour agrandir
Il faut sélectionner ensuite l’application à « caster » ou tout simplement le bureau entier — Cliquer pour agrandir

Le principe de la diffusion de la recopie vidéo d’un onglet ou du bureau obéit à une autre logique que les applications mobiles, puisque le contenu diffusé sur le téléviseur ne provient pas d’un service de streaming supportant la technologie Cast, mais directement de l’ordinateur. L’extension est toujours en beta, elle peut ne pas fonctionner ou mal ; j’ai toutefois rarement été embêté par des bugs. Par contre, l’interface est un peu confuse (quand elle répond correctement aux ordres).

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Pour conclure

Le Chromecast TV est indéniablement un bon produit qui remplit sa tâche de manière tout à fait efficace, pour peu évidemment que l’application mobile soit compatible. Avec un ordinateur, cela reste une autre histoire, l’usage étant plus anecdotique. On apprécie en particulier le support de la fréquence 5 GHz et du lancement très rapide d’une vidéo, quitte à devoir subir une dégradation temporaire de l’image en début de lecture.

Chromecast ne remplacera pas AirPlay et un Apple TV dont le tarif, pour le modèle de troisième génération toujours au catalogue, est deux fois plus élevé que le disque de Google. Le boîtier d’Apple est aussi plus complet et en offre plus que le Chromecast. C’est encore plus vrai avec le cru 2015 qui inaugure une boutique d’applications, le support de Siri et une télécommande plus complète.

Toutefois, le prix et l’écosystème du Chromecast font en sorte qu’on trouvera toujours une utilité à ce produit dont le rapport qualité/prix demeure assez imbattable.

Note

Les plus :

  • Prix
  • Design (même si cela ne se verra pas derrière la télé)
  • Écosystème plus varié
  • Dépanne sur Mac
  • Performances

Les moins :

  • Interface Mac parfois confuse
  • Toujours des latences depuis un Mac
  • Difficulté en cas de reconnexion
8
10

Prix :

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