Free Mobile : Orange agite la menace de suspendre son accord d'itinérance

Florian Innocente |

Orange a agité la menace de suspendre l'accord d'itinérance signé avec Free. Dans une déclaration à l'AFP, un porte-parole de l'opérateur historique a avancé cette hypothèse : « si des incidents sur le réseau de Free Mobile devaient affecter [sa] qualité de service ». Ce n'est toutefois pas la première fois qu'Orange explique que ce contrat pourrait être réévalué pour s'adapter à la réalité du terrain.

Cette sortie fait suite à l'interview au Figaro de Jean-Ludovic Silicani, le président de l'ARCEP. Il suggère que les deux protagonistes ont sous-estimé plusieurs variables : le nombre d'abonnés, la quantité de trafic qui passerait par le réseau d'Orange mais également l'impact du forfait à 2 euros.

Free, lors de la publication de ses résultats ce mois-ci, n'a donné aucun chiffre permettant d'apprécier le succès de son arrivée dans le mobile (2,2 millions d’abonnés selon Bouygues Telecom). Mais d'après l'ARCEP, quasiment la moitié des appels passés chez Free Mobile se font en 2G, avec des terminaux ressortis à l'occasion de l'apparition de ce forfait à prix plancher (voire gratuit si l'on est abonné avec une Freebox). Cependant, Free ne disposant pas de réseau en 2G, c'est Orange qui en prend la charge. Pour l'ARCEP c'est aux deux parties de réaménager au besoin leur accord, en cas d'échec, l'instance peut être saisie pour trancher à leur place.

Jean-Ludovic Silicani revient aussi sur le volet économique de l'entrée de Free et sur la capacité de ses concurrents à poursuivre leurs investissements. À son goût leur marge de manoeuvre pour investir dans les prochaines infrastructures n'en souffre pas : « [les opérateurs] ont bénéficié pendant dix ans d'un marché oligopolistique dans le mobile où ils ont réalisé des marges très élevées. Ils ont ainsi pu faire des investissements qui ne sont donc plus à faire. Le rythme d'investissement actuel de 8 milliards d'euros par an n'a pas besoin d'être augmenté. Construire un réseau de fibre optique et plusieurs réseaux à très haut débit mobile couvrant tout le territoire coûte environ 30 milliards d'euros sur 15 ans, soit deux milliards par an. Rapporté aux 8 milliards, ce n'est pas une charge si lourde que cela. »

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