John Chen veut forcer Apple à porter iMessages sur BlackBerry

Mickaël Bazoge |

John Chen, le PDG de BlackBerry, veut la neutralité des réseaux. De tous les réseaux, pas seulement ceux des opérateurs et des FAI, mais aussi pour les applications et le contenu ! Dans une lettre ouverte publiée sur le blog de l'entreprise, le CEO du constructeur canadien explique que les applications d'Apple, comme iMessages, devraient être aussi disponibles sur la plateforme BlackBerry, tout comme sur Android. Ce ne serait que justice, explique-t-il, alors que BlackBerry a adapté sa propre messagerie instantanée aux systèmes d'exploitation mobiles concurrents.

John Chen s'en prend également à Netflix, un « défenseur de la neutralité du web », qui pourtant continue de discriminer les utilisateurs de BlackBerry « en refusant de rendre disponible son service de streaming de films ». Cette dynamique crée un système à deux vitesses, dans lequel seuls les utilisateurs iOS et Android sont les mieux lotis en termes d'applications et de contenus. Les défenseurs de la neutralité critiquent précisément les opérateurs pour ce type de pratiques discriminatoires, justifie Chen.

Mais comment pousser les éditeurs d'applications et les distributeurs de contenus à se lancer sur des plateformes qui ne les intéressent pas, économiquement ou stratégiquement ? Créer des logiciels propriétaires et exclusifs à un OS est un levier puissant pour vendre du matériel, une stratégie largement appliquée par Apple (lire : Boutique d'apps : Apple joue perso, Microsoft est collectif). C'est aussi une manière de lier plus étroitement le matériel au logiciel — Microsoft ne pourrait sans doute pas offrir les mêmes fonctions de gestion de l'appareil photo récemment ajoutées aux Lumia sur un iPhone.

Pour forcer la main aux récalcitrants, il faut que le législateur s'en mêle, estime Chen, « si nous voulons un internet non discriminatoire, libre et ouvert ». Cette missive a ainsi été envoyée au président de la Commission sénatoriale américaine au commerce, aux sciences et aux transports. Une approche particulièrement osée, sachant que la neutralité du net est fortement bousculée aux États-Unis.

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