Xiaomi copie Apple, mais ce n’est pas grave

Mickaël Bazoge |

Hugo Barra est un drôle de zèbre. Le vice-président de Xiaomi en charge des marchés internationaux, et ancien haut dirigeant de Google, s’est exprimé chez Bloomberg sur plusieurs sujets d’actualité brûlants, notamment sur les accusations de copie qu’Apple et Jony Ive ont pu adresser au constructeur chinois (lire : Jonathan Ive : « la copie n'est pas une forme d'hommage »). Barra, qui qualifie cette histoire de « mélodrame », explique que toute l’affaire repose sur le chanfrein du Mi 4, que certains ont comparé avec l’iPhone 5. « Oui, il ressemble à celui de l’iPhone 5 », admet-il, mais cette finition est présente sur de nombreux appareils.

On pourra rétorquer que la photocopieuse de Xiaomi ne s’est pas arrêtée à ce détail de design (lire : Un peu d'Aperture dans un smartphone Xiaomi). Quand on lui présente un Mi Note, qui emprunte quelques idées de design à l’iPhone 6 Plus, Barra réplique que sa phablette est… « blanche ». Il estime que tous les smartphones se ressemblent aujourd’hui (sous-entendu : ils ressemblent tous à l’iPhone) : « Il faut avoir des coins arrondis, un bouton d’accueil à un moment ou à un autre. On ne peut pas donner à une entreprise la paternité de choses qui sont ce qu’elles sont ». Des arguments qu’on croirait sortis du méga-procès à un milliard de dollars entre Samsung et Apple. C’est oublier un peu vite qu’avant l’iPhone, les facteurs de forme et les designs étaient très variés, du téléphone-clapet au Treo.

Hugo Barra s’attend d’ailleurs à voir d’autres constructeurs emprunter à leur tour des idées de design à Xiaomi… une situation de l’arroseur arrosé qui déplaît d’ailleurs aux dirigeants de la société (lire : Xiaomi se plaint d'être copié) ! Mais plus généralement, Barra estime que les constructeurs chinois sont des cibles très faciles pour les détracteurs de tout poil. « On ne croit pas qu’un constructeur chinois puisse être un innovateur de catégorie mondiale, et peut construire des produits de très haute qualité pour les vendre à moins de la moitié du prix des appareils Apple ou Samsung ».

Xiaomi à l’international

Xiaomi s’est lancé à pas comptés en dehors de son marché domestique chinois. Les produits du constructeur sont par exemple disponibles en Inde où ils connaissent un bon succès. Aux États-Unis et en Europe, la société se contente de commercialiser une poignée d’accessoires, mais pas de smartphones. Hugo Barra assure que Xiaomi sera prêt un jour à distribuer ses téléphones sur les marchés occidentaux, mais qu’il manque encore à l’entreprise une équipe de bonne taille sur le marché US.

Il faudra aussi à Xiaomi résoudre le casse-tête de la propriété intellectuelle. La société a prospéré sur les travaux des autres et il lui faut s’attendre à être la cible de nombreuses poursuites quand elle se sera décidée à vendre ses smartphones aux faux airs d’iPhone aux États-Unis. Xiaomi a entamé un long processus de dépôt de brevets systématique « pour le monde entier », que la société enrichit avec des achats de brevets.

Xiaomi et Android

L’ancien de Google s’est également exprimé sur l’ouverture d’Android, « la meilleure décision jamais prise dans l’industrie de la technologie de ces dernières décennies ». Et ce, même si le moteur de recherche génère finalement peu d’argent avec Android, alors qu’il rémunère grassement Apple pour être le moteur par défaut dans Safari mobile.

Xiaomi ne développera pas son propre système d’exploitation (même si le constructeur a mis au point sa surcouche MIUI). « Ça n’a pas de sens de faire ça », dit-il en décochant une flèche au passage à tous ceux qui tentent de mettre sur pied une alternative à Android — Samsung et son Tizen ne sont pas visés, mais c’est tout comme.

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