Opérateurs, éditeurs, fournisseurs… les portes se ferment devant Huawei

Florian Innocente |

« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille » disait un ancien président. La preuve par Huawei qui voit de nouvelles portes lui claquer au nez les unes après les autres.

L'annonce la plus spectaculaire et la moins attendue émane d'Arm qui a confirmé « se conformer avec toutes les dernières régulations mises en place par le gouvernement américain ». Plus tôt dans la journée, la BBC révélait qu'Arm avait donné instruction à ses équipes de stopper l'exécution de tous les contrats en cours, l'assistance et les projets à venir avec Huawei et ses filiales.

Comme Apple et Samsung, Huawei sait aussi réaliser ses propres processeurs au travers de sa filiale HiSilicon : les Kirin. Avantage, il n'est pas entièrement dépendant de Qualcomm dont les puces sont incluses dans l'embargo décidé aux États-Unis. Inconvénient, ces Kirin, comme les Snapdragon ou Ax, sont conçus à partir de designs mis au point par Arm.

Arm est britannique mais une partie de sa propriété intellectuelle est développée sur des sites américains, en Californie et au Texas. Ce qui expliquerait qu'il soit soumis aux même restrictions que les entreprises du cru.

En perdant le contact avec Arm, Huawei voit sa tâche se compliquer singulièrement pour continuer d'avancer, en dépit des menaces américaines, tant les designs Arm sont devenus incontournables dans le mobile (lire aussi Huawei aurait son alternative à Android prête à l'automne, au mieux).

« Nous apprécions nos relations étroites avec nos partenaires, mais nous sommes conscients de la pression qui pèse sur certains d'entre eux à la suite de décisions motivées par des considérations politiques », a répondu à The Verge un porte-parole de Huawei. Il ajoute : « Nous sommes convaincus que cette situation regrettable pourra être résolue et notre priorité reste de continuer à fournir des technologies et des produits de classe mondiale à nos clients du monde entier ».

Ce n'est toutefois pas le seul ennui du groupe chinois. Plusieurs de ses partenaires à travers le monde font aussi un pas de côté, en attendant que la situation se clarifie. Non pas pour respecter l'embargo américain, ils n'y sont pas tenus, mais parce qu'ils ne savent pas de quoi demain sera fait pour les téléphones vendus à leurs clients.

Les opérateurs britanniques Vodafone et EE ont décidé de sursoir au lancement du Huawei Mate 20 X en version 5G. Vodafone, explique le Financial Times, fait valoir que les tests de certification ne sont pas terminés. Depuis, l'opérateur a officiellement prévenu qu'il interrompait les pré-commandes pour ce Mate 20X.

Vodafone UK

Chez EE, Marc Allera, son responsable de la division grand public, explique que l'opérateur met ce lancement en suspens tant qu'il n'y a aucune visibilité sur le support technique et les mises à jour dont pourra bénéficier ce smartphone. EE doit inaugurer son réseau 5G le 30 mai.

En Asie d'autres dominos tombent. Les opérateurs japonais SoftBank et KDDI ont annulé le lancement du P30 Lite, rapporte le Nikkei pour ces mêmes questions sur le suivi de cet appareil dès lors que Huawei n'a plus de licence d'exploitation d'Android. Leur concurrent NTT Docomo envisage toujours de sortir le P30 Pro cet été mais il a stoppé les précommandes.

En revanche, aux Philippines et au Vietnam, plusieurs opérateurs n'ont pas changé leurs plans et vendent toujours les produits du chinois.

Enfin, il y a le cas de Microsoft qui pourrait suivre Google, Intel, Qualcomm et Broadcom, tous ces fournisseurs indispensables dans le mobile et les PC.

Microsoft ne s'est pas exprimé à propos de l'avenir de Windows sur les ordinateurs de Huawei. Mais d'aucuns ont remarqué que le portable MateBook X Pro n'est plus référencé sur le Microsoft Store…

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