Micro-paiements : Bruxelles félicite Google et tape sur les doigts d'Apple [màj]

Mickaël Bazoge |

La Commission européenne a décidé de sévir contre la mauvaise information des utilisateurs d'applications mobiles et tout particulièrement, de jeux. En cause, les micro-paiements qui ont déjà causé des problèmes à Apple, comme très récemment en Italie (lire : Freemium : l'Italie enquête sur les App Stores et Gameloft). L'exécutif européen se félicite d'avoir fait bouger les choses : « L’industrie a pris un certain nombre d’engagements visant à répondre aux préoccupations des consommateurs », explique la Commission, dont la réflexion sur le sujet a débuté fin février (lire : Bruxelles veut mettre de l'ordre dans les achats In-Apps).

Pas si gratuit que ça…

Ainsi, les différentes autorités nationales ont arrêté une position commune selon laquelle les jeux annoncés comme « gratuits » ne doivent pas induire les utilisateurs en erreur quant aux coûts réels induits. Les jeux ne doivent pas encourager (directement) les enfants à acheter des applications intégrées dans un jeu, ni pousser un adulte à en acheter pour leur progéniture. Les consommateurs doivent être dument informés des modalités de paiement, et les achats ne doivent pas être débités sans le consentement des consommateurs; enfin, il faut qu'il y ait une adresse courriel visible afin de pouvoir contacter les distributeurs.

Du côté de Google, la Commission se félicite que des efforts aient été réalisés ou sont en passe de l'être. Leur mise en œuvre sera achevée d'ici la fin du mois de septembre; le mot « gratuit » ne sera ainsi plus utilisé quand des jeux intègrent des achats d'applications. Google et les éditeurs de jeux Android vont travailler ensemble afin d'élaborer des lignes directrices pour empêcher les incitations directement adressées aux enfants. Google a aussi revu les paramètres par défaut afin de faire en sorte que les paiements doivent être autorisés avant chaque micro-transaction.

Bruxelles regrette qu'au contraire de Google, Apple n'ait pas donné signe de vie dans ce dossier, si ce n'est la promesse de se pencher sur la question. Aucune solution n'a ainsi été proposée pour les craintes en lien avec l'autorisation de paiement. Cupertino pourra toujours avancer l'alerte demandant l'accord express du consommateur. Mais « aucun engagement ferme n’a été pris et aucun délai n’a été fixé en ce qui concerne la mise en œuvre de ces éventuelles modifications futures », regrette la Commission, qui s'engage à continuer à négocier avec Apple afin de la pousser à fournir « des données spécifiques sur les modifications requises ». La Pomme n'aura de toutes manières pas d'autres choix que de mettre « ses pratiques en conformité avec la position commune ».

Apple a tout de même réagi en précisant qu'elle en faisait « plus que les autres » pour protéger les parents (et les enfants). « Ces contrôles vont plus au delà des fonctions du reste de l'industrie », assure un porte-parole à la BBC. « Mais nous continuons à travailler pour renforcer les protections mises en place, et nous ajoutons de nouvelles fonctionnalités dans iOS 8 », à l'instar du Partage familial où le parent devra donner explicitement son accord pour que son mouflet puisse acheter un contenu intégré.

Neelie Kroes, la commissaire en charge de la stratégie numérique, a enfin tenu à réitérer que si l'exécutif européen était « très favorable à l’innovation dans le secteur des applications », il était « indispensable que les créateurs d’applications comprennent et respectent le droit de l’UE lorsqu’ils conçoivent ces nouveaux modèles commerciaux », en particulier les achats intégrés.

De l'autre côté de l'Atlantique, Apple et Google sont également sous le feu des projecteurs avec la gestion des micro-paiements dans leurs boutiques respectives. En début d'année, après la signature d'un accord avec la FTC, Apple acceptait de verser 32,5 millions de dollars pour compenser les achats indus réalisés par les mouflets des consommateurs américains (lire : Achats In-App : Apple prévient de nouveau les clients de l'App Store). Une diligence de l'autorité de régulation US qu'Apple voudrait bien voir s'appliquer à Google

Mise à jour — Apple a fait parvenir à Engadget une déclaration plus circonstanciée sur ce sujet. « Les contrôles parentaux sont solides, intuitifs et personnalisables. Et au cours de la dernière année nous nous sommes assuré que n'importe quelle app proposant des achats intégrés soit clairement annoncée ainsi. Nous avons aussi créé une section Enfants sur l'App Store, avec des protections encore plus élevées pour des applications destinées aux enfants de moins de 13 ans. (…) Notre objectif est de continuer à fournir à nos clients la meilleure expérience possible, et nous continuerons à travailler avec la Commission européenne afin de répondre à leurs interrogations ».

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