Monopole ou pas monopole ? Apple défend le modèle économique de l'App Store

Mickaël Bazoge |

Apple défend le modèle économique de son App Store, attaqué de toutes parts non seulement par la Commission européenne qui va mettre en place un ensemble de règles rééquilibrant les relations entre les plateformes et les développeurs, mais aussi par la Cour suprême américaine. Tout récemment, la plus haute juridiction des États-Unis a donné son feu vert pour que des plaintes puissent être déposées contre Apple, accusée par certains de « monopole » sur la distribution d’apps.

Le constructeur a donc mis en ligne un site web consacré à la défense de sa boutique d’applications. Apple y reprend les arguments déjà mis en avant dans sa réponse à la décision de la Cour suprême, à savoir que l’App Store est un lieu « sécurisé et fiable » permettant aux consommateurs de découvrir et de télécharger des apps. L’App Store représente également une opportunité de business pour les développeurs.

« C’est notre boutique, et nous en sommes responsables », écrit Apple qui assure supporter « tous les points de vue » ; en même temps, le constructeur veut faire en sorte que les apps soient respectueuses de l’opinion de chacun. C’est pourquoi Apple rejette des apps présentant du contenu de « mauvais goût », pornographique, ou encore discriminatoire. Les développeurs doivent se conformer au cahier des charges d’Apple.

L’équipe en charge de l’App Store, qui représente « 81 langues réparties sur trois fuseaux horaires », a supprimé 1,4 million d’applications depuis 2016 parce qu’elles n’étaient plus mises à jour ou ne fonctionnaient plus sur les OS actuels. 100 000 apps sont revues chaque semaine, généralement dans les 24 heures après leur soumission.

60% de ces apps reçoivent leur autorisation, et fort logiquement le reste est rejeté en raison de bugs « mineurs » ou en lien avec des soucis de confidentialité. Ce sont environ mille coups de fil que l’équipe donne aux développeurs chaque semaine. La plateforme compte 20 millions de développeurs provenant de 155 pays.

L’économie des apps iOS a généré plus de 1,5 million d’emplois aux États-Unis, et 1,57 million en Europe, soutient Apple. La Pomme a versé plus de 120 milliards de dollars aux développeurs depuis 2008 (lire : La France est le troisième pays le plus important dans le secteur économique des apps iOS).

La commission de 30% (abaissée à 15% après un an d’abonnement) est sous le feu des critiques, notamment par Spotify qui a mené la charge en début d’année. Apple fait d’ailleurs l’objet d’une enquête de la Commission européenne. La Pomme indique que 84% des apps sont gratuites, et qu’elle ne prélève de dîme que sur des services ou des biens numériques vendus dans les applications.

Apple présente les différents moyens de monétiser des apps, évoquant notamment Netflix et Spotify qui ont décidé de ne plus vendre d’abonnements via leurs applications. « Apple ne reçoit aucune commission pour le support, l’hébergement et la distribution de ces apps »… qui ont malgré tout interdiction d’indiquer comment s’abonner dans leurs applications, et encore moins de glisser un lien vers leurs boutiques en ligne.

Apple reprend l’argument curieux selon lequel les développeurs ont « beaucoup de choix » pour distribuer leurs applications : ils peuvent soumettre leurs apps à d’autres boutiques (Smart TV, consoles), « sans oublier l’internet ouvert, qu’Apple soutient avec Safari ». Le constructeur précise que les utilisateurs de ses produits se servent régulièrement de web apps comme Instagram et Netflix.

Tout cela est vrai, mais pour distribuer une application sur la plateforme iOS, il faut nécessairement en passer par l’App Store, il n’existe aucune autre alternative… On verra si l’argument tiendra le coup devant un tribunal.

Autre écueil dans la communication d’Apple : le constructeur explique qu’il accueille la concurrence à bras ouverts, en listant quelques applications concurrentes aux siennes. On peut effectivement trouver des apps meilleures ou mieux adaptées à ses besoins que Calendrier, Appareil photo, Mail ou encore Plans.

Ce qu’Apple oublie de dire, c’est qu’il est impossible dans iOS de changer les applications par défaut. La concurrence oui, mais qu’elle reste dans son coin… Peut-être qu’iOS 13 changera ce comportement, mais aucune rumeur ne l’a laissé paraître pour le moment.

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