App Store : Apple clarifie enfin ses avantages accordés à certains services vidéo

Stéphane Moussie |

Au printemps dernier, on découvrait avec surprise qu'Apple autorisait quelques services vidéo, dont Amazon Prime Video, à utiliser leur propre système de facturation sur iOS, leur permettant ainsi d'éviter la fameuse commission de 30 % de l'App Store. Une découverte qui allait à l'encontre du discours officiel voulant que tous les développeurs soient traités sur un pied d'égalité. Mis devant le fait accompli, Apple avait indiqué que ces éditeurs faisaient partie d'un programme spécifique, sans vraiment entrer dans les détails.

Apple clarifie enfin la situation aujourd'hui en publiant sur son site des explications complètes sur ce qui s'appelle l'Apple Video Partner Program. Ainsi, on apprend que depuis 2016 Apple a mis en place un programme destiné aux services de vidéo « premium » qui leur ouvre droit à des avantages.

Les partenaires touchent 85 % des recettes des utilisateurs qui s'inscrivent en utilisant le système d'achats intégrés d'Apple. Autrement dit, la commission prélevée par Apple est de seulement 15 %, contre 30 % habituellement (ou 15 % après la première année dans le cadre d'un abonnement).

Image The Verge

Par ailleurs, comme on a pu le constater avec Amazon Prime Video mais aussi myCanal, les éditeurs peuvent utiliser leur système de facturation maison pour les achats in-app. Cette largesse doit néanmoins répondre à une condition : l'utilisateur doit avoir pris son abonnement en dehors de l'app.

Prenons un exemple concret ; de ce que l'on comprend, si un utilisateur de myCanal s'est abonné en passant par l'App Store, il aura forcément les achats in-app d'Apple pour la partie VOD. À l'inverse, s'il s'est abonné à myCanal en dehors de l'App Store, l'éditeur pourra prélever les achats VOD directement sur son compte Canal+ (ça ne semble pas être systématique non plus, dans mon cas, bien que je me sois abonné hors de l'App Store, ce sont les achats in-app d'Apple qui apparaissent).

Achat d'un film prélevé non pas sur le compte App Store, mais directement sur le compte Canal+

La Pomme n'offre pas ces avantages sans contrepartie. Les services qui veulent faire partie de l'Apple Video Partner Program doivent être présents sur iOS et tvOS et prendre en charge un certain nombre de technologies Apple, dont la recherche universelle, l'intégration à l'app Apple TV, Siri, AirPlay et la fonction de connexion unique ou « zéro connexion ».

À l'heure actuelle, plus de 130 services font partie du programme, parmi lesquels Amazon Prime Video, Disney+, Molotov, myCanal, Binge, Canadian Broadcasting Corporation (CBC), Claro, C More, DAZN, Globo, HBO Max, Joyn, MUBI, STARZ et Viaplay. Ceux qui ne sont pas encore parternaires disposent maintenant d'un formulaire accessible librement pour contacter Apple. Il y a un absent notable dans la liste, Netflix, qui a les moyens de se passer du cadre suggéré par Apple compte tenu de son poids. Le programme est déployé dans une quinzaine de pays, dont l'Amérique du Nord, la France et le Japon, mais pas la Chine.

Tout compte fait, c'est du donnant-donnant : en échange d'une bonne intégration à son écosystème — gage de sa vitalité —, Apple concède quelques avantages aux services vidéo. Il est dommage qu'il ait fallu une pluie d'accusations de pratiques anticoncurrentielles pour qu'Apple se décide à communiquer sur cette politique qui est somme toute défendable.

Les zones d'ombre entourant l'App Store ne sont toutefois pas toutes levées et les critiques nombreuses. Il reste encore à ce jour des anomalies inexpliquées, comme le fait de pouvoir acheter des contenus dématérialisés dans l'application Stadia avec le système de paiement de Google. Aux dernières nouvelles, Stadia n'est pas un service vidéo…

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