De grands éditeurs déplorent qu'Apple achète des espaces publicitaires pour attirer les abonnés vers l'App Store 🆕

Mickaël Bazoge |

Depuis au moins deux ans, Apple achète des bandeaux AdSense pour faire la promotion, sur Google, de quelques unes des applications les plus en vue de l'App Store. Les services de rencontre comme Tinder, Plenty of Fish ou encore Mumble, la plateforme de streaming HBO Max, le service de formation Masterclass ou encore le service d'apprentissage de langues Babbel y ont eu droit, sans qu'ils aient à payer quoi que ce soit pour cette largesse d'Apple… qui dans les faits, n'en est pas une.

Des pubs d'Apple pour des apps tierces sur Google. Images : Forbes.

Car les liens présents dans ces publicités, où le nom d'Apple n'apparait pas, mènent directement vers l'App Store et vers un abonnement souscrit avec le système de paiement de la boutique. La Pomme empoche la commission (de 15 à 30%) ainsi que les relations avec l'abonné, une situation que les éditeurs interrogés par Forbes n'apprécient guère.

Après tout, un client est un client, et en plus c'est Apple qui paie les réclames. Alors pourquoi se plaindre ? Les éditeurs opposent plusieurs raisons : en s'abonnant directement depuis l'app et pas depuis la boutique en ligne, cet abonné rapporte 30% de moins et « votre marge s'évapore », fait valoir un d'entre eux. Ce d'autant que certains abonnements rapportent beaucoup. Le coût d'acquisition d'un nouvel abonné se situe peut-être entre 5 à 10 $ pour Apple, mais les revenus générés sur cet abonnement peuvent représenter 50 $ ou plus.

La position de force d'Apple en tant qu'intermédiaire entre l'abonné et le service rend la vie plus difficile pour les éditeurs. Si un abonné a un problème avec son abonnement, la plateforme n'est pas réellement en mesure de l'aider, par exemple. C'est d'autant plus frustrant pour les éditeurs qu'ils ont interdiction de proposer des liens vers leurs boutiques en ligne dans leurs applications (cela changera peut-être début décembre).

Autre problème : en achetant les mêmes espaces publicitaires que les services, Apple fait grimper les prix des bandeaux ce qui augmente les coûts d'acquisition des clients. « Non seulement Apple fait de l'argent sur le dos des développeurs, mais en plus cela nuit à leur activité », déplore une source de Forbes. Cette révélation n'intervient pas par hasard : Apple est sous pression de plusieurs régulateurs en raison des pratiques de l'App Store, et les gros éditeurs (comme Epic) ont décidé de sortir les dossiers contre le constructeur.

Mise à jour 19h20 — Ça n'aura pas traîné, Apple contre-attaque face à l'accusation lancée par plusieurs éditeurs. Selon eux, la Pomme achète en douce des bandeaux de pub pour attirer les utilisateurs vers l'App Store et donc le système d'abonnement de la boutique, plutôt que sur les boutiques en ligne des éditeurs.

Le constructeur précise que ces achats de publicité ont débuté il y a cinq ans et que les bandeaux indiquent clairement leur provenance — l'App Store, en l'occurrence. Apple se défend en prenant exemple sur un revendeur qui ferait de la réclame pour les produits qu'il distribue.

L'allégation selon laquelle l'achat d'espaces de pub dans Google serait réalisé en toute discrétion dans le dos des éditeurs est une « interprétation manifestement erronée », selon Apple. L'entreprise précise qu'elle communique régulièrement avec les développeurs sur les annonces placées sur le moteur de recherche et ils sont nombreux à exprimer leur appréciation pour ce soutien.

Dernière information intéressante : les différents moyens de promotion mis en place par Apple pour les apps (courriels, publicités en ligne, réseaux sociaux) ont représenté plus de 70 milliards d'impressions l'an dernier.

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