Europe : la menace du sideloading s'approche dangereusement d'Apple

Mickaël Bazoge |

L'App Store s'apprête-t-il à vivre une révolution forcée ? Le Digital Markets Act (DMA), voté par le Parlement européen en décembre dernier pourrait en effet être rapidement mis en œuvre — selon les sources du Wall Street Journal, il est possible que la négociation sur le texte soit finalisée d'ici la fin du mois !

« Le sideloading est l'ami du cybercriminel », selon Craig Federighi.

Le projet de loi contient une mesure qui autorise le sideloading, c'est à dire l'installation d'application sur l'iPhone en dehors de l'App Store. Évidemment, c'est quelque chose qu'Apple refuse absolument, car cela menace l'activité de sa boutique, et tout particulièrement la juteuse commission prélevée sur les achats intégrés et les abonnements.

Auprès du WSJ, le constructeur a ressorti les mêmes arguments martelés depuis des mois : « Les gouvernements et les agences du monde entier ont explicitement déconseillé le sideloading, qui paralyserait les protections de la confidentialité et la sécurité auxquelles s'attendent les utilisateurs ». Un discours similaire à celui de Tim Cook et de Craig Federighi qui ont directement porté le fer. En vain, semble-t-il.

Pour Tim Cook, forcer le sideloading comme le voudrait Bruxelles « détruirait » la sécurité de l'iPhone

Craig Federighi dit tout le mal qu'il pense du sideloading, « le meilleur ami des cybercriminels »

Les législateurs en sont à finaliser les termes du DMA, qui pourrait contenir des exceptions liées à la sécurité. De quoi donner un peu de mou à Apple. Si le Parlement et les États membres tombent d'accord sur le texte (ce qui devrait être le cas d'ici fin mars), il prendrait effet au début de l'année prochaine. Apple aura donc un peu de temps pour implanter les changements voulus par l'Union européenne, qui pourraient servir de modèle ailleurs dans le monde.

Néanmoins, quand on voit comment Apple traîne des pieds aux Pays-Bas pour respecter l'exigence d'ouverture aux systèmes de paiement alternatifs pour les apps de rencontre, on peut penser que la Pomme ne va pas faciliter les choses pour le DMA dont l'ampleur est bien plus importante.

Aux Pays-Bas, Apple préfère enchaîner les amendes plutôt que de modifier les règles de l’App Store

Pour éviter qu'Apple se contente de payer les amendes plutôt que de mettre en musique les dispositions du DMA, le texte prévoit des sanctions autrement plus imposantes. Elles pourraient aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires annuel mondial de l'entreprise, soit 37 milliards de dollars (!). Comme aux Pays-Bas, la Pomme pourrait s'adresser aux tribunaux pour obtenir gain de cause, ou gagner du temps.

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