Twitterrific et Tweebot : être remboursé ou ne pas être remboursé, telle est la question

Florian Innocente |

Deux mois après avoir été débranchés sans ménagement de Twitter, les éditeurs des apps Tweetbot et Twitterrific font face à un risque financier inédit. Les utilisateurs qui avaient pris un abonnement à ces apps peuvent toutefois en réduire l'ampleur.

Au milieu du mois de janvier, sur décision d'Elon Musk, Twitter a subitement bloqué l'accès à tous les clients tiers qui avaient essaimé autour du réseau social depuis des années. Cela s'est fait sans coup de semonce, sans information (ni avant ni après). La communication de la part de Twitter a été aussi rude, minimale et impersonnelle que possible.

Crédit : Tapbots

Pris par surprise et au vu du caractère irréversible de cette décision, les développeurs de Tweetbot et Twitterrific ont fini par retirer leurs apps de l'App Store. Celles-ci étant devenues parfaitement inutiles et inutilisables.

C'est officiellement mort pour les apps tierces Twitter 🆕

Ces apps sont chacune développées par des indépendants : une PME de 10 personnes pour Twitterrific (IconFactory) et deux personnes seulement pour Tweetbot (Tapbots). Les deux éditeurs ont d'autres apps à leur actif, mais leurs clients Twitter étaient parmi les plus aboutis du domaine et représentaient probablement une source importante de revenus.

Double peine

Ce qui amène au deuxième problème posé par l'action de Twitter. Ces apps proposaient des abonnements mensuels et annuels. Devenues inexploitables, leurs utilisateurs doivent être remboursés du reliquat de leur abonnement.

Côté verre plein, Apple s'occupe de tout. Elle créditera automatiquement, à la fin du mois, le compte App Store des utilisateurs dont l'abonnement n'était pas échu ou qui venait de se renouveler automatiquement. Côté verre vide, les conséquences financières ne sont pas du même ordre selon qu'il s'agit d'Apple ou de ces éditeurs.

La Pomme reversera aux clients la commission qu'elle a prise sur ces abonnements (30 % ou bien 15 % s'il s'agissait d'un abonnement renouvelé). Elle absorbera sans problème cette dépense. En revanche Tapbots et Twitterrific devront rembourser le solde, soit 70 ou 85 % des montants. Ces éditeurs n'ont pas communiqué sur les sommes que cela pourrait représenter, mais ce n'est peut-être pas négligeable au vu de leur assise financière.

Surtout c'est la double peine. D'une part Twitter coupe leur accès sans préavis — la nouvelle entreprise de Musk a l'allure d'un bateau ivre, mais elle n'a pas fermé, Twitter continue de fonctionner (peu ou prou) — et d'autre part ils doivent assumer financièrement ce coup de Trafalgar sans avoir pu s'y préparer ni avertir leurs utilisateurs des conséquences.

C'est ce qu'ils font aujourd'hui, de manière concertée, puisque l'approche est identique. Lorsqu'on ouvre Tweetbot et Twitterrific (il sera nécessaire de les effacer puis les retélécharger), un message d'information apparaît.

Tweetbot et Twitterrific, pas d'abonnement en cours

Si vous n'aviez pas d'abonnement en cours, il n'y aura rien de particulier à voir, sinon l'acte de décès officiel de ces apps. À l'inverse, si vous avez une souscription encore active, un choix est donné. Les deux sociétés expliquent qu'un remboursement sera effectué automatiquement. Puis elles donnent aussi le choix de le refuser.

Twitterrific, un abonnement en cours

L'utilisateur pourra décider de s'assoir sur ce remboursement afin de ne pas aggraver la situation pour ces développeurs. Même si un désabonnement a été fait précédemment (en allant soi-même dans les réglages d'iOS) le tap sur le bouton "I Don't need a refund" reste nécessaire pour qu'il soit acté immédiatement au lieu de s'interrompre seulement à la date prévue (qui peut aller jusqu'à plusieurs semaines ou mois pour un abonnement annuel).

Chez Tapbots un troisième choix existe puisqu'une application pour Mastodon est sortie entre-temps. Ceux qui ont ouvert un compte chez ce cousin de Twitter peuvent choisir de transférer leur abonnement depuis l'app Tweetbot vers sa petite sœur Ivory (une version macOS d'Ivory est actuellement en bêta test).

Ce cas de figure est en tout cas assez inédit. Apple n'a pas communiqué sur ce sujet, mais les deux éditeurs, concurrents et solidaires, ont réagi de concert. À l'utilisateur de prendre la décision qui lui semble la meilleure.

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