Office sur iOS : le dilemme de Microsoft

Florian Innocente |

Microsoft perdrait 2,5 milliards de dollars (1,88 milliard d'euros) en faisant le choix de ne pas porter Office sur l'iPad. C'est ce que pense Adam Holt, analyste chez Morgan Stanley.

Par Office sur iOS on entend un portage de la suite avec de puissantes fonctions d'édition. Les dernières rumeurs ont plutôt fait état d'une adaptation pour iOS et Android, mais a minima, comme lecteur de fichiers essentiellement avec quelques outils d'édition sous conditions d'abonnement à Office 365. Loin de l'Office qui existe pour la Surface RT (lire aussi Des tensions entre Apple et Microsoft au sujet d'Office iOS et Microsoft Office sur iOS se dévoile).

Pour arriver à cette conclusion, Adam Holt utilise le taux de pénétration d'Office sur la base installée de Mac qui se trouve actuellement entre 30 et 40%. De son point de vue, il se passerait la même chose sur iPad et 30% des tablettes d'Apple feraient donc fonctionner Office si Microsoft se décidait à sortir sa suite bureautique sur cette plateforme. Pour Holt, Microsoft pourrait grandement capitaliser sur sa marque et le nom d'Office est à lui seul un fort vecteur d'achat.

Le précédent iPod

Microsoft se trouve actuellement dans une situation analogue (toutes proportions gardées) à la position d'Apple avant l'arrivée de l'iPod 2G. En effet avec l'ouverture de ce dernier à Windows, et plus encore ensuite avec le portage d'iTunes en octobre 2003, il n'était plus nécessaire de posséder un Mac pour faire fonctionner son iPod, ce qui lui a ouvert les portes d'un marché beaucoup plus vaste.

Cependant le choix de Microsoft s'annonce encore plus cornélien. Avant l'ouverture de l'iPod à Windows, peu de gens achetaient un Mac uniquement afin de bénéficier de ce baladeur. Et outre la croissance exponentielle des ventes d'iPod qui a suivi et l'effet halo ont sûrement fait vendre beaucoup plus de Mac que l'obligation d'en avoir un si l'on voulait utiliser ce baladeur.

Aujourd'hui Office est indispensable pour de nombreux professionnels et des entreprises. Mais rendre la suite disponible sur Android et a fortiori iOS condamnerait presque définitivement les Surface alors que l'un des principaux arguments de vente de la version RT est justement la présence en standard de la suite Office.

Mais dans le même temps, si Office peut être un avantage en faveur des tablettes Windows 8 et RT, le cantonner à ce marché risque aussi de le marginaliser alors que les prévisions attribuent à Microsoft 10% des parts de marché sur le secteur des tablettes en 2013 et que ce secteur risque dans quelques années d'égaler voire de dépasser celui des PC traditionnels. Le problème qui se pose à Microsoft est donc d'une extrême complexité.

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