Prise en main d'Android Wear sur iOS

Mickaël Bazoge |

Hors Apple Watch et Pebble, le choix de montres connectées sur iOS est très limité. Si l’on cherche de la variété, mieux valait jusqu’à présent se tourner vers les smartwatchs sous Android Wear, dont l’usage impliquait de posséder un smartphone sous Android.

Google a fini par créer une passerelle entre son système d’exploitation vestimentaire et iOS, via l'application dédiée Android Wear disponible dans l'App Store.

Officiellement, la firme de Mountain View s’est contentée d’assurer la compatibilité avec une seule montre, la Urbane Watch de LG, une toquante onéreuse dont le seul intérêt est de fonctionner dès la sortie de la boîte sous la toute dernière version d’Android Wear — le support d’iOS n’est assuré qu’à partir de la version 1.3.0.2166028 du système d’exploitation.

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Il est néanmoins possible de jumeler à peu près n’importe quelle montre Android Wear avec iOS… pour peu que l’on possède un mobile Android avant toutes choses ! Les nouvelles versions du système se téléchargent depuis la montre, mais le menu n’est disponible qu’après un appairage avec un smartphone compatible. Pour l’occasion, nous avons donc ressorti la G Watch qui nous avait servi à tester Android Wear en juillet 2014.

Jumelage avec iOS

Rangée au fin fond d’un tiroir sombre et poussiéreux au chaud depuis l’article de l’an dernier, la montre a pris un sacré coup de vieux. À l’époque, son design sans grâce nous avait frappé, mais aujourd’hui elle apparait sérieusement datée. Mais ce n’est pas tellement pour ses qualités esthétiques que nous avons ressorti cet appareil. La G Watch est un des premiers modèles Android Wear sorti sur le marché : si elle se montre compatible avec iOS, alors on peut être à peu près certain que c’est le cas de toutes les montres Google.

Après de longues minutes passées à mettre à jour le logiciel de la montre, nous y voici enfin : l’application Android Wear de l’iPhone reconnait la G Watch et autorise le jumelage.

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L’appariage se déroule sans heurts, après avoir entré le code chiffré et patienté quelques secondes pour que les deux appareils ouvrent leurs vannes respectives. Il faut évidemment autoriser l’accès aux données de son compte Google.

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L’application, qui reprend les codes du Material Design cher à Android Lollipop, est tellement simple qu’une fois les quelques réglages activés, il est probable que vous n’y mettiez plus les doigts. Du côté des préférences, on a sous la main les réglages des notifications des applications et des cartes Google Now. Il est possible d’activer ou non telle ou telle carte : réservations d’hôtels, alertes publiques, résultats sportifs, bourse, etc.

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Ce qu’on peut faire

Si Google a les coudées franches sur Android, ça n’est évidemment pas le cas sur iOS où le moteur de recherche doit, comme tous les éditeurs, respecter les règles d’Apple. Android Wear en offre donc beaucoup moins sur iOS que sur Android, mais fort heureusement on conserve tout de même au poignet les fonctions de base d’une montre connectée.

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La première fonction d’une montre est… d’afficher l’heure. Dans ce domaine, Android Wear est mieux fourni que l’Apple Watch, du moins en ce qui concerne les cadrans. De base, la toquante contient une trentaine d’horloges différentes, la plupart très colorées, et il est possible d’en télécharger de nouvelles depuis l’app iOS.

Il ne faut malgré tout pas s’attendre à la même variété que sur Android. Sur l’iPhone, on n'a droit qu’à une sélection réalisée par Google. L’avantage avec ce système, c’est que ce catalogue réduit nous épargne la flopée de cadrans très amateurs, voire simplement les vilains clones qui pullulent sur le Play Store.

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Android Wear comprend une option qui fera saliver d’envie les possesseurs d’Apple Watch : la mise en veille de la montre n’éteint pas bêtement l’écran, mais continue d’afficher une version monochrome du cadran. On a ainsi toujours l’heure sous les yeux ! Certes, cette fonction (désactivable) a un impact sur l’autonomie… mais voilà, au moins Android Wear remplit sa tâche principale de montre ! Il reste à l’Apple Watch ses complications, bien pratiques au quotidien pour obtenir rapidement une information.

On dispose aussi de l’affichage de toutes les notifications provenant de l’iPhone. Un geste vers la droite permet de supprimer cette notification sur la montre. Les interactions avec ces notifications se limitent cependant à leur suppression, à l’exception des courriels reçus via l’app Gmail, que l’on peut archiver, supprimer et auxquels on peut répondre. Dans ce dernier cas, il suffit de donner sa réponse de vive voix, ou plus discrètement dessiner des emojis.

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Google Now, l’assistant proactif de Google, est évidemment de la partie avec ses cartes météo, trafic routier, résultats sportifs, etc. Comme toujours avec ce service, on ne sait jamais trop quand ces informations vont apparaître ni pourquoi elles s’affichent soudainement à l’écran : c’est parfois une bonne surprise quand elles sont pertinentes, et parfois incongru, voire énervant.

Les notifications des applications installées sur l’iPhone s’affichent toutes : il n’est pas possible de sélectionner seulement telle ou telle app comme pour l’Apple Watch via l’application iOS idoine. Par contre, les préférences des cartes Google Now peuvent être réglées beaucoup plus finement, ce qui est heureux.

Parmi les autres fonctions appréciables d’Android Wear, l’utilisateur a la possibilité de piloter le lecteur musical de l’iPhone, qui fonctionne parfaitement avec Apple Music (Spotify est aussi de la partie). En revanche, petite déception pour les jaquettes des morceaux qui ne s’affichent pas au poignet.

Les fonctions vocales « OK Google » sont elles aussi disponibles directement depuis la montre : elles permettent de lancer une application, un minuteur ou le chronomètre, ou tout simplement une recherche sur n’importe quel sujet. De ce point de vue, c’est beaucoup plus efficace que Siri sur l’Apple Watch, même si on ne retrouve pas toute la richesse des interactions avec les applications sous Android Wear.

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Il est néanmoins illusoire d’utiliser la montre Android Wear comme un combiné téléphonique : lors d’un appel entrant, on pourra le rejeter, mais en l’acceptant il faudra porter l’iPhone à l’oreille et le raccrocher toujours depuis le smartphone.

Pour le reste, on trouve aussi les apps classiques comme le minuteur, l’alarme, un chronomètre, la météo, un agenda et même une fonction « lampe de poche » qui affiche un fond blanc avec la luminosité poussée au maximum (mais qui ne gère pas le flash de l’iPhone).

Ce qu’on ne peut pas faire

La plus grande limitation d’Android Wear sous iOS est l’absence d’applications tierces. Il y a certes des cadrans (et encore, une sélection), mais aucun logiciel ne peut actuellement être téléchargé depuis l’application iOS. Les utilisateurs y perdent évidemment en diversité, ce d’autant que les applications intégrées par Google sont moins nombreuses et moins variées que sur l’Apple Watch.

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Sur la montre connectée d’Apple, on peut s’en sortir sans trop de problèmes avec les apps développées par le constructeur (il est vrai aussi que les apps pour Apple Watch, dans leurs formes actuelles du moins, ne sont pas particulièrement réactives). Sur Android Wear pour iOS, il faut vraiment se contenter du strict minimum.

Cela pourra éventuellement changer à l’avenir : non seulement Google pourra muscler son offre par défaut, mais encore rien ne l’empêche de mettre au point une boutique d’apps à la manière de Pebble… même si les obstacles techniques imposés par Apple ne vont pas lui rendre la vie facile ! Mais si un tout petit joueur comme Pebble a pu y parvenir, pourquoi pas Google.

Google Fit se montre lui incompatible avec la plateforme santé d’Apple. Les montres Android Wear ne peuvent donc pas alimenter HealthKit et les apps tierces qui y puisent leurs informations ; en toute logique, les données biométriques mesurées par les smartwatchs Google ne sont pas prises en charge dans l’app Santé. Au vu des relations houleuses entre Apple et Google, ce statu-quo risque de durer longtemps…

Autre problème auquel les utilisateurs iOS vont devoir se frotter : l’interface d’Android Wear et la confusion qui entoure souvent les actions du porteur de la montre. On peut reprocher bien des choses à l’Apple Watch mais force de reconnaître que malgré son apparente complexité, watchOS a une certaine logique. On ne doute pas qu’au bout de plusieurs jours d’utilisation intensive, on parviendra à s’y retrouver dans Android Wear, mais on se gratte la tête plus souvent qu’on le voudrait.

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En attendant mieux

Android Wear a plusieurs arguments de poids à faire valoir. D’une part, la variété des modèles, des designs et… des prix, est clairement un point fort de la plateforme vestimentaire de Google. Apple a beau multiplier les collections et les bracelets, si on n’apprécie pas le design carré, on ne sera pas attiré par l’Apple Watch.

Ceci posé, iOS n’est sans doute pas le système d’exploitation le mieux adapté pour une montre Android Wear. On sait gré à Google d’avoir bâti une passerelle entre Android Wear et iOS, mais en l’état les possibilités et les interactions sont encore très limitées. Cette ouverture a toutefois le mérite d’exister et de créer une nouvelle offre au côté de l’Apple Watch. Et il est toujours bon qu’Apple soit concurrencée.

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