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Test de la LG G Watch et d'Android Wear

Arnaud Laurent

vendredi 11 juillet 2014 à 20:00 • 24

Accessoire

La LG G Watch est la toute première montre intelligente équipée d'Android Wear disponible dans le commerce. On en parle depuis des années, mais le marché de la montre intelligente reste encore très embryonnaire. Est-ce que Google a su faire les bons choix dans l'élaboration de son wearable OS ? Est-ce que LG lui apporte un écrin convaincant ? La réponse dans notre test.

Ce test sera divisé en deux parties, une dédiée à la LG G Watch en elle-même. L'autre, à Android Wear et son fonctionnement.

LG G Watch

Commençons donc par l'objet. La LG G Watch fait partie d'une première vague de trois montres équipées d'Android Wear. Elle évolue face à la Samsung Gear Live et, d'ici à quelques semaines, la Moto 360. D'un point de vue purement esthétique, la montre de LG est sans doute la moins intéressante du lot.

Le design est d'une sobriété extrême. Il n'y a aucun élément superflu, aucun bouton, aucun port, aucune ligne particulière ou trait de design reconnaissable, rien. On pourrait dire la montre épurée, mais il s'agit plus d'un style insignifiant et terne. Certains apprécieront peut-être cette sobriété, mais il faut avouer que la montre n'a rien de "beau" (ni de laid, d'ailleurs). Même la Gear Live est plus relevée, alors que Samsung n'est pas connue pour son originalité — et l'existence de la Moto 360 est entièrement justifiée par son design.

Si l'apparence n'est pas des plus remarquable, la finition, elle, est plutôt bonne. On est très loin des montres haut de gamme bien sûr, mais les plastiques utilisés sont de bonne qualité et l'assemblage respire la solidité. Le contour supérieur du cadran est en métal poli noir, tandis que la partie inférieure, celle où le bracelet est accroché, est en métal noir mat.

Le bracelet est fait d'un plastique assez doux, agréable à porter. Il est possible de le changer contre un bracelet de montre classique, puisque l'attache est standardisée. Les pattes sont un peu trop courtes pour tout à fait inspirer confiance, mais au moins pourra-t-on apporter un peu d'originalité à l'objet.

Mais n'oublions pas le plus important : une montre, cela se porte. LG a réussi à trouver un bon compromis au niveau de la taille du boîtier : assez similaire à celui d'une montre de 43 mm de diamètre, il passe à tous les poignets ou presque. La montre est agréable à porter, avec le plastique doux de son bracelet. Elle n'est pas non plus trop lourde, avec 63 grammes, elle n'est pas un poids plume, mais elle ne donne pas non plus l'impression d'avoir un poids au poignet. On regrettera l'épaisseur du boîtier, qui aurait pu gagner en finesse. Il donne plus une impression de bloc posé sur le poignet.

La montre sur différents poignets.

La montre ne craint pas l'humidité et la poussière. Après l'avoir exposée à une pluie battante et à plusieurs lavages de mains, elle se porte toujours comme un charme. L'écran tactile devra être sec pour fonctionner parfaitement, mais en essuyant rapidement avec le dos de sa main, ça ne pose aucun problème. LG précise que la montre est résistante pendant 30 minutes à une profondeur d'un mètre, on pourra sans doute se doucher avec sans risquer quoi que ce soit.

Comparaison avec d'autres montres. De haut en bas : un iPod nano, la CooKoo Watch, la LG G Watch, une montre Seiko et une Pebble.

LG annonce une autonomie d'une journée. Surprise, on se rapproche plus des 30 heures, alors qu'on n'a pas épargné la G Watch. C'est bien, mais ce genre de produits devrait tenir plusieurs jours, voire une semaine. D'autant qu'il faut passer par une station propriétaire pour recharger la montre : il ne faudra pas l'oublier avant de partir au week-end, et il faudra peut-être en acheter une deuxième pour le bureau.

La montre sur son dock de recharge

La recharger dure 1h30, ce qui ne fait qu'ajouter à la frustration. Le mieux nous paraît encore de la recharger pendant la journée, du moins si vous faites partie de ceux qui retirent leur montre pour travailler face à un écran. Les autres devront en passer par une recharge nocturne, et donc se priver de la fonction réveil : c'est dommage.

Son chargeur propriétaire

La montre est équipée de quatre capteurs : un magnétomètre, un accéléromètre, un gyromètre, et un podomètre. Ce dernier se révèle assez décevant : après un trajet assez court, il affiche plus de 1 500 pas, alors qu'un UP24 de Jawbone, porté en même temps, affichait 900 pas. Si on pourrait croire l'erreur anecdotique, elle est bien présente en permanence. À la fin d'une longue journée, la LG G Watch affichait 15000 pas, tandis que le UP24 en affichait 9 500.

Dernier point lié au matériel, l'écran. En journée, à l'intérieur, il est plutôt bon. Les couleurs sont justes, et il bénéficie d'une résolution tout à fait acceptable de 220 ppp (280x280px pour 1,65 pouce). C'est dans les environnements avec une luminosité plus forte qu'il accuse le coup : à l'extérieur, l'écran devient totalement illisible. C'est embêtant pour une montre.

L'écran de la LG G Watch (1,65 pouce, à gauche) comparé à celui d'un iPod nano (1,54 pouce, à droite).

Il n'est pas plus à l'aise dans les environnements très sombres, comme une salle de cinéma. Même au minimum, l'écran se fait facilement remarquer et vous vaudra sans doute un regard agacé de la part de vos voisins de siège, d'autant que le vibreur est assez bruyant. L'usage d'un écran AMOLED aurait peut-être été plus judicieux pour l'extérieur (ils sont connus pour être plus lisibles au soleil et affichent des noirs parfaits), et une option pour couper l'allumage en intérieur n'aurait pas été de trop.

L'écran donne aussi une légère impression d'étroitesse, enserré qu'il est par des bordures assez épaisses. Il peine donc à convaincre, alors qu'il est l'unique moyen de communiquer avec la montre. C'est d'autant plus dommage qu'il est sinon très réactif et précis : la place est comptée, mais les gestes sont bien reconnus.

Android Wear

Android Wear est présenté par Google comme le premier "wearable OS" valable. Et ce n'est pas faux. L'interface est facile d'accès, claire, simple, efficace. On est à des années-lumière de ce qui peut se faire sur d'autres montres, comme la Sony SmartWatch ou la Pebble.

On est sans doute déstabilisé pendant les premières heures d'utilisation. Il faut se souvenir dans quelle direction faire bouger les éléments, et l'on se retrouve parfois à naviguer au petit bonheur la chance. Android Wear se repose de plus sur un système de reconnaissance vocale somme toute assez nouveau : le « OK Google » est au centre de l'utilisation de la montre, mais il attire les regards interloqués des gens qui vous entourent.

Cependant, une fois ses marques trouvées, on se rend compte de la simplicité de l'OS. Android Wear est divisé en trois grandes parties : la montre, qui fait office d'écran d'accueil, les notifications, et Google Now.

Le même thème décliné de 3 manières différentes.

Commençons par la montre. Sur la LG G Watch, une vingtaine de cadrans sont disponibles, chacun y allant de sa petite touche d'originalité. Il y en a pour tous les goûts, du plus sobre au plus coloré. Android Wear est assez ouvert de ce côté là, puisqu'il est possible d'y ajouter des cadrans tiers, même si pour l'instant, ils ne se pressent pas au portillon. Ces cadrans ont chacun deux affichages différents. Le premier est l'affichage classique, tel qui est présenté dans les préférences. Un autre, présent en permanence sur l'écran, est plus sombre et sans trotteuse. Cela fait partie des particularités de la LG G Watch, l'écran reste allumé en permanence et affiche donc l'heure de manière continue. Ce qui est très heureux pour une montre. On appréciera aussi le geste pour le passage au mode "économique" : il suffit de recouvrir l'écran de la paume de sa main, comme si on voulait cacher la montre.

En haut, les cadrans normaux. En bas, leurs modes « éco ».

Ensuite, les notifications, placées le long d'un fil vertical. La dernière notification dépasse du bas de l'écran d'accueil, les autres la suivent par ordre antéchronologique. Si, par exemple, vous recevez un mail, il y a un petit bandeau qui viendra se placer sous l'heure, avec le nom de l'expéditeur. Pour avoir accès a ce mail, il faudra glisser vers le bas pour avoir accès à un aperçu et en tapotant une fois dessus, vous le déroulez complètement (il sera alors marqué comme lu). Un geste vers la droite supprimera la notification, un geste vers la gauche vous emmènera vers un bouton "répondre" (ce qui se fera via Google Now), l'écran suivant "archiver" et encore après "ouvrir sur le téléphone". Les SMS réagissent de la même façon. Par contre, pour les notifications des réseaux sociaux, il vous faudra passer par le téléphone pour répondre.

Un message privé sur Twitter.

On vous recommande chaudement de faire du tri dans les notifications. Par exemple, sur Twitter, désactivez les notifications pour les retweets et favoris. Il est regrettable qu'il n'y ait pas des paramètres spécifiques pour la montre : les réglages de notifications du téléphone seront les mêmes que ceux de la montre. Même chose pour les mails, il est impossible de choisir des contacts VIP dans l'application Gmail dont les courriers seraient les seuls à s'afficher sur la montre. Si vous avez une boîte mail très active, vous vous retrouverez dans une situation où la montre vibre — vraiment — toutes les deux minutes.

D'autres données sont accessibles dans la partie notifications, toujours en se dirigeant vers le bas : la météo locale, le nombre de pas fait dans la journée, et plus généralement tout ce qui apparaît dans Google Now sur votre téléphone. Vous pourrez également ajouter des cases d'applications tierces : 1Weather, par exemple, affiche des données météo plus complètes que l'application de Google. Sans pour autant, étrangement, la remplacer.

Un mail sur l'écran d'accueil, le nombre de pas, un SMS et la météo locale via 1Weather.

Abordons maintenant la pierre angulaire d'Android Wear, Google Now. C'est indéniable, Google a construit son OS autour de son système de reconnaissance vocale. Pour aller droit au but, il est plutôt efficace, quelques fois même impressionnant. Il comprend presque tout le temps ce que l'on dit, même quand le débit de la parole est rapide ou que l'environnement est bruyant. Le seul souci réside dans le fait que la parole ne semble pas toujours liée à l'acte. Par exemple, Google Now comprend parfaitement "définir une alarme pour 8 h" mais ne fait rien ou nous renvoie vers une recherche internet. Des soucis qui devraient sans doute être réglés dans une mise à jour logicielle. Pour le reste, comme la dictée de texte ou les commandes simples, Google Now est diablement efficace. On notera tout de même qu'il est tout à fait possible d'utiliser la montre sans lui parler. Il suffira d'une pression rapide sur l'écran d'accueil pour pouvoir naviguer librement dans les tâches de Google Now. On pourra définir une alarme, ou même lancer une application manuellement.

Les applications, justement. Encore très peu nombreuses, elles sont automatiquement installées par les applications de votre smartphone Android intégrant un module Android Wear. Les compagnies aériennes affichent par exemple votre billet au poignet, Pinterest vous signale les lieux à proximité « épinglés » par vos amis, Banjo vous transmet les dernières actus, Keep et Evernote mettent votre liste de course à votre poignet…

C'est bien, mais les applications tierces ne peuvent tirer pleinement parti de Google Now. On peut créer une nouvelle note dans Evernote en parlant à la montre, mais c'est seulement parce que Google a prévu des commandes vocales adaptées pour sa propre application, Keep. La commande d'un VTC avec Lyft semble issue d'un partenariat avec Google, mais Philips indique par exemple ne pas pouvoir ajouter une commande « OK Google, allume la lumière ». On ne peut que le déplorer, en espérant que Google ouvre son système aux développeurs tiers.

Pire, certaines applications de Google semblent inachevées. Maps, par exemple, se contente d'afficher la direction à suivre, sur un panneau, mais pas sur une carte. Il est donc impossible d'avoir une vision globale de l'itinéraire. La première chose que l'on fera en arrivant dans un endroit un peu complexe, c'est de sortir son smartphone pour regarder la route plus précisément. Voilà qui fait perdre tout son intérêt à la G Watch.

Android Wear étonne toutefois par sa fluidité et sa stabilité. On était habitué à des OS pas très attirants et saccadés sur des montres, ici c'est tout l'inverse. Il est réellement adapté aux petits écrans, ce n'est pas juste une version réduite d'Android. Il y a encore quelques petits défauts d'affichage, comme des images de fond très pixelisées pour certaines notifications, mais on sent que ce sont des défauts de jeunesse qui seront corrigés dans le futur. Ou du moins on l'espère : Android Wear devrait par exemple prendre en charge les capteurs de luminosité ambiante pour rendre l'écran plus lisible (ou moins illisible) en extérieur.

Les deux ensemble

Le couple G Watch / Android Wear est très complémentaire. Le design terne de la montre est relevé par un OS très coloré et Google Now est assez réactif pour combler l'absence de bouton physique de la montre. La connexion Bluetooth a toujours été stable, y compris à une bonne dizaine de mètres de notre Nexus 5 de test. Dans une maison toutefois, il faudra veiller à ne pas s'éloigner du smartphone sans lequel la montre ne fait rien d'autre qu'afficher l'heure.

De fait, le téléphone et la montre communiquent et s'entraident en permanence. Si le téléphone envoie les informations à la montre, cette dernière fera le tri entre les notifications, avec ce qui est lu ou non. On pourra aussi afficher des informations sur l'écran du téléphone sans devoir quitter la montre. Par exemple, un mail important pourra être mis en "stand-by" sur le téléphone, pour être au premier plan dès qu'il sera déverrouillé. La LG G Watch, comme toutes les autres montres accompagnées d'Android Wear, est donc indissociable d'un smartphone Android.

Mais elle fait d'abord et avant tout office de centre de notifications déporté sur le poignet, avec quelques fonctions de contrôle du téléphone, comme le réveil. Si dans l'absolu, cela n'apporte pas une grande révolution, ce genre de montre permet d'oublier un peu son smartphone. On pourra facilement trier les notifications importantes de celles qui peuvent attendre. Les notifications de SMS permettent de savoir si c'est votre opérateur qui vous propose une énième option payante ou un ami dans l'embarras qui se manifeste. D'un autre côté, le smartphone n'aura jamais été aussi présent qu'avec une montre connectée. À chaque notification, la montre se manifestera via une vibration ou par son écran, de quoi accentuer l'aliénation à ces petites plaquettes connectées.

La G Watch, est trop limitée et trop imparfaite pour véritablement ressembler à un produit fini : pour l'instant, elle fait plutôt figure de démonstration technique sans intérêt évident. C'est sans doute la meilleure montre connectée jamais commercialisée, mais cela ne suffit pas à en faire un accessoire incontournable.

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