Sonnettes connectées : une nouvelle arme de surveillance à double face

La Rédaction |

Alors qu’Amazon vendra en France à partir du 31 mars une nouvelle version de sa sonnette connectée Ring, la polémique sur les risques liés à ce type d'appareils est relancée aux États-Unis. Un article paru dans le Washington Post révèle les deux facettes de ces caméras de surveillance vis-à-vis des forces de l'ordre.

La nouvelle sonnette Ring Video Doorbell Pro 2

Côté pile, la police exploite de plus en plus les images captées par ces caméras orientées vers la rue. Plus de 2 000 services de police et de secours américains ont conclu des accords de coopération avec Ring. Dans le cadre d'un incident, ces partenariats permettent aux agents de demander à tous les utilisateurs situés dans un périmètre d'environ 800 m2 de partager leurs vidéos.

À titre d’exemple, la police de Milwaukee a demandé l’année dernière plus de 800 vidéos, selon le porte-parole de la police, le sergent Efrain Cornejo. « C'est comme un réseau social. Les gens reçoivent un message, ils regardent tous [leurs vidéos enregistrées par la sonnette] et vous espérez obtenir une réponse », déclare-t-il. De quoi alimenter les craintes sur l'émergence d'un large réseau de surveillance portant diverses atteintes à la vie privée, comme nous l’évoquions dans un précédent article.

Côté face pour la police, il y a le risque que ces caméras servent à déjouer ses plans. Le Washington Post rapporte que deux enquêteurs du FBI ont été tués en Floride lors d'une intervention. Le suspect, dont le domicile devait être perquisitionné dans une affaire de crime contre des enfants, avait vu les agents s’approcher de sa porte grâce à une sonnette vidéo installée à l’entrée de son domicile. Trois autres agents ont été blessés avant que l’individu ne retourne l’arme contre lui. Le journal ne précise pas si le système utilisé était celui d’Amazon.

Ce crime pose des questions supplémentaires quant aux usages possibles de ces nouveaux outils de surveillance. Michael D’Angelo, consultant en sécurité et ancien chef de la police de South Miami, l'admet : « nous n’avons pas beaucoup réfléchi à la manière dont ces systèmes pourraient être utilisés contre nous. »

Un bulletin du FBI de 2019 signalait déjà que les sonnettes et autres dispositifs de surveillance connectés à internet pouvaient mettre en danger les agents en alertant les suspects de leur présence ou en capturant des images de leurs visages. Michael d’Angelo plaide pour que le brouillage des réseaux Wi-Fi fasse partie du protocole des perquisitions. De quoi alimenter les débats sur ces sonnettes de plus en plus répandues.

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