Éducation : un prix de camaraderie pour Apple dans les écoles défavorisées

Mickaël Bazoge |

Le retentissant fiasco du district scolaire de Los Angeles est encore dans toutes les mémoires : les écoles de la principale commission scolaire de la ville, deuxième plus importante aux États-Unis, devaient en effet équiper leurs élèves en iPad. Un contrat d’un milliard de dollars en tout, qui a capoté fin 2014 suite à des soupçons de malversation et des problèmes techniques (lire : À Los Angeles, les écoles lâchent l'iPad).

Mais cette déconfiture cuisante pour Apple dans le milieu de l’éducation n’a pas échaudé le constructeur. La Pomme est partenaire du programme ConnectED, appuyé par la Maison Blanche, pour lequel l’entreprise a investi l’équivalent de 100 millions de dollars en équipements : iPad pour les étudiants, MacBook pour les professeurs, et un Apple TV par classe. Sans oublier un coup de main pour bâtir des réseaux Wi-Fi dignes de ce nom.

En tout, ce sont 114 écoles défavorisées qui bénéficient de ce matériel, mais aussi des compétences d’un employé d’Apple — ancien enseignant — qui vient épauler l’équipe éducative et donner des formations 17 jours chaque année. De plus, Apple a assigné à chaque école un "sponsor" choisi parmi les cadres et les dirigeants du groupe. À Yuma en Arizona, où Apple aide 8 établissements scolaires, c’est Eddy Cue qui s’est porté volontaire pour appuyer la démarche.

Ce n’est pas innocent : le fils d’immigrés cubains a senti qu’il avait une connexion avec ces élèves dont la plupart sont hispaniques et parlent peu l’anglais à la maison. Eddy Cue a fait jouer ses relations pour que les élèves et leurs professeurs obtiennent des accès gracieux au réseau d’AT&T à la maison. Le patron des contenus chez Apple a dit qu’il pouvait faire en sorte d’accélérer le dossier car il connait quelqu’un chez l’opérateur : le CEO, Randal Stephenson. Malgré l’entregent de ce parrain, le dossier est toujours en cours d’examen.

Plusieurs professeurs craignent aussi le jour d’après : que va-t-il se passer une fois le programme terminé ? Dans trois ans, Apple pourrait reprendre ses billes, et le district ne peut se permettre d’acquérir le matériel prêté. Eddy Cue a déclaré que si ce programme se montrait efficace, alors il y aurait des fonds pour financer la suite. « Vous devez résoudre les problèmes que vous avez aujourd’hui, et ne pas vous inquiéter de ceux que vous aurez demain », a-t-il dit au Wall Street Journal.

Ce genre de bonne action cache aussi, parfois, des relents moins avouables comme d’habituer les plus jeunes aux produits et services d’Apple, afin d’en faire de parfaits petits consommateurs par la suite. Mais visiblement, le programme lancé l’été dernier porte ses fruits. Les iPad « améliorent l’apprentissage et ils motivent [les élèves] à étudier », s’enthousiasme une professeure qui était pourtant sceptique à l’arrivée de l’équipement.

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