La plateforme iOS bientôt 100% 64 bits

Florian Innocente |

Encore une poignée de mises à jour matérielles et Apple aura uniquement en vente des appareils iOS sur une architecture 64 bits. Une transition qui aura été réalisée pied sur l'accélérateur puisque son premier produit mobile ainsi pourvu est arrivé il y a deux ans, c'était l'A7 dans l'iPhone 5s.

L'annonce de l'iPhone 5s et son processeur A7

Cette annonce d'un processeur 64 bits pour un smartphone avait pris tout le monde à contrepied, jusqu'aux concurrents d'Apple doublés sur leur propre terrain (lire Qualcomm et la « panique » après l'annonce de l'A7 64 bits & Processeurs 64 bits : Apple montre le chemin).

Ars Technica, qui tient la chronique de cette transition, a fait un point d'étape sur cette grande migration. Avec le retrait discret du premier iPad mini il y a 15 jours, il n'y a plus dans la gamme iOS d'Apple que l'iPhone 5c, l'iPod touch et l'Apple TV qui utilisent encore une architecture 32 bits (les iPod nano et shuffle sont hors jeu car basés sur un autre système qu'iOS). Trois produits qui commencent à dater et dont il se dit, à des degrés divers, qu'ils sont à l'aube d'un renouvellement.

Apple a peut-être sous le coude une nouvelle version de l'iPod touch au vu des quelques images remarquées cette semaine dans la dernière version d'iTunes. L'iPod touch et l'Apple TV utilisent encore un processeur A5 de 2011. Quant à l'iPhone 5c il est sur un A6 de 2012. Parachever la migration vers le 64 bits implique de passer ces retardataires sur un processeur A7 au minimum. C'est celui qui équipe les iPhone 5s, iPad Air et les deux iPad mini 2 et 3. Ce moteur tourne encore bien et il est largement rentabilisé aujourd'hui.

Bleu électrique, nouveau rose et un or identique comme l'aime Apple aujourd'hui… ce seraient là les nouvelles couleurs des iPod touch, nano et shuffle de 2015

Il y a ensuite le volet logiciel. Là, Apple a progressivement poussé les développeurs à compiler leurs apps iOS dans une version qui prenne aussi en compte le 64 bits. La première année, les éditeurs ont pu faire comme bon leur semblait. Puis à la fin 2014 Apple a commencé à envoyer quelques ultimatums. À compter de février 2015, les nouvelles apps soumises sur l'App Store devaient impérativement avoir un binaire pour le 64 bits en plus du 32 bits (pour les mises à jour d'apps existantes, la date fatidique était le 1er juin dernier).

Une invitation ferme qui a été suivie d'effets car difficile à ignorer, comme en témoigne cette liste de 31 apps de premier plan (Spotify, Twitter, Gmail, Instagram, Dropbox, Tweetbot…). En octobre 2014 elles n'étaient que 11 à contenir du code 64 bits, elles sont 30 aujourd'hui. Le seul vilain petit canard dans cette sélection est Gmail qui n'a pas bougé depuis mars alors que son nouveau cousin Inbox fait l'objet de plus d'attentions.

Au vu de cet alignement presque parfait du logiciel 64 bits avec le matériel 64 bits, on peut se poser la question de savoir quand Apple va abandonner la prise en charge du 32 bits dans iOS. Après tout, comparé à Microsoft ou Google et tous OS confondus, elle s'appuie sur un parc matériel installé qui est considérable par son volume mais bien plus étroit par la diversité de ses configurations.

OS X commencé son virage dans le tout 64 bits avec OS X 10.5 Leopard en 2007 puis Lion a parachevé la transition, mais pour iOS cela peut prendre encore une ou deux générations de systèmes. Le temps d'épuiser complètement les ressources des puces A5, A6 et leurs déclinaisons boostées, les A5X et A6X conçues pour des iPad.

iOS 9, qui va vivre jusqu'à l'automne 2016, veut faire mentir cette théorie de l'obsolescence programmée puisqu'il sera compatible avec le même matériel qu'iOS 8. C'est à dire qu'on pourra l'installer jusque sur les iPhone 4S, 5 et 5c, iPad mini et iPad 2. Ce sont tous des appareils 32 bits dont les plus âgés sont sortis en 2011.

Prévoir ce que décidera Apple pour 2016 et 2017 vis-à-vis du 32 bits tient de l'acrobatie. Il n'était déjà pas acquis qu'iOS 9 soit capable de fonctionner avec le vénérable iPhone 4S. Ce sont plutôt les développeurs qui auront droit de vie ou de mort sur ces appareils compatibles iOS 9 mais basés sur une architecture 32 bits. Ils pourront choisir de compiler une app qui sera uniquement destinée aux puces 64 bits. En fonction de la nature de l'app, de ses besoins en puissance processeur ou graphique cela sera de toute manière inévitable.

La manière dont Apple gère l'évolution de son parc matériel et de son logiciel est néanmoins intéressante. D'un côté elle fait évoluer à marche forcée des composants clefs de ses matériels. Le processeur A7 en a été un parfait exemple et on est en passe de découvrir rien de moins que la troisième génération de puce 64 bits Apple à l'automne prochain avec les iPhone. Pour comparaison, Samsung n'a pu se mettre vraiment au niveau que cette année avec son S6…

Pour peu que les iPhone 5c, Apple TV et iPod touch soient revus cette année, la transition de l'offre iOS vers le 64 bits ne lui aura pris que deux petites années. Et de l'autre côté, elle tend au maximum l'élastique de la compatibilité d'iOS avec d'anciens matériels qui sont toujours sur 32 bits.

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