La puce A11 Bionic en développement depuis l’iPhone 6

Anthony Nelzin-Santos |

« L’intégration du système neuronal, c’est un pari que nous avons fait il y a trois ans. » Johny Srouji et Phil Schiller ont accordé un long entretien à Mashable, dans lequel ils révèlent quelques secrets de la conception des processeurs mobiles d’Apple, à commencer par le temps qu’elle prend. Lorsque le développement du système sur puce A11 Bionic a commencé, la mode était encore à l’iPhone 6.

C’est l’équipe de Schiller, vice-président sénior responsable du marketing, qui fixe le cahier des charges que l’équipe de Srouji, vice-président sénior responsable des technologies matérielles, doit graver dans le silicium. Aux ingénieurs de s’adapter aux demandes des commerciaux et des designers, et pas l’inverse, explique Schiller :

Ces dernières années, il y a eu des choses cruciales, nous avons demandé à l’équipe de Johny [Srouji] de changer son programme pour faire quelque chose, de changer le plan en place depuis des années, et ils ont remué ciel et terre pour le faire, c’est remarquable.

« Le processus est flexible », abonde Srouji. Si une nouvelle idée vient soudainement chambouler les plans établis, « nous devons la réaliser. Nous ne disons pas : "non, laisse-moi retourner à ma road map , et dans cinq ans, je donnerai un truc. »

Le développement du système sur puce est complètement intégré au développement du reste de l’appareil, et n’a jamais été envisagé comme une activité ayant un sens en elle-même. « Ce n’est pas quelque chose que vous collez » dans l’iPhone, explique Schiller, pas même quelque chose « autour duquel vous construisez » le reste de l’appareil.

« Nous avons commencé à concevoir nos propres puces il y a dix ans », dit Srouji, « parce que c’est la meilleure manière de vraiment […] optimiser pour le matériel et le logiciel d’Apple ». Ainsi, la puce A11 Bionic a été spécifiquement créée pour accélérer le traitement des réseaux de neurones artificiels et améliorer le traitement du signal des capteurs photo, deux aspects indispensables au bon fonctionnement de Face ID par exemple.

Accessoirement, elle intègre le premier circuit graphique entièrement conçu par Apple, encore entouré d’un certain mystère. Pourquoi avoir abandonné les solutions d’Imagination ? « Regardez nos systèmes sur puce, processeur, ISP, écrans », demande Schiller, « nous allons là où nous pensons pouvoir nous différencier et optimiser la valeur de solutions spécifiques à Apple. Nous l’avons fait sans relâche ces trente dernières années. »

Si l’équipe de Srouji fait aujourd’hui partie des toutes meilleures équipes du monde en matière de conception de processeurs mobiles, elle ne travaille pas en total isolement. Apple est encore largement tributaire d’ARM, et des fondeurs qui fabriquent ses puces. Les futurs systèmes sur puce d’Apple ne seront rien sans la capacité de TSMC à mettre au point un processus de gravure à 7 nm, pour ne citer qu’un exemple.

Ces successeurs plus ou moins lointains de l’A11 Bionic seront toujours plus complexes : après les circuits dédiés à certains algorithmes de chiffrement, au traitement du signal du son ou de l’image, ou encore au contrôle des paramètres biométriques, on verra apparaître d’autres circuits hautement spécialisés. L’A11 Bionic, qui tire son nom de son neural engine, montre la voie : « pour le genre de modèles de programmation des réseaux de neurones », dit Srouji, « les circuits spécifiquement dédiés à cette tâche seront toujours plus efficaces qu’un moteur [utilisant la puce] graphique. »

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